Dynamiser l’apprentissage
On m’avait prédit un fiasco absolu, parce que ces manuels étaient trop innovants, qu’ils allaient bousculer les enseignants mais il s’avère que c’est un vrai succès.
- Publié le 14-12-2012 à 09h37
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Enseignement On m’avait prédit un fiasco absolu, parce que ces manuels étaient trop innovants, qu’ils allaient bousculer les enseignants mais il s’avère que c’est un vrai succès. "Construire l’histoire" est utilisé dans 75 % des écoles catholiques de la Communauté française. Les retours sont très positifs et le concept suscite de l’intérêt au Québec." Jean-Louis Jadoulle, professeur en didactique de l’histoire à l’Université de Liège (ULg), se montre fier de son travail. Il a conçu trois manuels d’histoire pour le moins innovants, publiés depuis 2005, et vient d’en être récompensé par le prix Zénobe Gramme décerné par la Région wallonne, dans la catégorie "Unité de recherche".
"J’étais frappé par le caractère figé des manuels scolaires et particulièrement ceux d’histoire, qui sont toujours construits à l’envers, selon un modèle hérité du 19e siècle, avec un texte qui raconte le passé et en appui des documents illustratifs. Histoire veut dire "enquête" en grec. Son enseignement devrait donc partir d’une enquête pour arriver à un récit", dit-il.
Alors, selon ce modèle, Jean-Louis Jadoulle a l’idée d’un concept révolutionnaire pour de nouveaux manuels scolaires à destination des élèves du secondaire, de la 3e à la 6e année. Richement illustrés et tout en couleurs, ils intègrent des thématiques actuelles comme point de départ de la découverte de notre histoire. "Ils ont une structure unique puisqu’on y navigue comme sur Internet et se présentent comme une boîte à ressources. A partir de ces ressources, les élèves se posent des questions et doivent y répondre." Par exemple, pour étudier l’histoire de Rome et sa politique d’intégration des étrangers, le manuel propose d’entrée des documents qui abordent la thématique de l’immigration de nos jours.
Asterix pour balayer les clichés
"Ensuite, on se penche sur les clichés, les stéréotypes de la représentation du passé grâce à des planches de BD (Asterix pour l’étude des Gaulois), des publicités, des extraits de romans ou des images de films. Cela permet de lancer un débat en classe", explique le professeur.
Enfin, la troisième partie du manuel comprend des avis d’historiens, des cartes, des plans, des lignes du temps, des documents sur des sites patrimoniaux et des témoignages anciens, enrichis d’un lexique et de notes de bas de page renseignant les élèves sur leurs auteurs. "Et pour évoquer certaines questions plus complexes, nous avons rédigé des textes courts et simples qui viennent donner un complément d’information", ajoute Jean-Louis Jadoulle.
Grâce à cette approche originale et à 360°, les élèves s’approprient les thématiques, construisent un récit et des connaissances en les articulant à d’autres apprises précédemment. Et afin d’aider l’enseignant à utiliser au mieux ce nouvel outil pédagogique, un peu déconcertant de prime abord puisqu’il propose une narration tout sauf linéaire, les manuels s’accompagnent d’un CD-Rom "mode d’emploi".
Jean-Louis Jadoulle ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Il planche sur une version numérique de ses manuels. "Elle contiendra des vidéos et des reconstitutions en 3D de sites historiques", précise-t-il. Et son concept va être repris par d’autres auteurs pour être étendu à l’étude des sciences sociales. La belle histoire continue.