Tremblement de terre au Maroc, le centre d’Anderlecht recueille les dons depuis ce matin : “tout le monde a de quoi chez soi, on est des nantis”
Iman, Karim, Malika, Jacques, Fatima, ils sont tous venus donner de leur temps ou de leurs biens en solidarité avec le Maroc.
- Publié le 12-09-2023 à 16h07
- Mis à jour le 12-09-2023 à 17h45
10h du matin, digue du Canal à Anderlecht à hauteur du numéro 8, à quelques pas du pont de Cureghem. On s’active. Sur le site du futur projet immobilier Key West, la commune d’Anderlecht a trouvé 2 000 m2 disponible pour centraliser les dons suites au tremblement de terre au Maroc. Le bilan de ce mardi matin faisait état de 2 862 morts.
Six communes se sont associées pour concentrer leurs efforts : Bruxelles, Saint-Gilles, Molenbeek, Anderlecht, Evere et Koekelberg. Woluwe-Saint-Pierre, Berchem-Sainte-Agathe et Etterbeek ont ensuite rejoint la liste. Sur place, une quarantaine de bénévoles : des associations mais aussi des particuliers comme Malika qui avait quelques heures à donner avant de reprendre son travail de serveuse. “Je vais essayer de venir aider dès que j’aurais une pause”, explique-t-elle. Et de l’aide, il en faudra pour trier et entreposer les dons qui affluent dès l’ouverture.
Tremblement de terre au Maroc : le centre pour les dons est ouvert
Lotfi Mostefa, conseiller communal anderlechtois, coordonne les opérations, assisté par Temiz, présent au Palais du 11 du Heysel après le séisme survenu en Turquie. Ici, le but c’est de lancer la machine, précise le conseiller. “On passera ensuite la main à la société civile.”
Très rapidement, on passe au briefing des bénévoles. Tentes, produits d’hygiène pour femmes et bébés, couvertures, matelas, lampes torches, etc. Ni vêtements ni nourritures pour le moment. Voici les consignes. “Mais on ne va pas refuser des dons, les gens ne vont pas comprendre, s’inquiète une bénévole. “Il faut leur parler, répond la bourgmestre de Molenbeek, Catherine Moureaux (PS), présente et particulièrement active au briefing. Et on peut les réorienter vers d’autres associations qui récoltent ce genre de dons pour d’autres causes.” En attendant, les dons de vêtements sont renvoyés.

Pour le trajet jusqu’au Maroc, le nouveau hub de centralisation est en contact avec des transporteurs pour acheminer les dons vers l’aéroport militaire de Melsbroek. “On attend le feu vert du ministère de la Défense. Tout comme les hôpitaux qui attendent de voir s’ils peuvent commencer les dons de sang et quels médicaments ils doivent envoyer.”
”Tout le monde dormait dans les pelouses”
Parmi les bénévoles nous rencontrons un père et ses filles, Karim, Inès et Iman. Cette dernière, âgée de 21 ans était à Marrakech au moment du séisme. “J’ai vu le miroir de la chambre d’hôtel trembler. Je n’ai pas tout de suite compris. On nous a évacués autour de la piscine.” La jeune femme a ensuite dû prendre un taxi pour l’aéroport : là, j’ai vu tout le monde dormir dans la rue et sur les pelouses, par peur des répliques ou par crainte que leur maison ne tienne pas.” Alors, pour elle et sa famille, il était logique de venir ce matin. “On apportait juste des dons au début et on a vu qu’ils avaient besoin d’aide, alors on est resté donner un coup de main” reprend son père. Iman, encore en vacances pendant une semaine avant de reprendre ses cours d’économie à l’ULB, compte bien revenir donner de son temps.

Alors que les cartons sont montés et scotchés pour préparer le tri à venir, les dons s’enchaînent sur le petit parking devant le centre. Jacques a fait le déplacement depuis Lennik. Très ému par la catastrophe, il avait déjà apporté quelques biens pour l’Ukraine. “Beaucoup de fierté de pouvoir aider. Tout le monde doit bouger. Ce n’est pas grand-chose. Dans le garage, il y avait la tente qu’on utilisait plus. En une demi-heure tout était bouclé. Tout le monde a de quoi chez soi, on est des nantis. On a de trop même. Ce qu’on a de trop peut servir.”
Pour Fatima aussi la solidarité est une seconde nature. “Maroc ou pas Maroc on participe souvent à ce genre d’action avec notre famille. En tant que Marocaine, c’est plus qu’important de participer. On ne peut pas aller sur place donc on fait avec nos petits dons et on relaie l’info. Elle a d’ailleurs fait passer le message à son travail. Il ne faut pas être gêné. Tout le monde n’a pas les mêmes moyens mais une brosse à dents, un dentifrice, c’est toujours ça de pris.”
Si le centre d’Anderlecht se retrouve débordé par les dons, le palais 11 du Heysel pourrait s’ouvrir à son tour. Réponse dans quelques jours.