Pollution à Zwijndrecht : des tours de vis budgétaires ont limité les moyens de surveiller les substances toxiques

Après être passée par trois cycles successifs d'économies, l'Agence publique flamande des soins et de la santé - la "Vlaams Agentschap Zorg en Gezondheid" - ne dispose ni des moyens ni de la main-d'œuvre nécessaires pour assurer le suivi de toutes les substances sujette à préoccupation et qui requièrent une attention politique comme il se doit.

Pollution à Zwijndrecht : des tours de vis budgétaires ont limité les moyens de surveiller les substances toxiques
©BELGA

Ces propos ont émané de l'Administrateur général de l'agence, Dirk Dewolf, lundi matin, devant la commission d'enquête sur la pollution aux PFOS du Parlement flamand. Au cours de la séance, les membres de la commission d'enquête sur la contamination par les PFOS, substances chimiques classées comme perturbateurs endocriniens, autour du site de l'entreprise chimique 3M à Zwijndrecht voulaient savoir comment il était possible que l'Agence pour les soins et la santé n'ait été informée des problèmes de contamination potentielle à Zwijndrecht qu'au début du mois de juin de cette année.

Un rapport quelque peu dérangeant du toxicologue Jan Tytgat datant de 2017, à ce sujet, n'est pas parvenu à l'administration, a clairement indiqué l'administrateur général Dirk Dewolf. "S'il nous avait été soumis, il n'est pas exclu que nous aurions formulé des recommandations plus tôt."

Wouter Beke, ministre du bien-être (CD&V), l'a déjà expliqué plus tôt dans l'année au parlement flamand: l'Agence de soin et de santé, qui fait partie de son administration, n'a été informée qu'au début du mois de juin qu'il y avait un possible problème de pollution par les produits chimiques pratiquement non dégradables PFAS et PFOS, en particulier autour du site de l'entreprise chimique américaine 3M à Zwijndrecht. Cela avait provoqué un effet de surprise car une partie du monde politique avait déjà été informée en 2017 par Lantis, chargé de la construction de l'extension du Ring d'Anvers et en particulier de la construction de la liaison de l'Oosterweel.

Ce dernier avait demandé un rapport au toxicologue Jan Tytgat, qui indiquait qu'il n'y avait "aucun risque aigu pour l'homme", mais qu'il valait mieux ne pas consommer de légumes et d'œufs cultivés dans les environs du site.

Cependant, ce rapport n'a pas été présenté à l'Agence de soin et de santé. "Nous n'avons pas reçu l'étude du professeur Tytgat et n'en avons pas été informés", a déclaré le directeur général Dirk Dewolf à la commission d'enquête sur les SPFO du Parlement flamand lundi matin.

En février 2020 - bien avant que l'affaire 3M n'éclate - un plan d'action PFAS a été élaboré par la Flandre, mais même à cette époque, il n'y avait pas de problème spécifique à 3M, a expliqué M. Dewolf. "Nous savions qu'il y avait une hausse des taux mesurés dans les zones portuaires en Flandre, mais il n'y avait pas de "relief" dans les données tendant à indiquer un possible cluster à Zwijndrecht." En outre, il n'appartient pas à l'Agence d'effectuer toutes sortes de mesures. Nous partons du principe que nous serons avertis en cas de problème."

Toutefois, si l'Agence avait été informée plus tôt des problèmes à Zwijndrecht, elle aurait pu imposer des mesures de sécurité beaucoup plus tôt, a admis M. Dewolf.

L'administrateur général Dirk Dewolf et le chef de l'équipe affectée à la santé environnementale, Bart Bautmans, ont plus globalement dressé un tableau qui donne à réfléchir sur la manière dont l'Agence doit assurer la surveillance des substances nocives.

Trois gouvernements flamands successifs ont imposé des mesures de réduction des coûts, imposant à l'équipe chargée des soins de santé environnementale au sein de l'agence soins et santé de se contenter de 36 % d'employés en moins, a souligné M. Dewolf. Et ces deux dernières années, le personnel restant a principalement été affecté à la lutte contre la pandémie de Covid-19.

L'équipe qui doit s'occuper spécifiquement de l'analyse des risques représente actuellement un équivalent temps plein et demi, a ajouté Bart Bautmans.

"Lorsque vous savez qu'ils ont surtout travaillé sur le coronavirus et la légionellose, vous comprenez que nous sommes en fait à l'arrêt depuis deux ans dans ce domaine", a-t-il commenté

Plus largement, les tours de vis successifs donnés aux coûts ont conduit, entre autres, à l'abandon de certaines tâches. C'est également le cas des avis systématiques fournis par l'Agence pour les soins et la santé lors de la délivrance des permis d'environnement pour les établissements classés "G", ce qui signifie qu'il y a un impact sur la santé. En raison des effectifs limités, ces conseils ont été limités à des avis standard, à la suite de quoi il a été décidé en 2015 d'arrêter complètement et de passer à des feux verts tacites, a expliqué M. Dewolf. "On s'en étonne aujourd'hui, mais c'est donc le résultat d'une stratégie que nous avons été contraints de développer."

Cela signifie également que l'Agence pour les soins et la santé ne peut pas surveiller de près d'autres menaces potentielles, ou du moins pas suffisamment. "Cette Commission aurait pu tout aussi bien traiter des retardateurs de flamme au brome; je n'aurais pas la moindre idée de l'endroit où ils sont produits. Il existe de nombreuses substances préoccupantes qui nécessitent une attention politique, mais cela dépasse nos capacités, soyons clairs à ce propos", a souligné M. Dewolf.

Mais l'Administrateur général se demande également si ce doit être une mission centrale des pouvoirs publics. "J'oserais dire que l'industrie elle-même devrait veiller à ce qu'il ne reste rien à épurer", a-t-il conclu.

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