Le Canon flamand, une bible culturelle au parfum identitaire, est prêt
Le "Canon" de Flandre est prêt. Cette sorte de bible de l'identité flamande donne un aperçu des éléments essentiels de l'histoire, de la culture et de la société du Nord du pays. Un comité d'experts a consacré deux ans et demi à sa préparation, sélectionnant 60 'fenêtres' et des thèmes allant de la dernière ère glaciaire à la Flandre diversifiée contemporaine.
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Publié le 09-05-2023 à 14h08
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Le Canon flamand a été présenté mardi à Genk en présence du ministre flamand de l'Éducation Ben Weyts et du ministre-président et ministre de la Culture Jan Jambon.
Lors du lancement du processus en 2019, le gouvernement flamand avait annoncé que, suivant l'exemple néerlandais, il souhaitait travailler sur un Canon flamand, "une liste de points d'ancrage de la culture, de l'histoire et des sciences flamandes". Un comité d'experts indépendants dirigé par le professeur émérite Emmanuel Gerard (KU Leuven) a été nommé et travaille sur le Canon depuis la fin du mois d'octobre 2020.
L'initiative a été durement critiquée par trois historiens appuyés par des collègues de toutes les universités flamandes, en novembre dernier. Ceux-ci y voient un instrument pour les nationalistes flamands au service du "combat anti-Belge". A leurs yeux, il s'agirait d'amener en douceur une politique permettant d'élargir l'identification à la Flandre et de saper l'attachement à la Belgique. A les entendre, le projet viserait également à "préserver" la culture flamande de "toute forme de cosmopolitisme".
Depuis mardi, le Canon flamand est officiellement une réalité. Selon les experts en charge de sa préparation, le Canon indique "ce qui est suffisamment important pour être lu, écouté, vu ou connu par une communauté particulière". Plus précisément, le Canon fournit un aperçu chronologique avec, dans le cas présent, 60 "fenêtres" ou thèmes. Chaque thème est élaboré à l'aide d'une accroche et de deux points focaux. Par exemple, le thème de l'humanisme est abordé via une référence à Érasme, puis le protestantisme et l'art de l'imprimerie.
Outre des moments et des personnages connus comme la bataille des éperons d'or en 1302 ou Pierre Brueghel, des noms moins connus sont également passés en revue, comme Pedro de Gante (un moine qui, au XVIe siècle, fut l'un des premiers témoins flamands des ravages causés par les colonisateurs européens au Mexique). Un certain nombre de noms célèbres, tels que le Père Damien et le poète Guido Gezelle, n'y figurent pas.
Outre le retable de Gand des frères Van Eyck, le Canon mentionne également le Rock Werchter comme vitrine de la culture flamande des festivals ou le Tour de Flandre cycliste comme accroche-regard pour le thème de la Flandre des courses.
À qui s'adresse le Canon ? Selon le comité d'experts, "au public le plus large possible". Le gouvernement flamand a également vu des opportunités pour le Canon dans l'enseignement et dans les parcours d'intégration pour les nouveaux arrivants.