Le chef des pompiers s’en va

La démission de Jean-Marc Gilissen est désormais officielle.

Isabelle Lemaire
Le chef des pompiers s’en va
©Devoghel

Il était en congé maladie pour burn out depuis plus d’un an et demi. Allait-il revenir à son poste ou bien décider de le quitter définitivement ? Alors qu’en juin 2012, il déclarait à la “Gazette” : “J’ai l’intention de revenir quand j’irai mieux”, Jean-Marc Gilissen, le lieutenant-colonel des pompiers de Liège a tranché : il quitte les hommes du feu pour une nouvelle occupation professionnelle au sujet de laquelle il veut rester discret.

Le grand public a découvert le chef de corps des pompiers liégeois à l’occasion de la catastrophe de la rue Léopold, en janvier 2010. Propulsé sur le devant de la scène médiatique, Jean-Marc Gilissen s’est révélé être un excellent “client” pour les journalistes. Avec sensibilité et un sens de la communication qui semblait inné, ses explications posées et pédagogiques des développements au jour le jour du drame qui a frappé Liège ont marqué les esprits.

Mais en coulisses, l’homme ne faisait pas l’unanimité. Au sein de l’intercommunale d’incendie (IILE), on évoquait un homme peu charismatique, manquant d’autorité, peinant à prendre des décisions et à les imposer, un bureaucrate parachuté au plus haut grade grâce à ses appuis politiques (l’étiquette PS, qu’il réfute, lui colle à la peau).

Pas un “vrai” homme du feu

C’est que Jean-Marc Gilissen n’était pas pompier au départ. Et c’est peut-être cela qui l’a empêché d’être pris au sérieux par certains de ses subordonnés. Il est ingénieur civil de formation et n’a intégré l’IILE qu’en 1995 où il a gravi tous les échelons pour atteindre, en 2001, le grade suprême de lieutenant-colonel. A l’époque, il n’a que 31 ans, ce qui fait de lui le plus jeune lieutenant-colonel de Belgique.

“C’est clair qu’il n’a pas l’image du pompier bronzé et sportif mais sa gestion de la crise de la rue Léopold a été impeccable, tant au niveau opérationnel qu’à celui de la communication, qui était claire et précise. C’est un homme proactif qui sait anticiper en situation de crise”, confie un employé de la Province qui a côtoyé Jean-Marc Gilissen lors d’exercices catastrophe organisés dans la région, ainsi que sur les lieux d’accidents comme l’explosion de l’usine Chimac-Agriphar d’Ougrée en 2005, l’incendie dans les Fagnes en 2010 ou la tragédie de la rue Léopold.

Volontiers décrit (même par ses détracteurs) comme un homme très intelligent, facilement abordable, modeste et qui n’a qu’une seule parole, on dit également de Jean-Marc Gilissen qu’il a probablement trop laissé faire “ses” pompiers, souvent réfractaires (il le savait) à une autorité pure et dure. Difficile dès lors d’imposer le respect à ces fortes têtes. Mais elles auraient sans doute préféré son retour à la nomination probable du major Schevenels (voir ci-dessous) qui, lui, ne badine pas avec la discipline.

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