Marcel Otte (ULg) : "On a un peu raté la cible"

Combattant de la première heure quand, dans les années 70 et 80, le site de la place Saint-Lambert était menacé, le professeur Marcel Otte (ULg) n’est pas surpris outre mesure du succès mitigé de l’Archéoforum à l’approche de ses dix ans. "J’ai l’impression qu’on a un peu raté la cible, nous dit-il. L’idée que nous avions, Claude Strebelle et moi, était de rendre le site actif en y poursuivant des fouilles perpétuelles. Le visiteur aurait ainsi pu voir les activités de fouilles sur le terrain. Des études de restauration perpétuelles auraient aussi pu être mises en place , notamment pour les crépis romains".

P.V.

Combattant de la première heure quand, dans les années 70 et 80, le site de la place Saint-Lambert était menacé, le professeur Marcel Otte (ULg) n’est pas surpris outre mesure du succès mitigé de l’Archéoforum à l’approche de ses dix ans. "J’ai l’impression qu’on a un peu raté la cible, nous dit-il. L’idée que nous avions, Claude Strebelle et moi, était de rendre le site actif en y poursuivant des fouilles perpétuelles. Le visiteur aurait ainsi pu voir les activités de fouilles sur le terrain. Des études de restauration perpétuelles auraient aussi pu être mises en place , notamment pour les crépis romains".

Mais c’est finalement la conception d’un musée statique (les expositions temporaires mises à part) qui a prévalu. Il y a bien un archéologue à l’œuvre pour prolonger les fouilles de la villa romaine, mais sans visibilité. "Je ne sais pas ce qui s’est passé, poursuit le préhistorien. Il y a dû y avoir un couac entre le service des fouilles et l’IPW".

Où fouiller ? Si le professeur Otte, après avoir sondé les entrailles de l’îlot Tivoli, a plaidé pour que les traces qui s’y trouvent demeurent en paix, comme une sorte de réserve archéologique, les chantiers à ouvrir ne manquent pas ailleurs.

Mais les visiteurs de passage à Liège réalisent-ils ce qu’il y a à voir là dessous ? Quant à nos écoles, en tirent-elles bien tout le parti qu’elles pourraient ? Question qui renvoie à la place de l’histoire, et singulièrement de l’histoire ancienne, dans notre enseignement

Quant au remplacement des guides par des tablettes, le chercheur est naturellement circonspect. Les vestiges, ici, ne parlent pas beaucoup d’eux-mêmes. "Il faut une présence physique, qu’on puisse dialoguer. J’ai toujours regretté qu’il n’y ait pas davantage d’explications sur ce qu’on voit. Les vestiges en eux-mêmes sont assez moches. Les tablettes ne vont pas suffire. On doit pouvoir faire appel à des guides qui ne doivent pas être nécessairement des archéologues".

Faire parler ces traces vénérables - 9000 ans pour les plus anciennes - mais bien ingrates, c’est précisément ce qui a coûté au pouvoir gestionnaire. "L’Archéoforum, ce n’est pas comme les Fonts baptismaux où tout est dans ce qu’on voit, explique Freddy Joris. Nous avons fait, il y a huit ans, des choix pour faire parler les vestiges. On a voulu que tout visiteur, même isolé, soit pris en charge par un guide . C’est ainsi qu’on s’est retrouvé avec 600.000 euros de frais de personnel pour 50 à 60 visiteurs par jour". Les frais de fonctionnement et de fournitures ont représenté, quant à eux, un peu plus de 200.000 euros en 2011.

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