Charleroi : Six ans de prison requis contre une mère soupçonnée de traitements inhumains sur son bébé

BELGA
Charleroi : Six ans de prison requis contre une mère soupçonnée de traitements inhumains sur son bébé
©DE TESSIERES JOHANNA

Le tribunal correctionnel de Charleroi a examiné une affaire de maltraitance infantile à l'égard d'un bébé de 7 mois hospitalisé en 2017 avec une fracture de l'humérus et un hématome sous-dural. Sa mère, âgée de 18 ans, est poursuivie pour traitements inhumains et coups, alors que le père répond de non-assistance à personne en danger. Le parquet a requis 6 ans de prison contre la prévenue, qui nie les faits, et 18 mois de prison contre son compagnon.

En juin 2017, une infirmière de l'ONE se rendait chez un couple de Baileux (Chimay). Après plusieurs tentatives vaines pour voir leur bébé, âgé de 7 mois, cette dernière a constaté le piteux état de ce dernier: amorphe, mal nourri, le bambin de 7 mois a le bras gonflé. L'enfant est hospitalisé immédiatement et les médecins diagnostiquent une fracture de l'humérus, ainsi que des hématomes sous-dural et rétinien, symptômes du syndrome du "bébé secoué". Son pronostic vital est engagé.

L'enquête a rapidement abouti à l'inculpation du couple, âgé de 18 ans à peine, précarisé et vivant en vase clos: Dragana R. est déférée devant le tribunal correctionnel de Charleroi pour coups et blessures, ainsi que traitements inhumains et dégradants. King B. répond quand à lui de non-assistance à personne en danger.

Particulièrement nerveuse au point d'être placée au cachot, la prévenue reconnait qu'elle insultait l'enfant et qu'elle le lançait en l'air, mais uniquement pour jouer. Elle admet qu'elle "pétait souvent un câble", à cause du baby blues et de la situation précaire du couple qui voyait les factures s'accumuler. Le père, lui, confirme qu'il ne s'occupait pas de son fils et que, lorsque sa compagne s'énervait, il quittait les lieux pour aller faire un tour dans la cité. Il déclare toutefois n'avoir jamais vu celle-ci porter des coups à l'enfant.

Pour Me Valérie Lagneaux, tuteur ad hoc de l'enfant, la fracture était ancienne et non soignée. "La mère criait sur l'enfant et, quand elle lui donnait le biberon et qu'il ne voulait pas manger, elle pressait sur la tétine. Il s'étouffait et finissait par vomir. Et cela l'énervait de plus belle. Ce sont de véritables maltraitances qui auraient pu être mortelles. A l'hôpital, l'enfant détournait le regard en voyant sa mère. Depuis qu'il ne la voit plus, il va beaucoup mieux." Le parquet estime également qu'il ne s'agit pas de maladresses de jeunes parents: "cet enfant a été mal aimé, mal soigné, maltraité", a lancé la magistrate qui requiert 6 ans contre la mère et 18 mois contre le père qui "savait mais fuyait".

Me Napoli, conseil de Dragana, a sollicité un sursis pour sa cliente qui reconnaît des gestes impulsifs mais pas de coups véritables. "Elle a vécu également une enfance épouvantable. Née en prison, elle n'a connu que des placements en institution. Si elle gavait le petit, c'est parce qu'il perdait du poids. Elle voulait juste l'inciter à manger." Me Paridaens, qui défendait le jeune père, a plaidé le sursis probatoire, celui-ci n'ayant jamais vu de coups. Privé de repères parentaux, il désire désormais se comporter en bon père.

Vous êtes hors-ligne
Connexion rétablie...