Gare à la fuite des tableaux

Une des plus riches collections privées d’art contemporain en Belgique se trouve en voie d’être définitivement perdue pour Liège. L’information, dont nous avons eu connaissance, fera d’autant plus mal que le détenteur de ces quelque 300 œuvres, l’architecte Charles Vandenhove, a toujours souhaité les rendre accessibles au public. Né dans les Fourons, il aurait opté de préférence pour la capitale principautaire s’il avait reçu, de ce côté, une réponse qui, dit-il, ne vint pas.

Paul Vaute

Une des plus riches collections privées d’art contemporain en Belgique se trouve en voie d’être définitivement perdue pour Liège. L’information, dont nous avons eu connaissance, fera d’autant plus mal que le détenteur de ces quelque 300 œuvres, l’architecte Charles Vandenhove, a toujours souhaité les rendre accessibles au public. Né dans les Fourons, il aurait opté de préférence pour la capitale principautaire s’il avait reçu, de ce côté, une réponse qui, dit-il, ne vint pas.

Il y a cinq ans déjà, le rénovateur de la Monnaie à Bruxelles et des Abbesses à Paris avait, de guerre lasse, cédé au Bonnefantenmuseum de Maastricht une partie de ses Boltanski, Buren, Hantaï, Kiefer, Le Groumellec, Pincemin, Tapies, Viera da Silva Il avait eu auparavant divers contacts avec le bourgmestre de Liège et le Premier échevin. Il en avait tiré la conclusion que la Ville n’était décidément pas très intéressée, celle-ci faisant de son côté valoir qu’une des conditions du donateur - construire lui-même le lieu de conservation - n’était pas compatible avec les procédures de marchés publics.

Le transfert à l’institution néerlandaise ne concernant qu’une partie des joyaux et étant en outre limité dans le temps (dix ans), il fallait préparer la suite. C’est ici que l’Université de Gand, déjà sur les starting-blocks en 2007, s’est repositionnée et avec elle, le Stedelijk Museum voor Actuele Kunst (Smak). Contacté mardi par nos soins, l’acteur principal, Charles Vandenhove, a confirmé les contacts : "Nous avons une fondation de droit belge (la Fondation Jeanne et Charles Vandenhove, ndlr) qui comprend notre collection d’art contemporain, explique-t-il. La convention avec le Bonnefanten de Maastricht a été conclue pour dix ans et il y a déjà cinq ou six ans d’écoulés. Il y a, à présent, des pourparlers pour assurer l’avenir". S’il ne veut pas être trop précis, l’architecte admet bien qu’une piste est privilégiée : "Il y a une priorité pour l’Université de Gand, qui veut intégrer cela dans le cadre de son enseignement artistique. J’ai aussi eu de bons contacts avec l’UCL et l’ULg, mais moins maintenant". Et avec la Ville de Liège ? "J’ai eu des contacts en son temps avec elle. J’ai rencontré l’échevin de la Culture. C’est tout ce que j’ai à dire".

La partie des biens de la Fondation non expatriés aux Pays-Bas n’est pourtant pas négligeable. On a pu en juger à l’occasion d’une exposition temporaire, l’an dernier au Centre wallon d’art contemporain de la Châtaigneraie à Flémalle. Le futur Centre international d’art contemporain (Ciac), sur la Boverie à Liège, n’était-il pas tout désigné pour une exposition permanente ? S’il n’était pas au courant des transactions en cours, le conseiller communal MR Pierre Gilissen, très actif dans les institutions culturelles, n’est nullement étonné. "Le traitement du collège vis-à-vis des collections privées est lamentable, tonne-t-il. Vous pouvez interroger tout le monde dans le milieu Albert Vandervelden s’est fait recevoir comme un malpropre à l’hôtel de Ville. La collection magnifique d’un médecin liégeois est partie à Louvain-la-Neuve il y a une quinzaine d’années. Et les travaux du Ciac sont remis de mois en mois parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils vont mettre dedans !"

Quant à l’échevin liégeois de la Culture (PS), il fait effectivement état d’une rencontre avec Charles Vandenhove, mais sans suites de la part de ce dernier. "Je lui avais manifesté notre plus haut intérêt pour l’œuvre, pour la collection, pour l’homme, mais depuis, je n’ai en rien été sollicité, nous dit Jean-Pierre Hupkens. Evidemment, je ne lui ai pas téléphoné toutes les semaines pour savoir où il en était, mais j’avais ouvert les portes toutes grandes".

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