Hôtels liégeois sous perfusion

Leur nombre a augmenté mais la situation de ces derniers n’est pas bonne.

Bruno Boutsen
Copyright:Devoghel chantier du Crown Plaza dans l'hotel de Selys à Liège
Copyright:Devoghel chantier du Crown Plaza dans l'hotel de Selys à Liège ©Devoghel

Il y a deux ans, une pluie d’étoiles s’abattait pour ainsi dire sur la Cité ardente puisque celle-ci pouvait alors se targuer d’accueillir sur son territoire deux nouveaux complexes hôteliers haut de gamme, à savoir le Jala Hotel et le Crowne Plaza de Liège. Ces derniers affichaient respectivement quatre et cinq étoiles et venaient s’ajouter à une offre hôtelière le plus souvent décrite comme insuffisante en terres liégeoises. Reste que deux ans plus tard et alors que la construction d’autres ensembles est encore annoncée - évoquons, entre autres, les deux hôtels que le groupe français Accor prévoit sur le site anciennement occupé par "La Meuse" ou les hôtels envisagés près de l’esplanade des Guillemins et sur le site du Cadran -, le constat est plutôt inquiétant. La situation de ces hôtels dits de luxe est loin d’être optimale, et ce pour diverses raisons, et ce n’est pas l’exemple phare du Crowne Plaza de Liège, mis en avant comme le symbole de l’essor de l’hôtellerie liégeoise, qui est de nature à faire penser le contraire.
Cela avait déjà mal commencé puisque ce dernier avait été inauguré avec près d’un an et demi de retard par rapport au calendrier que s’étaient fixé ses promoteurs, au premier rang desquels son propriétaire Olivier Noël-Martin, lequel avait à l’époque racheté les parts détenues par les frères liégeois Berryer. Un peu plus tard, les dépassements de délais et… de budgets constatés - pour rappel, il s’agissait d’un investissement essentiellement privé de 28 millions d’euros - servaient de base à des actions judiciaires introduites par Olivier Noël-Martin à l’encontre des fournisseurs. A commencer par le bureau d’architectes Altiplan, basé à Bruxelles et à Liège, qui fait l’objet de deux procédures distinctes. C’est d’ailleurs ce que nous confirme son patron Charles-Albert Van Hecke, se voulant toutefois discret quant à une procédure judiciaire en cours - "on est au stade des expertises et des contre-expertises", nous dit-on.

Ce que cela semble démontrer, et c’est d’ailleurs l’avis d’un observateur avisé du milieu hôtelier liégeois, ce sont des difficultés de gestion et, dans le cas présent, "une nécessité de prendre en charge l’important passif du chantier". A ce constat s’ajoute, concernant le Crowne Plaza de Liège, un taux de remplissage qui laisserait à désirer, et ce même si les chiffres obtenus font état de 60 à 80 % selon les périodes. Mais ce chiffre plutôt satisfaisant pour un hôtel de ce type est selon d’aucuns, dont des témoignages recueillis en interne, à relativiser, étant donné qu’il serait notamment la conséquence d’une politique d’invitations tous azimuts qui, si elle peut se comprendre dans une optique commerciale, ne suffit pas à équilibrer le budget. Enfin, la flexibilité du personnel - soit entre 90 et 100 travailleurs - et son manque d’intégration dans la ville et singulièrement dans le quartier Sainte-Marguerite sont par ailleurs évoqués.

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