"Le tram n’est pas la panacée"

Il y a un an (voir notre édition du 17/1/2011), la "Gazette" s’interrogeait en primeur, expert à l’appui, sur la forme que pourrait prendre le futur tram liégeois. Un autre expert, de niveau international, s’est penché sur ce projet qui ne cesse, depuis la décision intervenue en gouvernement wallon, de susciter la polémique.

Bruno Boutsen

Il y a un an (voir notre édition du 17/1/2011), la "Gazette" s’interrogeait en primeur, expert à l’appui, sur la forme que pourrait prendre le futur tram liégeois. Un autre expert, de niveau international, s’est penché sur ce projet qui ne cesse, depuis la décision intervenue en gouvernement wallon, de susciter la polémique.

D’origine néerlandaise et ingénieur civil de formation (Universités de Zurich et de Wuppertal), Harry Hondius est établi à Chaudfontaine depuis plus de trente ans. S’il y est arrivé en 1979, c’est pour devenir l’administrateur-délégué de la SA Franki. Huit ans plus tard, l’homme est revenu à ses premières amours, à savoir la question des transports publics, devenant consultant indépendant et créant sa propre SPRL. Depuis lors, Harry Hondius sillonna les quatre coins de l’Europe et divers projets de tramways, en Flandre ou hors de nos frontières, portent sa signature.

"Ce qui est intéressant pour quelqu’un comme moi, c’est d’avoir vu disparaître le tram des villes et de voir revenir cette nouvelle mode qui veut que sans tram, une ville n’est plus rien", lance-t-il d’emblée, précisant : "On est allé trop loin à l’époque et je pense qu’on va trop loin aussi aujourd’hui". Pour Harry Hondius, "le tram n’est pas la panacée". "Certes, des villes se reconstruisent grâce au tram mais ce n’est pas le cas de toutes", juge-t-il, estimant qu’une ville doit d’abord avoir entamé un processus de reconversion préalable à l’arrivée du tram, ce qui n’est pas le cas de la Cité ardente à cause de "l’immobilisme" des pouvoirs publics locaux et régionaux. "Dans le cas de Liège, le tram est vu uniquement comme un objet de prestige, rien de plus", poursuit Harry Hondius, lequel parle également de "fuite en avant" compte tenu de la situation budgétaire actuelle de la Ville et de la Région wallonne.

Sur le fond du projet, il réfute le postulat de départ qui veut que le réseau de bus soit saturé en centre-ville. "Je pense que dire que le bus est saturé est exagéré, juge-t-il. Certes, les lignes du centre-ville sont bien remplies ainsi d’ailleurs que celles qui mènent vers le Sart Tilman". Mais ce n’est pas de nature, selon lui, à justifier le retour du tram à Liège. "Remplacer le bus par le tram, qui plus est sur un tronçon parallèle au chemin de fer comme celui envisagé de Sclessin à Coronmeuse, c’est ridicule et désuet", estime-t-il. D’autant que selon Harry Hondius, les projections maximales en termes de voyageurs, à savoir environ 35000 par jour sur la ligne de fond de vallée, constituent à peine un minimum. "L’exploitation d’un bus, fut-elle même d’un bus articulé comme c’est le cas notamment à Hambourg où il draine 60000 voyageurs par jour, est bien moins chère que celle d’un tram", souligne le consultant, faisant référence à un potentiel important de développement technique du bus. S’il n’est pas a priori opposé au retour d’un tram à Liège, il ne veut pas du projet tel que prévu par le gouvernement wallon, jugé "peu ambitieux" et "irréaliste" (il évoque notamment la formule choisie du PPP, de nature selon lui à grever un peu plus encore les finances de la Région). Et de plaider, le cas échéant, pour un tracé desservant plutôt le Sart Tilman, son université et son hôpital et utilisant pour le reste les voies de chemin de fer existantes, que ce soit par un tram lui-même ou par un futur RER à créer.

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