Leuze: le bourgmestre Lucien Rawart accusé d’abus de pouvoir, y compris au sein de son parti
Lucien Rawart a été mis en grande difficulté au conseil communal. Même les élus de la majorité ont dénoncé sa prise de position unilatérale au sujet de l’organisation de petits concerts du centre culturel.
Publié le 08-02-2023 à 18h37
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Le premier magistrat libéral, Lucien Rawart, seul contre tous. Depuis que l’on suit les débats du conseil communal, jamais un bourgmestre n’avait subi un tel désaveu, jusqu’au sein de son propre parti. Durant une heure, de vifs échanges ont émané d’un point déposé par les représentants de 3 groupes politiques, Christian Brotcorne (Idées), Baptiste Leroy (Écolo) et Christian Ducattillon (PS).
Le sujet n’avait pas lieu de susciter la polémique : des petits concerts de maximum 40 personnes organisés chez l’habitant, les 10, 14 février et le 25 mai, par le centre culturel. “Un vent de panique a soufflé sur la culture, alors que l’autorisation aurait dû être une formalité”, relate le conseiller de la majorité Christian Brotcorne.
À la grande surprise de l’institution, qui s’était tournée vers les autorités et avait introduit un dossier de sécurité, sa demande a été rejetée.
”C’est le collège qui a le pouvoir de décision”
Le plus étonnant dans l’histoire, c’est que le collège MR-Idées a manifesté son soutien au projet du centre culturel. Tous ses membres, à l’exception notable du bourgmestre Lucien Rawart qui a, dans un premier temps, décidé d’annuler les spectacles du centre culturel.
”Dans une délibération, on lit pourtant que le collège a pris cette décision à l’unanimité. On nage en pleine ambiguïté, s’étonne M. Brotcorne. Il apparaît qu’un procès-verbal a été modifié à la demande du bourgmestre qui signale dans le document que ‘‘l’autorisation de ces manifestations ressort exclusivement de sa compétence’’. M. Rawart s’arroge donc le droit de dire, tout seul, s’il est d’accord ou pas. C’est un abus de pouvoir. Comment peut-on accepter l’idée qu’un maïeur a tout pouvoir en la matière ?”
”J’ai suivi l’avis négatif de la zone de police”
Le prédécesseur de M. Rawart à la tête de la Ville, en bon juriste qu’il est, étaye son argumentation en se référant à deux textes légaux (loi communale et règlement général de police). Ceux-ci stipulent que c’est bien le collège qui est souverain dans la prise de décision.
Cela étant, le maïeur a la possibilité de signer des arrêtés de police interdisant la tenue d’événements, s’il considère qu’il y a des risques de débordements, que la sécurité et le maintien de la tranquillité publique sont mis en péril… On est loin du compte dans le cas d’espèce.
Si l’issue fut finalement heureuse pour le centre culturel qui a reçu le feu vert afin de chapeauter ses concerts, Lucien Rawart a été “prié” de s’expliquer sur son attitude. “Le fonctionnaire PLANU (planification d’urgence) s’était positionné en défaveur du projet, tout comme la zone de police. Étant le garant de la sécurité, je n’allais pas voter contre leurs rapports. Un accident peut toujours arriver… Même si je suis mis en minorité par les autres membres du collège, je prendrai toujours un arrêté d’interdiction en cas d’avis négatif de la police”, affirme-t-il, avant de juger cette discussion “inutile puisque les choses se sont arrangées.”
Les trois partis signataires du texte demandant expressément que les règlements soient respectés ont fustigé la posture du premier magistrat. “Où va-t-on si on suit chaque fois la position émise par les services de police lorsqu’il s’agit de manifestations publiques ? L’autorité politique reste libre d’apprécier si un événement peut avoir lieu ou non, en fonction notamment des impératifs de sécurité à respecter.”
Le maïeur MR, qui s’est abstenu, a essuyé un camouflet puisque l’ensemble des élus a soutenu l’idée selon laquelle le collège est le seul pouvoir habilité à autoriser ou interdire des manifestations.