Liège: un accueil des SDF à revoir ?
A Liège, un lit sur deux en abri de nuit est occupé par un migrant en transit.
Publié le 07-11-2013 à 05h39 - Mis à jour le 12-11-2013 à 22h20
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L’hiver approche à grands pas et, depuis le 31 octobre, le Plan Grands froids a été lancé en Wallonie. Ce dispositif, qui consiste à ouvrir des places d’accueil de nuit (abris, lits d’urgence, maisons d’accueil, casernes…) pour les sans domicile fixe et les plus précarisés, prendra fin le 31 mars. En province de Liège, ce sont ainsi 122 lits qui seront mis à disposition (103 à Liège et Seraing et 19 à Verviers) afin que personne ne meure de froid dans la rue. Cet hiver, en cas de froid morbide, c’est-à-dire quand les températures nocturnes descendent à au moins -3°, la SNCB a décidé de laisser ses gares ouvertes toute la nuit. La Croix-Rouge ouvrira ses locaux en journée, tout comme certaines maisons intergénérationnelles de la province.
A l’association Thermos, l’abri de nuit de 22 lits a ouvert le 28 octobre. Et on affiche déjà quasiment complet, comme l’explique sa responsable Martine Maréchal, rencontrée vendredi dernier. "Nous comptabilisons 29 personnes inscrites, dont une seule femme et sept Belges. Chaque nuit depuis lundi, 20 de nos lits sont occupés. Le public accueilli est composé d’un tiers d’habitués et de deux tiers de nouveaux, des personnes qui viennent de débarquer à Liège, des migrants souvent de passage".
Liège, ville de transit
Cet afflux de migrants et de sans papiers, déjà constaté les années précédentes, n’est pas sans poser quelques problèmes. "Certains de nos bénéficiaires liégeois ne viennent même plus à l’abri parce qu’il y a trop d’étrangers. Ils occupent un grand nombre de lits et cela crée des tensions dans les lieux d’hébergement. On prend des dispositions pour qu’il y ait une tournante au niveau des bénéficiaires (N.D.L.R. : toute personne a droit à un hébergement pendant sept nuits d’affilée) mais ce sont toujours des étrangers qui viennent s’inscrire. Des filières de passeurs semblent à l’œuvre puisqu’on a découvert sur un document en possession d’un hébergé que Liège était renseigné comme une ville où l’on pouvait s’arrêter. Il faudrait que les autorités fassent passer le message que la Belgique n’est pas une terre d’accueil et, en cas de surnombre dans les demandes d’hébergement, l’on devrait pouvoir privilégier les gens ayant un ancrage local", affirme Martine Maréchal.
C’est que la législation wallonne en la matière prévoit un accueil inconditionnel dans les lieux d’hébergement. Une décision certes généreuse mais qui engendre des effets pervers. "Cela créée un appel d’air avec l’arrivée de ces migrants qui occupent en moyenne un lit sur deux. De plus, ce genre d’accueil humanitaire est contre-productif par rapport à un travail éducatif qui doit être entrepris avec les bénéficiaires pour tenter de les sortir de leur situation et de l’assistanat. J’estime que, s’il n’y a pas de place pour tout le monde, les lits disponibles doivent être prioritairement réservés aux Liégeois. L’accès aux abris doit rester inconditionnel mais l’accueil devrait être conditionné à quelque chose", indique Yvon Henry, le coordinateur du Relais social du Pays de Liège qui chapeaute les associations actives dans le secteur de l’accueil des SDF.
Le problème de saturation des abris de nuit liégeois reste donc aigu. L’hiver dernier avait été particulièrement rude et tous les abris avaient affiché complet. Cette année, difficile de prédire de ce qu’il en sera mais, au vu des premières tendances, il y a peu de chances pour que le scénario soit différent.Isabelle Lemaire