Sur les traces des musiques de l’exil
Publié le 18-01-2017 à 08h21 - Mis à jour le 18-01-2017 à 08h22
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L’OPRL met en avant les compositeurs interdits, exilés ou déportés de l’Allemagne nazie.Chaque année, c’est le temps fort de la saison de l’Orchestre philharmonique royal de Liège (OPRL), celui de son festival. Après avoir célébré les femmes l’an dernier, le directeur musical Christian Arming et le directeur général Daniel Weissmann ont choisi cette année de mettre en lumière les grands compositeurs qui ont fui l’Allemagne nazie, ont vu leur musique interdite, ont défendu leur expression artistique jusque dans les camps ou ont été réduits au silence.
De Chostakovitch à Korngold en passant par le jazz "dégénéré" de Gershwin, l’OPRL proposera sept concerts sous le thème "Exils", du jeudi 2 au dimanche 5 février. Nouveauté cette année : l’OPRL a souhaité sortir de ses murs en s’associant avec le Théâtre de Liège, la Cité Miroir et les Concerts de midi de la Ville de Liège qui ont programmé chacun un concert inscrit dans leur propre saison. "Pour moi, un festival doit aussi rayonner à l’extérieur et être un moment de découverte pour tous les publics. Il y a une pertinence à aller dans des lieux qui s’investissent dans le devoir de mémoire comme la Cité Miroir. J’ai aussi voulu décrocher le festival du thème de l’année (Mythes et légendes, NDLR)", explique le directeur général de l’OPRL Daniel Weissmann.
Des compositeurs exilés
Le thème "Exils" s’est imposé car "il me passionne depuis longtemps, cela fait des années que je travaille sur ces compositeurs, des exilés des années 30 à 45. Je me suis rendu compte que, durant cette période, il y avait une énorme richesse en terme de musique. Ces compositeurs ont enrichi les pays où ils se sont exilés. Il est aussi intéressant de voir comment cette musique a pu sauver ou aider certains à survivre. La musique à cette période est liée à la tragédie de l’époque. On y trouve un peu de tout : de la musique de cinéma, du jazz… L’idée du festival n’est pas de faire un parallèle avec notre époque mais de montrer qu’il y a une diversité née d’un temps particulier de l’histoire, précise-t-il. Au fond, ce sont toutes des œuvres intéressantes. Certaines sont poignantes, interpellantes, dû aux circonstances tragiques, d’autres sont méditatives, romantiques…". Enfin, pour Christian Arming, il s’agit également d’un devoir de mémoire.
Au cours de ce festival éclectique, l’Orchestre dirigé par Christian Arming donnera trois concerts en la Salle Philharmonique. Il sera possible notamment d’entendre les œuvres de Chostakovitch (sa Treizième Symphonie "Babi Yar" qui évoque le terrible massacre de 33 771 Juifs dans la ville de Kiev en 1941), Mendelssohn ("Le songe d’une nuit d’été", proscrit par le régime nazi), Krenek et Hindemith (musiciens "dégénérés"), les Slaves Suk et Dvorák… Christian Arming mettra aussi à l’honneur les musiciens exilés aux États-Unis (Korngold, Stravinsky). Ceux-ci y découvrent le jazz de Gershwin (proscrit par le régime nazi). Durant les concerts, une pléiade d’artistes invités jouera aux côtés de l’Orchestre : les chanteurs Jodie Devos, Lore Binon et Alexander Vinogradov, le Chœur Philharmonique Tchèque de Brno, l’altiste de l’OPRL Ralph Szigeti et le pianiste Markus Schirmer.
Par ailleurs, il sera possible d’écouter un récital de piano de Michaël Levinas en la Salle académique, avec au programme des œuvres composées ou jouées par les artistes prisonniers dans le ghetto de Terezín, ou encore la violoncelliste Emmanuelle Bertrand et le pianiste Pascal Amoyel ("Le Block 15") à la Cité Miroir. La création "Après la fin" sera quant à elle à découvrir au Théâtre de Liège. Outre ces concerts, le festival propose aussi des rencontres, une exposition de la plasticienne Marion Zylberman ainsi que des projets pédagogiques.
Infos et réserv. sur www.oprl.be