Les Dames anglaises choisissent la Principauté
Un bulletin du Vieux Liège suit les traces de ces catholiques anglaises.
Publié le 04-03-2019 à 10h40
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Un bulletin du Vieux Liège suit les traces de ces catholiques anglaises.Au XVIIe siècle, l’Angleterre est en proie à une opposition féroce entre catholiques et protestants. En 1606, une jeune femme catholique, Marie Ward, née dans le Yorkshire en 1585, se réfugie à Saint-Omer, en France où elle devient religieuse Clarisse. En 1609, elle obtient l’autorisation d’ouvrir à Saint-Omer un nouvel établissement de Clarisses pour accueillir des postulantes anglaises.
Marie Ward est obsédée par le désir de lancer, pour les femmes, un apostolat semblable à la Compagnie de Jésus chez les hommes. En 1612, elle quitte l’ordre des Clarisses, pour créer, toujours à Saint-Omer, une maison de Dames anglaises. Elles vont se considérer comme des religieuses sans jamais être reconnues comme telles par le pape.
Au Mont-Saint-Martin
Le succès rencontré inspire à Marie Ward le désir de créer d’autres maisons et c’est Liège, capitale d’une principauté indépendante, qu’elle choisit. En décembre 1616, une quinzaine de dames arrivent à Liège. Elles s’installent d’abord dans un refuge de l’abbaye Saint-Laurent puis à divers endroits de la ville. De quoi susciter l’intérêt d’un bulletin de la Société Le Vieux Liège (1) signé par Bruno Dumont, directeur d u bulletin .
L’ouvrage suit les traces liégeoises de ces Dames anglaises et propose aussi une étude intéressante sur les maisons canoniales au Mont-Saint-Martin. Il s’agit ici d’un travail de recherche extrêmement minutieux et parfaitement étayé par de nombreuses références, photos et documents.
Le commencement de la fin
Dans leur institut, un internat accueillait des jeunes Anglaises issues de milieux aisés. Un externat était ouvert pour des jeunes filles de la population locale. Marie Ward quitta Liège pour aller créer des maisons en Allemagne et même à Rome.
Très vite, à Liège, le succès est au rendez-vous, mais les oppositions sont aussi très pressantes, et ce, y compris de la part de certains milieux du clergé catholique. Les calomnies pleuvent sur cette compagnie de Jésus au féminin. Les difficultés, notamment financières, s’amoncellent et, en 1630, la suppression du collège liégeois des Jésuitesses anglaises est décrétée par le prince-évêque Ferdinand de Bavière à l’invitation du nonce de Cologne.
Marie Word, qui se trouvait à Munich est arrêtée le 7 février 1631. À Liège, le 13 février 1631, dans un contexte quasi rocambolesque, le nonce fait arrêter la visitatrice Winefrid Wignore qui sera finalement libérée en novembre. Marie Ward, en très mauvaise santé, reviendra à Liège en 1638. L’année suivante, elle rentre en Angleterre où elle s’éteint en 1645.
Depuis novembre dernier, deux plaques murales ont été apposées rue des Bégard et rue Pierreuse pour commémorer le séjour liégeois des Dames anglaises.
(1). Bulletin de la Société royale Le Vieux Liège (n° 355-356-357) - Bruno Dumont -25 euros - Tél. : 04 223 40 65.