Un potager qui crée des liens

Au cœur des logements sociaux des Vennes, des légumes sortent de terre.

Isabelle Lemaire
Un potager qui crée des liens

Des carottes, des courgettes, des petits pois, des fraises, des poireaux, de la laitue, des tomates ou des aubergines qui poussent dans le jardin intérieur d’un bloc de logements sociaux du quartier des Vennes, voilà qui n’est pas banal ! Cette initiative, on la doit à Christophe Pire, coordinateur à la Ville de Liège pour le Plan fédéral des grandes villes. Il a eu l’idée de réunir des locataires sociaux des Vennes autour d’un projet de potager communautaire, une première à Liège.

"Début 2013, on a invité les résidents des logements sociaux du quartier et on leur a présenté le projet. Il s’agissait de récupérer une centaine de m2 de pelouse de la cour intérieure d’un des blocs de l’avenue Reine Elisabeth pour y faire un potager qui serait géré collectivement par les habitants. Les objectifs étaient de lutter contre l’enfermement social, de favoriser les rencontres entre les locataires mais aussi de leur permettre de se réapproprier les lieux et de manger sainement puisque le potager est bio et que la récolte est partagée entre les autocultivateurs", explique Christophe Pire.

Des amitiés se nouent

Six personnes, qui n’avaient pour la plupart que des bases en jardinage, s’engagent alors dans la démarche, lancée en mars. Elles sont initiées à la culture des légumes par Marc, un jardinier professionnel. Parmi ces six jardiniers en herbe et les plus investis, il y a Francine et Monique qui habitent un logement social des Vennes depuis une petite dizaine d’années. Avant de s’occuper du potager, elles ne se connaissaient pas. Leurs liens d’amitié et de complicité sont désormais évidents. "Depuis que j’habite en appartement, la nature me manque. Ce projet m’a permis d’assouvir mes envies de prendre l’air et je me suis fait une dizaine d’amis", raconte Francine. "Au Congo, d’où je suis originaire, j’avais toujours eu des potagers. J’aime faire pousser la vie et bien manger", indique Monique.

Les autocultivateurs ont géré entre eux le travail à accomplir dans le potager. "Pendant l’été, il fallait arroser régulièrement car il a fait très chaud. On a communiqué par sms pour savoir qui venait s’occuper de l’arrosage, de l’entretien et quand. Chacun a participé quand il le voulait", signale Francine.

Les deux Liégeoises à la main verte sont ravies de s’être impliquées dans ce projet de potager. "Au niveau gustatif, ces légumes que nous avons fait pousser sont incomparables avec ce que l’on trouve en magasin ! Et puis, il y a le plaisir de la cueillette et la découverte de légumes oubliés comme les bettes", souligne Francine. "Le potager a suscité l’intérêt des voisins. Certains sont venus nous trouver pour nous demander : "Qu’est-ce que c’est comme légume ? Comment ça se cuisine ?" On a d’ailleurs donné bien volontiers quelques légumes à ceux qui en ont demandé", ajoute Monique. En quelques mois d’existence, le potager communautaire n’a subi aucun acte de vandalisme. "Seul un chou rouge a disparu. Ca m’a fait mal au cœur; on n’en avait que deux…", déplore Monique.

Fortes de leur nouveau savoir, ces cultivatrices urbaines pourront le transmettre à d’autres habitants. A long terme, le projet, soutenu par la Ville et le Plan fédéral des grandes villes, a pour vocation à s’étendre à tous les blocs d’immeubles sociaux du quartier. Nul doute que Francine et Monique seront de la partie pour poursuivre cette petite entreprise très nature.

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