ETA pas comme les autres
Créés en 1985, les Ateliers du Monceau font se côtoyer sourds et entendants.
Publié le 07-10-2013 à 05h40 - Mis à jour le 07-10-2013 à 12h32
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Liège accueillait récemment la Journée mondiale des sourds et à cette occasion, une entreprise de travail adapté (ETA) quelque peu particulière ouvrait ses portes. Cette ETA, dénommée les Ateliers du Monceau et située dans le parc d’activités économiques de Grâce-Hollogne, fut créée en 1985 par une association de parents d’enfants sourds. A l’origine, seules sept personnes étaient employées au sein d’une structure qui répondait alors au besoin pour les personnes sourdes de trouver un emploi. En raison de leurs difficultés de communication, elles étaient souvent cantonnées à des tâches répétitives.
Près de 30 ans plus tard, l’un de ces employés d’origine, Alain Klinkenberg, est toujours présent au sein des Ateliers du Monceau dont il a pris les rênes voici plusieurs années. Il affiche d’emblée ce qui fait incontestablement la spécificité de "son" entreprise : l’intégration de personnes sourdes ou malentendantes aux côtés de travailleurs "normaux". "Nous présentons la particularité unique en Europe d’offrir à notre personnel des formations en langue des signes", souligne Alain Klinkenberg, pour qui "il y a certes d’autres entreprises qui travaillent avec des personnes sourdes mais pas de façon aussi poussée que la nôtre".
Pour en revenir au personnel, 60 % des 118 travailleurs actuels des Ateliers du Monceau sont des personnes sourdes ou malentendantes. A cet égard, et cela est vrai aussi concernant le chiffre d’affaires de cette ETA, son évolution fut exponentielle. Mais selon son administrateur-délégué, insistant sur la nécessité d’une intégration sociale des travailleurs déficients auditifs, la volonté fut toujours de leur offrir la plus grande autonomie possible. Cela se marque par les cours d’alphabétisation qui leur sont proposés. Aux dires d’Alain Klinkenberg, le mélange a priori délicat à opérer engendrerait de bons résultats.
En termes de résultats, les Ateliers du Monceau ont réalisé l’an dernier un chiffre d’affaires de plus de 4 millions d’euros, et ce chiffre devrait être un peu plus élevé en 2013 si l’on en croit son administrateur-délégué. Il évoque toutefois une période difficile matérialisée par la crise sidérurgique liégeoise dont l’ETA de Grâce-Hollogne fut l’une des victimes collatérales, étant l’un des sous-traitants d’ArcelorMittal. Elle œuvre pourtant dans un secteur qui, air du temps oblige, semble avoir le vent en poupe puisqu’il s’agit du domaine du bois (reconditionnement de palettes, caisseries, usinage, etc.). Soit des tâches qui, dit-on, conviendraient particulièrement bien aux capacités de concentration des personnes sourdes et même aveugles puisque les Ateliers du Monceau en accueillent désormais aussi.
Outre la Journée mondiale, l’actualité de l’ETA est riche. En juin, elle inaugurait les nouveaux bâtiments des Ateliers de l’Avenir, une filiale des Ateliers du Monceau, créée en 1998 sous la forme d’une société coopérative à finalité sociale mais qui a connu une évolution importante depuis son inscription au Plan Marshall. En effet, bénéficiant notamment du soutien du pôle de compétitivité Greenwin et fort d’un budget de 1,5 million d’euros, le système Cimède qu’elle promeut avec d’autres partenaires n’est pas sans intérêt.
Ainsi qu’expliqué par Alain Klinkenberg, il s’agit de la construction de maisons évolutives, durables et économiques selon les standards des maisons passives mais reposant sur une ossature bois et disposant de cloisons modulables. L’adaptabilité de ces maisons ainsi que la maximalisation du travail en atelier sont d’ailleurs mises en avant par le patron des Ateliers du Monceau pour qui le grand défi est désormais constitué par l’exportation.Bruno Boutsen