Marche blanche en hommage aux victimes de Strépy-Bracquegnies : les proches des victimes ne veulent plus être spectateurs du drame

Ils souhaitent être impliqués dans la procédure judiciaire, afin de mieux la comprendre

Cedric Ketelair

Depuis le 20 mars 2022, le nom de Strépy-Bracquegnies figure dans la longue liste des villes et villages qui ont vécu un drame hors norme. Là-bas, on tente de se relever, de vivre, de survivre même, et on subit une procédure judiciaire qui semble interminable. “Il y a toujours beaucoup de tristesse”, confie une habitante du village, venue marcher afin de rendre hommage aux victimes, samedi après-midi, malgré la chaleur accablante. D’autres sont restés chez eux, comme ce couple qui regarde la foule défiler devant sa porte. “Notre cœur est avec eux, mais nos jambes ne suivent plus et cette chaleur n’arrange rien”, confie une habitante de village.

Il y a un mois, la population, et surtout les carnavaleux témoins ou proches des victimes de ce drame qui a fait six morts et 39 blessés, ont reçu un nouveau coup sur la tête quand le juge d’instruction chargé de l’enquête a décidé de placer Paolo Falzone, le chauffard inculpé de meurtre, sous surveillance électronique dans une résidence. Le jeune homme était détenu préventivement en prison depuis les faits.

Pour beaucoup, ce n’est pas un accident

Cette décision a suscité de vives critiques chez les proches des victimes et les victimes survivantes de ce drame. Samedi, de nombreux manifestants se sont rassemblés au rond-point formé par les rues de la Bourse et d’Aubry. Ils ont ensuite parcouru les rues du village afin de rendre hommage aux disparus.

Parmi la centaine de participants, nous avons croisé des familles, des jeunes et des moins jeunes qui ont souffert sous la chaleur. Toutefois, pour eux, il était important d’être là, dans ce mouvement de communion. “Je suis venue soutenir les victimes, j’espère qu’il y aura au moins une justice, que l’auteur reconnaisse ses actes et qu’il soit puni”, confie-t-elle. “Ce n’est pas un accident”, ajoute une autre dame dans le cortège. Plusieurs personnes autour d’elle partagent cet avis.

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Un collectif qui veut jouer un rôle actif

Nicolas d’Andrea, frère d’un Gille fauché, est à l’origine du collectif Justice pour Strépy. “Nous voulons exprimer, de manière pacifique, notre mécontentement à la suite de la prise par le juge d’instruction, de placer l’auteur des faits sous bracelet électronique, mais aussi à l’égard des promesses des politiciens, car rien n’a évolué depuis dix-huit mois”.

Les proches des victimes, et les victimes qui ont survécu, souhaitent jouer un rôle plus actif dans la procédure judiciaire. Aujourd’hui, la loi ne leur permet pas d’avoir accès à toutes les pièces du dossier. Dès lors, les informations ne sont pas toujours très claires et comprises.

Lâchers de ballons

Le cortège s’est déroulé sous la canicule. Une centaine de personnes, vêtues de tee-shirts blancs, ont traversé les rues du village. Un premier lâcher de ballons a eu lieu au carrefour formé par les rues Aubry et de Nivelles afin de rendre hommage à Salvatore Impériale, l’une des victimes du drame.

Le cortège a ensuite rejoint le haut de la rue des Canadiens, là où le drame s’est déroulé. Un gros ballon a été lâché en hommage à Frédéric D’Andrea, autre victime de ce drame.

Quatre autres ballons ont été lâchés devant la maison de repos l’Espoir, en hommage à Micheline Impériale, Laura Gara, Mario Cascarano et Frédéric Cicero.

Enfin, cent ballons ont été lâchés devant la stèle en hommage aux autres victimes de ce drame.

Le drame

Le 20 mars 2022, tôt le matin, on procédait au ramassage des Gilles à Strépy-Bracquegnies quand une BMW circulant à très vive allure a fauché le cortège sur la rue des Canadiens. Deux personnes se trouvaient à bord de l’automobile, Paolo Falzone, le chauffeur, et son cousin assis sur le siège convoyeur.

Les deux hommes ont été interpellés par la police, une centaine de mètres plus loin. Paolo Falzone a été d’abord été inculpé d’homicide involontaire et de coups et blessures involontaires dans le cadre d’un accident de la route.

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Toutefois, le 22 août 2022, la chambre du conseil de Tournai avait requalifié en meurtre pour une victime, Frédéric D’Andrea. Si cette qualification est retenue par la chambre des mises en accusation à la fin de la procédure, Paolo Falzone sera jugé par la cour d’assises.

Son cousin a été inculpé de non-assistance à personne en danger. Il a été libéré rapidement, contrairement à Paolo Falzone. À plusieurs reprises, la chambre du conseil de Tournai avait décidé d’octroyer le bracelet électronique à Paolo Falzone, mais le parquet a fait appel et la Chambre des mises en accusation a cassé la décision de la chambre du conseil.

Il y a un mois, le juge d’instruction décidait de placer Paolo Falzone sous surveillance électronique dans un lieu resté secret, en raison de la longueur de l’instruction, ralenti par un devoir d’enquête. Cette décision ne pouvait pas faire l’objet d’un appel du parquet. Les proches des victimes ont pris cette décision comme une nouvelle claque dans la figure, mais ils ne lâcheront rien.

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