La tour Schöffer va renaître

La tour du père de l’art cybernétique va être entièrement rénovée.

Bruno Boutsen
La tour Schöffer va renaître
©DR

Il s’agit ni plus ni moins que d’une résurrection, artistique et patrimoniale en l’espèce. En effet, cela fait désormais plus de vingt ans que la tour cybernétique due à l’artiste français d’origine hongroise Nicolas Schöffer et sise dans le parc de la Boverie à Liège ne fonctionne plus, son dispositif électronique étant devenu obsolète. Tombée quelque peu dans l’oubli depuis lors, cette œuvre monumentale de celui qui est considéré comme le père de l’art cybernétique (qualifié aujourd’hui d’art alternatif) est en passe de connaître une seconde jeunesse. Inaugurée en 1961 et haute de 52 mètres, ce qui en fait la plus monumentale de Nicolas Schöffer (lequel est également l’auteur d’autres interventions dans le paysage urbain, à Paris, à Lyon ainsi qu’à Kalocsa, sa ville natale, notamment), elle fut pour la Ville de Liège, selon les termes de l’époque, "une opération de prestige destinée à lui donner une image de marque très caractéristique".

Plus de cinquante ans plus tard et après un classement dès 1997 par la Wallonie, qui la fait figurer en 2009 sur la liste du patrimoine exceptionnel, la tour Schöffer va faire l’objet d’une vaste rénovation. C’est en tout cas ce qu’a annoncé ce lundi matin le Premier échevin liégeois en charge de l’Art urbain, à savoir Michel Firket (CDH), faisant référence en l’espèce au permis d’urbanisme qui vient d’être délivré le 30 septembre dernier sur base d’un certificat de patrimoine obtenu au début de cette année. "Les travaux devraient pouvoir démarrer au printemps 2014 une fois que la procédure de subsidiation aboutira", a d’emblée précisé Michel Firket, pour qui la rénovation envisagée, bien qu’adjugée à l’association momentanée Duchêne-Galère pour un montant de plus de deux millions d’euros, n’est pas du luxe. "Bien sûr, c’est beaucoup d’argent mais cela le vaut bien", a souligné l’échevin liégeois, évoquant "les interrogations et les doutes de certains quant à cette tour" mais estimant qu’"un art urbain fort est un signe de la capacité métropolitaine de la Ville".

Concrètement, les travaux de restauration ont fait l’objet d’une mission préalable confiée au bureau d’architecture liégeois Greisch et portant sur la réalisation d’une étude de faisabilité, les études détaillées, le suivi de la procédure de certificat de patrimoine, la mission de coordination sécurité-santé, le contrôle d’exécution… La rénovation envisagée et qui fait donc l’objet depuis peu d’un permis d’urbanisme comprend quatre phases distinctes, à commencer par la restauration de la tour cybernétique proprement dite, soit la partie classée. Il s’agira du démontage complet de la tour, de son remontage à l’identique, de travaux de stabilité, du remplacement des pales, des luminaires et des moteurs et de travaux d’électricité.

Ainsi qu’expliqué ce lundi par l’échevin Firket, les travaux de restauration ne se limiteront pas à cela et concerneront également les toitures-terrasses du palais des Congrès tout proche et auquel est adossée la tour. La remise à neuf du local technique situé sous les escaliers menant aux toitures-terrasses est aussi prévue de même que le placement d’un ensemble voulu discret de panneaux photovoltaïques sur la toiture du palais des Congrès et ce dans le but de couvrir les besoins énergétiques de la tour. La sculpture avant-gardiste de Nicolas Schöffer se composant d’un système d’éclairage et de sonorisation et d’un cerveau électronique déclenchant de la lumière et de la musique, différents scénarios d’animations sont envisagés. Rien n’est encore arrêté à ce sujet mais "elles resteront fidèles aux animations originelles". Les paramètres déclencheurs seront issus de l’environnement urbain (soleil, pluie, vent, bruit, humidité, etc). À noter enfin qu’un site web sera créé, permettant aux visiteurs d’interagir avec la tour.

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