Boulevard Mettewie, Tour&Taxis, tramification du 95, Médiatram, etc. : voici les futures lignes de tram prévues en Région bruxelloise
Le gouvernement régional se dote d’un nouveau plan tram, avec une vision jusqu’en 2035. “On a cru que le tram était le mode de transport du passé. Mais ce mode fait partie du futur”, assure Elke Van den Brandt.
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Publié le 27-03-2023 à 10h30
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Le chantier du prolongement du tram 9 jusqu’au stade Roi Baudouin à peine terminé, les marteaux-piqueurs commençaient déjà à retentir à Neder-Over-Heembeek, pour préparer l’arrivée du futur tram 10. Une nouvelle ligne prévue pour fin 2024… Entre-temps le projet de tram entre Belgica et la Gare du Nord en passant par le site de Tour et Taxis devrait être bien avancé. Bref, alors que Liège peine à finir sa première ligne, les chantiers de tram se succèdent en Région bruxelloise.
Le gouvernement régional vient d’ailleurs de se doter d’un nouveau plan tram, une “vision”, à savoir une feuille de route pour déployer plusieurs lignes à l’horizon 2035 et notamment guider les aménagements de voiries. “On voulait un plan tram notamment pour faire en sorte que les ambitions soient cadrées dans un planning et un budget réaliste. On a fait des erreurs dans le passé en supprimant des lignes de tram. C’était également une erreur de ne pas tramifier le 71”, commente la ministre Elke Van den Brandt (Groen). “On a cru que le tram était le mode de transport du passé. Mais ce mode fait partie du futur. Le futur des transports en commun se passe aussi en surface.”
Un tram sur le boulevard Mettewie

Au total, treize projets sont dans les cartons de l’exécutif, avec des échéances et des degrés d’avancement divers. Dossier le plus avancé, le tram 10 à Neder-Over-Heembeek verra donc le jour fin 2024.
Deux autres lignes ont déjà fait couler beaucoup d’encre : la ligne baptisée “Tour&Taxis” et le Mediatram. La première reliera Belgica à la Gare centrale, via le site de Tour&Taxis et la nouvelle passerelle Suzan Daniel. Le chantier sera scindé en deux parties : jusqu’à la Gare du Nord, avec inauguration prévue en 2029 ; et ensuite le prolongement jusqu’à la Gare Centrale pour 2032. Autre projet pour lequel le tracé a été défini, le Mediatram passera par le nouveau site Mediapark et circulera rue Colonel Bourg, parallèlement à l’E40. Un dossier fortement dépendant de l’avancée du PAD et de la rénovation de la station Meiser, qui vont définir le timing.
Autre dossier souvent évoqué, la tramification du bus 95. “Totalement bondé”, souligne la ministre. Le tracé n’est pas encore arrêté, mais bien sûr : impossible de tramifier l’ensemble de la ligne de bus, qui passe notamment par les petites ruelles du Sablon jusqu’au Parlement bruxellois. L’idée est d’abord d’assurer une liaison tramifiée jusqu’à Trône. À ce sujet, des députés régionaux ont déjà déploré la rupture de charge qu’impliquerait une tramification, qui ne pourrait être que partielle. Selon la ministre, une ligne trop longue, comme c’est le cas actuellement, impacte la régularité et cette tramification apparaît nécessaire pour assurer un équilibre entre ponctualité et capacité suffisante.
À Forest, la connexion entre Albert et Rochefort est prévue pour 2032, bien que la solution (sous le parc ou en surface) n’ait pas encore été définie à cette heure. La ligne 8 devra également être prolongée de Roodebeek jusqu’à Bordet. Toujours sur cette ligne 8, un bypass sera créé pour mi-2028 entre l’avenue De Mot et l’avenue Roosevelt, dans le but de simplifier le carrefour accidentogène et éviter le conflit avec le 7.
D’autres projets se dessinent aussi, avec moins de certitudes, à un horizon plus lointain. L’axe de la Moyenne Ceinture devrait devenir une véritable “rocade” de tram. Côté ouest, la ligne 7 sera renforcée et isolée. Côté est, c’est une toute nouvelle ligne qui devrait voir le jour “à moyen terme”. Un tram devrait donc débarquer sur l’axe des boulevards Mettewie et Groeninckx-De May. “Ce sont des axes assez larges, et sur lesquels on peut développer une bonne offre de tram pour le futur.” Le début des études est prévu pour 2030.
Un prolongement du tram d’Herrmann-Debroux à l’Adeps est aussi à l’agenda, mais dépendra de l’incertain futur du viaduc et de ce quartier. Déjà prolongé jusqu’au stade Roi Baudouin, le tram 9 devrait être prolongé jusqu’au plateau du Heysel… mais rien de concret en l’attente des plans du site.
Enfin, deux projets en lien avec la Flandre. D’une part, le prolongement de la ligne 62 jusqu’à l’aéroport de Zaventem (le luchthaventram), qui devrait sortir de terre pour 2028. D’autre part, le “sneltram” entre Willebroek (région anversoise) et Bruxelles-Nord : ce dernier peut dans tous les cas passer par le Cimetière Jette, mais un autre trajet est espéré, via Bockstael.
Et l’avenue Charles Quint, éternelle oubliée des transports pointeront les habitants du Nord-Ouest ? Elke Van den Brandt ne promet pas de métro, comme des édiles locaux le demandent. Mais la Ganshorenoise assure que le futur réaménagement sera compatible avec la possible arrivée d’une ligne de tram. À court terme, c’est un site propre pour les bus qui sera privilégié.
Le métro n’a plus la cote
Côté budget, tout cela est difficile à chiffrer, explique l’écologiste, car tout dépend des interventions de voirie, qui font augmenter les factures d’environ 40-45 %. Les habitants de la rue Wayez, de la chaussée d’Alsemberg et de la rue Léon Théodor ne le savent que trop bien : il est en effet désormais de coutume qu’un chantier de tram s’accompagne d’un profond réaménagement de l’espace public.
“Jusqu’à 2030, tout est garanti dans le PPI (plan pluriannuel d’investissement)”, assure le cabinet de la ministre de la Mobilité. Une chose est sûre : la facture globale des différents projets contiendra au moins neuf chiffres. Par exemple pour la tramification du 95, un budget de 55 millions est prévu, à quoi s’ajoutent les 40 % d’intervention en voirie.
Un nouveau “plan tram”, des millions d’euros investis… Alors que le chantier du métro 3 s’enlise dans les surcoûts et vicissitudes techniques, le futur du transport public bruxellois sera-t-il définitivement en surface ? Fini les nouveaux projets de métro dans la capitale ? “Des politiciens promettent des métros là, et là… Il faut être sérieux avec les gens. Un projet de métro, c’est très coûteux, ça prend du temps et ça a un impact fort au niveau des chantiers”, répond Elke Van den Brandt, qui dit se focaliser sur le chantier de métro en cours, projet avalisé pour rappel sous la précédente législature.
La ministre ne cache d’ailleurs pas les avantages, à ses yeux, d’un projet de tram par rapport à une ligne souterraine. “C’est plus facile à gérer, plus prévisible.” Mais qui dit tram en site propre, dit forcément espace à trouver. Ce qui est souvent synonyme de réduction de l’espace automobile. “Le tram, c’est surtout donner des alternatives. Par exemple, la ligne de Jette (9) est plus rapide que la voiture en heure de pointe”, rétorque l’écologiste, qui espère voir son “plan tram” dépasser les législatures. Réponses après 2024.
