Impossible de franchir la frontière flamande à trottinette : "On n’en veut pas"
En périphérie bruxelloise, les pouvoirs locaux bloquent l’arrivée des trottinettes. Au grand dam des opérateurs.
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- Publié le 25-08-2023 à 09h12
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Lorsqu’on ouvre une application de micromobilité, les limites de la Région bruxelloise forment une frontière on ne peut plus claire. Impossible de prendre une trottinette dans une commune du Rand pour se rendre à Bruxelles. Inversement, il n’est pas autorisé à terminer sa course dans une entité flamande de la périphérie.
Une situation que les sociétés exploitant vélos et trottinettes à Bruxelles déplorent. “Il y a une demande”, estime François-Xavier Giraud de chez Tier. “On voit par exemple beaucoup de stationnement de véhicules à la frontière entre Berchem et la Flandre. Cela montre que les gens s’arrêtent et continuent après par d’autres moyens.” “On est très intéressés de desservir ces communes”, confirme Marc Naether, chez Bolt. “Si, par exemple, on prend le tram 3 et qu’on arrive à Esplanade, il faudrait pouvoir prendre une trottinette pour aller à Strombeek-Bever”, illustre Yessin Aattache de l’opérateur Voi, pour qui une dizaine de drop-zones par entité serait suffisante.
D’après les opérateurs contactés, la zone prioritaire de déploiement serait le nord entre Dilbeek et Kraainem. “Au sud, les distances sont plus grandes et il y a moins de continuité avec le territoire bruxellois.”
"On n’en veut pas"
Mais alors que la Région bruxelloise a ouvert la porte aux trottinettes dans les 19 communes dès 2018, les entités de la périphérie freinent des quatre fers. Avec une véritable puissance de veto : en l’absence de cadre régional, chaque commune décide en effet de ses règles sur son territoire.
Malgré les majorités différentes, une position similaire se dégage en périphérie quant aux trottinettes. “On n’en veut pas”, nous résume la bourgmestre de Zaventem, Ingrid Holemans (Open VLD). Exactement même son de cloche à Grimbergen. “On ne veut pas de trottinettes dans notre commune. C’est dangereux, générateur de nombreux accidents. Et cela crée des nuisances sur le trottoir”, justifie l’échevin Philip Roosen (N-VA).
Une idée partagée par son homologue de Wemmel. “Les trottinettes ? Il n’y a pas de volonté de développement à Wemmel”, indique Vincent Jonckheere. À Kraainem, même registre. “Ce n’est pas une priorité”, explique l’échevin Johan Forton, qui dit n’avoir “jamais été contacté” à ce propos et n’avoir pas encore abordé le sujet en collège échevinal.
Au nord du Rand, Vilvorde fait figure d’exception. Dans la Zennestad, un règlement permet en théorie l’implémentation de trottinettes, mais le dossier est au point mort. “Sur le principe”, la majorité de Hans Bonte (Vooruit) ne bloque pas l’arrivée, nous indique l’échevine Barbara de Bakker (Groen). Mais encore aucune concrétisation à l’agenda.
Des législations sans homogénéisation
Bref, une grande frilosité dans le Rand. Et à Bruxelles – autonomie régionale oblige –, le nouveau cadre légal fait abstraction de ces enjeux de frontière. Dès 2024, seuls deux opérateurs de trottinettes resteront pour rappel à Bruxelles, avec un nombre limité (4 000 engins par société). Une restriction qui, espèrent les opérateurs, sera prise en compte par les communes de la périphérie dans le cadre de leurs futures décisions. “Après 2024, si une commune du Rand lance un appel d’offres, seuls les deux opérateurs sélectionnés à Bruxelles répondront. Les autres n’y verront aucun intérêt”, confie une société.
Autre aspect. Chez Tier, on perçoit davantage de potentiel pour les vélos partagés que les trottinettes dans le Rand. “C’est notamment plus adapté pour les longues distances.” Les communes flamandes interpellées se disent en effet plutôt favorables aux projets de vélos partagés, comme celui actuellement en gestation au sein de la “Vervoerregio Vlaamse Rand” réunissant une trentaine d’entités du Rand et du Pajottenland. Un réseau de vélos connectant les localités de la périphérie entre elles… mais qui, a priori, restera limité à la frontière régionale.