Les orgues pour les nuls
Un spectacle d’"orgue en suspension" avec une compagnie de cirque vivant, des improvisations en compagnie de la fanfare déjantée Pouet en Stock, un concert-happening en dialogue avec une œuvre électroacoustique et en prime une petite histoire de l’orgue en bande dessinée : le "roi des instruments" - aux oreilles de Bach, Mozart et tant d’autres - sera mis à toutes les sauces ce week-end à Liège. Mélomanes sérieux s’abstenir ?
Publié le 24-05-2012 à 04h15
Un spectacle d’"orgue en suspension" avec une compagnie de cirque vivant, des improvisations en compagnie de la fanfare déjantée Pouet en Stock, un concert-happening en dialogue avec une œuvre électroacoustique et en prime une petite histoire de l’orgue en bande dessinée : le "roi des instruments" - aux oreilles de Bach, Mozart et tant d’autres - sera mis à toutes les sauces ce week-end à Liège. Mélomanes sérieux s’abstenir ?
Le concepteur et coordinateur de cette fête arrivée cette année à sa troisième édition, Serge Schoonbroodt, ne se défend en tout cas pas de vouloir injecter du ludique dans l’image. "Il s’agit bien d’une fête, nous dit-il. On a déjà un festival de l’orgue, c’est celui de Pierre Thimus. Nous, nous avons voulu prendre des chemins de traverse, organiser des événements extrêmes pour amener des gens qui, ensuite, auront envie de se diriger vers des concerts classiques. Cela s’est vérifié l’an dernier, lors du concert associant orgue et guitare électrique : on a fait le plein avec un public vraiment très mélangé et métissé". Dans le même esprit, un spectacle pour les enfants est de nouveau programmé.
C’est à Toulouse que le fils d’Hubert Schoonbroodt a puisé, avec l’accord des initiateurs, l’idée d’une association ("Liège les orgues") et d’un événement annuel réunissant toutes les forces vives en la matière. Amener un nouveau public constitue ici un enjeu culturel, certes, mais aussi patrimonial. Car si Liège est riche en orgues - pas moins de 21 de valeur -, certains sont en triste état et la pression d’une opinion sensibilisée serait bienvenue sur les décideurs politiques.
Ainsi le magnifique buffet de l’ex-église Saint-Antoine (musée de la Vie wallonne), daté de 1624, est-il désespérément muet. "Les députés provinciaux doivent me prendre pour un emmerdeur, ce que je suis sans doute !, constate Serge Schoonbroodt. Paul-Emile Mottard (Culture) et Georges Pire (Patrimoine) se renvoient la balle. Des mesures de protection ont été prises, mais ils ne veulent pas aller plus loin parce que pour eux, ce n’est pas la vocation d’un musée. Mais à Toulouse, le musée des Augustins a un orgue qui est utilisé régulièrement". La tâche la plus urgente, pour le musicien, serait la restauration du meuble en lui restituant ses volets peints, entreposés actuellement au Grand Curtius.
Ce n’est pas la joie non plus pour l’Arnold Clérinx de la collégiale Sainte-Croix (dans un meuble de 1610) et pour le Pereboom & Leyser classé de l’église Sainte-Foy (1877). Dans les deux cas, c’est l’édifice même qui, en battant de l’aile, menace les joyaux. Le pouvoir compétent est ici la très désargentée Région wallonne "Il y a aussi l’orgue du Séminaire qui est remarquable et fonctionne encore, mais il ne sert plus vraiment, ajoute Serge Schoonbroodt. Celui de Sainte-Catherine en Neuvice mériterait aussi d’être restauré. Il y en a au moins six au centre-ville pour lesquels des travaux seraient à faire. On serait alors la première ville à avoir une telle concentration, dont quatre orgues remontant à la Renaissance".
Les derniers instruments à avoir bénéficié d’une restauration sont celui de la chapelle Saint-Roch en Volière et, précédemment, celui de la Salle Philharmonique. Manque de pot : ce dernier est sous-employé. Dans les milieux musicaux, il se dit que c’est parce que l’actuel directeur de l’OPRL n’est pas vraiment fan d’orgue