Les déchets divisent à Liège
Le dessaisissement au profit d’Intradel et le passage aux conteneurs inquiètent.
Publié le 02-10-2013 à 05h44 - Mis à jour le 02-10-2013 à 07h30
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Liège en mode conteneurs", titrait la "Gazette" le 17 septembre eu égard à la communication faite la veille par l’échevin André Schroyen (CDH), en charge de la Propreté publique, et le directeur général d’Intradel Luc Joine. Il était pour rappel question de délaisser les sacs jaunes - ceux destinés aux déchets ménagers résiduels - et de passer à la collecte par conteneurisation. Dans la perspective du lancement d’un nouveau marché régissant la collecte des déchets - celui en cours attribué au consortium "Liège Collectes" arrivant à échéance le 30 juin 2015 -, la Ville a donc pris les devants, évoquant plusieurs défis ainsi que la nécessité de se conformer aux réglementations existantes en la matière.
Le hic, c’est qu’il semble bien que l’échevin Schroyen soit allé un peu vite en besogne, ce dernier affirmant d’emblée que le passage aux conteneurs à puce s’impose comme "la solution la plus adéquate" et qu’"il serait stupide de ne pas recourir aux services d’Intradel" dans le cadre du marché 2015-2023. Or, depuis cette annonce, les réactions, émanant tant de citoyens lambda que de représentants des partis politiques, n’ont pas manqué. Le MR, le PTB et Vega avaient d’ailleurs déjà dit tout le mal qu’ils pensaient de cette décision du collège liégeois dès avant le Conseil communal prévu lundi soir où ce point était précisément à l’ordre du jour. Reste encore à savoir ce sur quoi les élus liégeois étaient au juste appelés à se prononcer car le moins que l’on puisse écrire est qu’un certain cafouillage a régné au sein de la majorité. Et ce n’est pas le recadrage fait par André Schroyen en début de Conseil qui était de nature à démentir ce constat.
D’emblée, la cheffe de groupe du MR Christine Defraigne a d’ailleurs épinglé "un problème de méthode" dans le chef du collège, évoquant "un rétropédalage" de ce dernier. Sur le fond, affirmant que "cela va pourrir la vie des Liégeois", elle a estimé que la solution envisagée par la Ville ne sera pas praticable à Liège. "Ce sera tout bénéfice pour Intradel et rien pour la Ville qui botte en touche", a en outre lancé Christine Defraigne. Le manque de pistes alternatives et l’impression que le collège a avancé masqué dans cet épineux dossier sont aussi évoqués par les conseillers libéraux Diana Nikolic et Fabrice Drèze, mettant en avant le coût élevé pour les Liégeois. Côté Ecolo, Guy Krettels s’est dit un peu perdu par la façon de faire de la Ville et par le changement intervenu dans le texte soumis au vote - une condition résolutoire a été introduite, précisant que la délibération sera nulle en non avenue le 28 février 2014 si le cahier des charges n’est pas satisfaisant. Et malgré son a priori favorable sur le passage aux conteneurs, le conseiller Ecolo a relevé la volonté du collège de passer en force dans ce dossier tandis que sa consœur Géraldine Blavier a quant à elle épinglé "un problème de forme", évoquant une communication hâtive ainsi que le fait qu’Intradel sera à la fois juge et partie.
Enfin, les partis situés à la gauche de la gauche n’ont pas été les plus tendres, loin s’en faut, donnant à ce dossier un caractère éminemment politique. Si le conseiller Vega François Schreuer a salué le léger recul du collège, il a pointé un manque de clarté et de sérieux dans ce débat important ainsi que plusieurs problèmes dont celui du coût qui, dit-il, "augmentera forcément". Quant au PTB, son leader Raoul Hedebouw a insisté sur l’incertitude liée à ce débat - "on ne sait pas ce qu’on va voter" - et dit son opposition aux conteneurs, relevant "une injustice sociale et fiscale pour les Liégeois". La majorité PS-CDH a tenté de se ressouder sur la fin, le bourgmestre Willy Demeyer estimant qu’il s’agit d’une "démarche de supracommunalité nécessaire" et l’échevin Schroyen assurant que c’est bel et bien le Conseil qui aura le dernier mot, mais n’aura pas réussi à sauver la face.