La Ville pompe ses réserves

La présentation d’un budget est un moment important de la vie politique communale. Cette année n’y fait pas exception, que du contraire. Le budget 2013 de la Ville de Liège était attendu de longue date et il s’agit du premier de la législature communale.

Bruno Boutsen
La Ville pompe ses réserves
©Devoghel

La présentation d’un budget est un moment important de la vie politique communale. Cette année n’y fait pas exception, que du contraire. Le budget 2013 de la Ville de Liège était attendu de longue date et il s’agit du premier de la législature communale. Le premier aussi pour l’échevin désormais en charge des Finances, à savoir Michel Firket (CDH). Avant que ce dernier explicite les grandes tendances de ce budget, lequel sera bientôt débattu lors du Conseil communal, c’est au bourgmestre Willy Demeyer (PS) qu’il est revenu de contextualiser un exercice plus délicat que prévu. "Si le collège a choisi de présenter le budget en juin, c’est pour tenir compte du Projet de Ville qui vient d’être adopté et pour disposer du compte 2012", a-t-il ainsi rappelé. Le compte, élaboré par le receveur communal, consiste en "une photographie précise et rigoureuse" de l’état des finances.

Pour 2012, il est présenté à l’équilibre en ayant dû puiser dans les réserves à hauteur de 16 millions d’euros. Un problème de perception des deux principales recettes fiscales, à savoir les centimes additionnels à l’IPP et au PRI, est mis en avant afin d’expliquer cet état de fait. "Il y a une volonté manifeste du Fédéral de ralentir le rythme de rétrocession des additionnels aux communes", a déploré le bourgmestre. Un déficit plus grand que prévu mais des réserves largement supérieures aux prévisions du plan de gestion 2011-2016 puisqu’elles ont atteint fin de l’année 2012 65 millions d’euros. Ce qui pousse d’ailleurs le bourgmestre Demeyer et l’échevin Firket à affirmer que "la Ville a été correctement gérée".

Cet auto-satisfecit est toutefois tempéré tant par le contexte liégeois - une diminution et un gel de la dotation issue du Fonds des communes - que par le contexte global de crise des finances communales. Les édiles liégeois ont ainsi fait écho à la lettre ouverte de l’Union des villes et communes de Wallonie, dénonçant "des transferts de charges" et réclamant "une solution structurelle". "Liège n’échappe pas à cette tendance, a reconnu Michel Firket. Malgré cela, le budget traduit plusieurs volontés politiques qui résultent du Projet de Ville". D’où l’intérêt selon ce dernier de disposer d’un tel document "pour fixer le cap et déterminer les priorités à suivre". À entendre l’échevin, les priorités ont été définies en lien avec le contenu de ce Projet de Ville, qu’il s’agisse de la politique de soutien aux acteurs culturels, sportifs et associatifs, de la volonté de consolider l’image de marque de la Ville, de la poursuite des efforts en matière de propreté ou du renforcement des investissements économiseurs d’énergie et en faveur de la mobilité douce.

Au niveau des recettes, lesquelles se chiffrent à un peu plus de 605 millions d’euros, le poste principal est constitué par la fiscalité. Et c’est à ce niveau que le collège, s’il a tenu à "épargner le citoyen" en maintenant inchangés les taux de l’IPP, du PRI et de la taxe urbaine (déchets), a décidé d’agir et de "cibler certains comportements peu compatibles avec la qualité de vie en ville". Cela se traduit par une hausse de plusieurs taxes et redevances dont celles sur les "night shops", les kots, l’exploitation des parkings et le stationnement de longue durée.

En matière de dépenses, chiffrées quant à elles à plus de 622 millions d’euros, peu de bouleversements constatés si ce n’est que celles de fonctionnement et de transfert augmentent. En cause, notamment : l’augmentation des frais de transport et de distribution d’énergie (effet induit du dossier du photovoltaïque) et le financement des services d’incendie pour lequel la Ville attend un geste de la part du Fédéral.

Au final, le budget 2013 est présenté à l’équilibre à l’exercice propre mais moyennant un prélèvement de plus de 17 millions d’euros dans les réserves. Un prélèvement qui s’explique aussi selon la Ville par une estimation trop faible des additionnels à l’IPP et par un accroissement de la masse salariale malgré un effectif en baisse. "Il est important de remettre le déficit en perspective avec les réserves", ont souligné les édiles liégeois, lesquels ont également évoqué la problématique sensible des pensions. Et l’impact de la réforme des pensions n’est pas neutre puisque l’introduction de la cotisation dite de responsabilisation aura coûté en 2012 près de 17 millions d’euros à la Ville. "Même avec des budgets à l’équilibre, cette cotisation de responsabilisation consommerait les réserves sur trois exercices", nous a-t-on ainsi averti. En conclusion, la Ville assure que les réserves actuelles permettent de tenir le choc en 2013 et en 2014 mais des efforts supplémentaires sont indispensables. Si diverses mesures sont déjà annoncées comme la rationalisation des services ou la vente de propriétés communales (on évoque notamment le bâtiment du CPAS), le bourgmestre a affirmé que "la Ville ne pourra pas s’en sortir seule".

Vous êtes hors-ligne
Connexion rétablie...