L’élu des Français à Liège

Pour le député du Benelux Philip Cordery, la France doit arrêter l’exode étudiant.

Paul Vaute
Copyright:Devoghel Interview de Philip Cordery
Copyright:Devoghel Interview de Philip Cordery ©Devoghel

Un phénomène récurrent et un événement exceptionnel - mais qui ne devrait jamais arriver - ont décidé Philip Cordery, député (PS) des Français de l’étranger pour la circonscription du Benelux, à se rendre ce jeudi à Liège. Le récurrent, c’est l’afflux des étudiants venus de l’Hexagone dans nos filières médicales et paramédicales. L’exceptionnel, c’est le dérapage d’un baptême dont a été victime une jeune Stéphanoise.
Elu le 17 juin 2012, vivant à Bruxelles depuis 2004, quand il devint secrétaire général du Parti socialiste européen (PSE), Philip Cordery n’a évidemment pas découvert cette année l’exode des futurs médecins, vétérinaires, kinésithérapeutes, sages-femmes… et les problèmes pratiques qu’il engendre dans nos institutions d’enseignement. Hier, il a notamment rencontré les autorités universitaires et des étudiants compatriotes. "Il y a quinze jours, nous dit-il, j’étais avec un autre élu français, Philippe Baumel, et nous nous sommes entretenus de cette question préoccupante avec le ministre Marcourt (en charge notamment de l’Enseignement supérieur), aussi avec des étudiants, des enseignants, des parlementaires… Je suis évidemment favorable à la mobilité des jeunes. Mais quand elle est forcée, elle me gêne. C’est le manque de places en France qui oblige des étudiants à venir ici et je comprends les mesures que la Belgique a dû prendre".

Un chiffre éloquent entre tous : plus de 85 % des diplômés retournent travailler dans leur pays, preuve qu’il y a un déficit de l’offre de formations par rapport au "marché médical". Le député Cordery en a tiré la conclusion qu’il faut agir à la racine du mal : le numerus clausus. "Je vais monter un groupe de travail à l’Assemblée nationale avec les membres des commissions concernées, indique-t-il. Il faut une meilleure adaptation par rapport au nombre de places. Savez-vous que dans certaines régions, il y a carrément pénurie ?" Et pendant ce temps - ô paradoxe - des jeunes Français viennent travailler dans nos magasins ou nos fast-foods pour remplir la condition de résidence. "Il y en a aussi qui vont faire leurs études en Roumanie ou au Maghreb. Il y a même une université portugaise qui a ouvert une section en France et délivre des diplômes aux Français !"

Circonstance aggravante : à l’origine de ces bricolages en tout genre, il y a bien souvent un résultat insuffisant dans un QCM qui ne mesure pas véritablement la capacité à faire les études en question. Mais voilà, rien n’arrête ceux qui ont la vocation au plus profond d’eux-mêmes. C’est ainsi sans doute qu’un certain Calixte Bayrou, fils de François, est devenu assistant-chercheur à l’Université de Liège…

Sus au numerus, donc ! Mais au fait, qu’en pense l’actuelle ministre française de l’Enseignement supérieur ? "Il y a un gros travail de conviction à faire", répond prudemment Philip Cordery. En tout cas, ce ne sont pas les arguments qui manquent.

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