Liège : les millions de la Province
L’an dernier, sous la pression de la crise, la Province de Liège avait frappé d’un grand coup et là où cela fait mal en décidant de se servir dans la manne de l’impôt des propriétaires (les centimes additionnels au précompte immobilier).
Publié le 10-10-2013 à 05h40 - Mis à jour le 12-10-2013 à 13h01
:focal(454.5x234.5:464.5x224.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/5JV4SPR7ENC7DEGDG7LMY7VHE4.jpg)
L’an dernier, sous la pression de la crise, la Province de Liège avait frappé d’un grand coup et là où cela fait mal en décidant de se servir dans la manne de l’impôt des propriétaires (les centimes additionnels au précompte immobilier). Pour la confection de son projet de budget 2014, le collège a récolté les fruits de sa mesure impopulaire. Les comptes sont en boni et il n’y aura pas de nouvelles taxes. Mais pas moins non plus, hormis quelques mineures pour lesquelles le glas avait déjà sonné précédemment…
Une leçon de désendettement
A ceux qui seraient enclins à tenir ce niveau de pouvoir pour négligeable, il n’est pas inutile d’indiquer qu’en anciens francs belges - c’est plus parlant -, les sommes brassées par l’institution provinciale dépassent les dix milliards. Selon la copie qui sera débattue au Conseil provincial du 21 au 24 octobre, les recettes de l’an prochain s’élèveront à un peu plus de 275,7 millions d’euros et les dépenses à près de 263,3, ce qui laisse une poire pour la soif de quelque 12,5 millions. Nuance toutefois : de ladite poire, il ne reste que 170.555 euros après soustraction des reliquats d’exercices antérieurs, des prélèvements sur réserves et du financement des investissements. Ces derniers représenteront 32,4 millions.
Mais le grand sujet de satisfaction, pour le gouvernement Gilles-Pire, sera à coup sûr la maîtrise de la dette dont la charge annuelle est en diminution constante depuis dix ans. "Nous avons pu désendetter la Province, ce qui est peut-être un signe pour d’autres institutions", souligne le directeur financier provincial Jacques Tricnont. Et de relever que la charge représente aujourd’hui 136 euros par habitant (21,6 millions), alors que l’ardoise de l’Etat fédéral pèse… 34.200 euros pour chacun de nous.
Deux tiers pour le personnel
Au chapitre des dépenses ordinaires, deux tiers (173 millions) vont au personnel. Si on y ajoute les enseignants payés par la Communauté française, la Province représente quelque 400 millions en masse d’emplois. Suivent les dépenses de fonctionnement, plus aisées à contenir, et les dépenses de transferts (subsides) également stables. "On essaye de faire un maximum d’économies de fonctionnement, explique le député provincial Robert Meureau (PS), en charge du Budget. Les seuls points où il y a une hausse significative sont les coûts énergétiques et les coûts des assurances".
Restent les postes où s’affirment les choix politiques de l’exécutif PS-MR actuel, en très large continuité avec la coalition identique qui l’a précédé. Si quelques accents spécifiques peuvent être relevés, on les trouvera du côté de l’équipement numérique des écoles (tablettes, wifi), des commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale (expositions à la gare Calatrava et au musée de la Vie wallonne, officiellement en voie d’unification) ou encore de la diversification vers l’électro et le classique de "Ça balance", l’opération de promotion des jeunes musiciens chère au député provincial de la Culture Paul-Emile Mottard (PS) - qui se remet lentement de son accident cardiaque. Sans surprise, on constatera que son collègue MR Georges Pire, en charge notamment de la Santé, ne démord pas de ses cars de dépistage, en dépit des critiques dont ils ont été l’objet. Des moyens sont débloqués en outre pour l’entretien de 1037 km de cours d’eau.
Du côté des investissements qui sortent du rang, soit 22,3 millions regroupés dans le budget extraordinaire, les futurs campus de Verviers et de La Reid se taillent la part du lion (respectivement 9,6 et 8,5 millions, qui s’ajoutent aux subsides du Fonds des bâtiments scolaires) ainsi que les interventions dans les projets supracommunaux (4,9 millions). La phase 2 de la maison de la Formation à Seraing (1,3 million), le bâtiment du Service des cars (2 millions), l’acquisition d’un immeuble pour l’OpenAdo, l’aide aux jeunes et à leur famille en pleine croissance (1 million) figurent également au programme ainsi que des moyens pour les parkings d’(é)covoiturage (1,7 million). L’occasion de rappeler aussi que de l’argent vient également d’ici pour le nouveau Théâtre de Liège (880.000 euros en 2014), "même si, déplore Robert Meureau, on n’a pas beaucoup entendu le mot province lors de son inauguration".P.V.