L’intérêt d’un couple vétérinaire-éleveur
Le moins que l’on puisse écrire est que Léonard Théron a eu jusqu’ici un parcours atypique. D’origine française - il est né à Toulouse -, ce jeune chercheur a passé une bonne partie de son enfance et de son adolescence du côté de Tahiti avant de venir poursuivre des études universitaires en Europe, et ce dès l’âge de 17 ans. En France, à l’Université Paris VII tout d’abord, où il obtient une licence en biologie cellulaire et moléculaire, "orientation physiologie animale" - déjà ! - précise-t-il. Ensuite, il décide de rejoindre la Faculté de médecine vétérinaire de l’ULg où il entre directement en deuxième candidature.
- Publié le 29-07-2010 à 04h15
- Mis à jour le 29-07-2010 à 10h56
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Le moins que l’on puisse écrire est que Léonard Théron a eu jusqu’ici un parcours atypique. D’origine française - il est né à Toulouse -, ce jeune chercheur a passé une bonne partie de son enfance et de son adolescence du côté de Tahiti avant de venir poursuivre des études universitaires en Europe, et ce dès l’âge de 17 ans. En France, à l’Université Paris VII tout d’abord, où il obtient une licence en biologie cellulaire et moléculaire, "orientation physiologie animale" - déjà ! - précise-t-il. Ensuite, il décide de rejoindre la Faculté de médecine vétérinaire de l’ULg où il entre directement en deuxième candidature.
Diplômé en 2007 de l’ULg, Léonard Théron a alors l’occasion de travailler un temps comme "vétérinaire rural" au sein du département français de la Meuse ainsi qu’en Belgique, du côté de Ciney. Une véritable immersion dans le milieu fermier qui confirme sa grande passion pour le monde de l’élevage, lui qui a pourtant toujours vécu en milieu urbain mais qui a toujours voulu être vétérinaire. Une passion chevillée au corps qui va de pair avec celle qu’il a également pour l’enseignement et la recherche.
La même année, il reçoit de la Faculté de médecine vétérinaire de l’ULg et de son service de thériogénologie - à savoir selon sa définition "la science qui s’intéresse à la reproduction, à l’obstétrique et à la santé mammaire des animaux" - une proposition d’engagement au sein de la clinique des animaux de production. De manière concomitante et alors qu’il officie depuis comme clinicien à mi-temps, il entreprend une thèse de doctorat ayant trait à "l’identification et la hiérarchisation des facteurs de risque des infections mammaires parmi les vaches laitières en Wallonie". "Faire une thèse, c’est assumer d’être curieux", affirme Léonard Théron quand on l’interroge au juste sur ses motivations.
"Concrètement, explique ce jeune chercheur, les infections mammaires, appelées mammites, constituent la maladie n° 1 chez les vaches laitières wallonnes et par-là même la première cause de perte économique pour les éleveurs". L’idée pour Léonard Théron, à travers ses recherches qui doivent normalement se poursuivre jusqu’en 2012, est donc d’étudier un certain nombre d’élevages - il cite le chiffre de 350 fermes déjà visitées et/ou sondées - et de définir, de manière à améliorer leur compréhension auprès des fermiers, quels sont les principaux facteurs de risque pouvant mener au déclenchement de ces maladies infectieuses.
Parmi ces derniers, le chercheur de l’ULg épingle tout d’abord l’image que les consommateurs ont du milieu fermier ainsi que celle que les éleveurs ont parfois d’eux-mêmes. Et ce n’est pas la récente enquête du Crédit agricole dévoilée lors de la Foire agricole de Libramont qui est de nature à démentir ce constat. Pour Léonard Théron, "les fermiers se sentent mal aimés et les gens, qui se nourrissent pourtant des produits de l’agriculture, méconnaissent un métier complexe et difficile". Et ce dernier de plaider notamment pour un véritable travail de vulgarisation vis-à-vis du public (voir épinglé).
Ce que Léonard Théron met également en évidence, avec force, c’est l’importance et même la nécessité d’un lien entre le vétérinaire et l’éleveur, ce dernier étant déjà soumis à un nombre élevé de contraintes et négligeant parfois certains facteurs de risque pourtant connus. Pour exemple, faisant notamment référence au projet Mamipack du nom de ce pack technico-pédagogique mis sur pied à destination des éleveurs et leur permettant de prendre en charge efficacement "leurs" mammites, le chercheur pointe le fait que le diagnostic de l’éleveur et le traitement prodigué par ce dernier ne se révèlent pas toujours optimaux. Il ressort donc, selon Léonard Théron, qu’un important travail de formation et d’accompagnement est nécessaire afin de soutenir les fermiers qui sont en passe de devenir une espèce en voie de disparition.
Demain : Daniel Salvatore Schiffer et sa "Critique de la déraison pure".
Avenir Selon Léonard Théron, "les éleveurs souffrent d’une image dégradée de leur profession liée aux enjeux du marché international des denrées alimentaires". Et ce dernier de citer un chiffre interpellant : "depuis trois ans, la Wallonie a perdu quelque 1250 producteurs laitiers, ce qui est énorme". Pour le chercheur de l’ULg, cette importante diminution est donc due principalement à la pression d’un marché de plus en plus globalisé. "En Wallonie, les coûts de production sont très élevés", poursuit-il, ce qui fait qu’en ce qui concerne le lait, le fermier produit à perte. Le corollaire de cela, selon Léonard Théron, est que "la qualité du lait a diminué et ce alors que la production elle-même n’a pas augmenté". Une des solutions d’avenir préconisées par ce dernier est de "conscientiser les gens concernant le lait de la même manière que cela a été fait pour l’eau". Sinon, affirme-t-il, "le risque est de se retrouver dans un état de dépendance laitière". (B.B.)