Future passerelle Saucy : un manque d’ambition architecturale ?
Liège L’absence de concours d’architecture préalable étonne certains observateurs.
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Publié le 25-03-2021 à 07h00
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Voici une quinzaine de jours, Liège découvrait avec un certain étonnement que "sa" passerelle (Saucy), allait être complètement démolie afin de faire place à un nouvel ouvrage. Point de faiblesse dans sa structure, juste une inadéquation avec le trafic fluvial (et ses deux piles gênantes dans la Meuse) mais aussi avec le flux des cyclistes qui augmente. La solution est donc radicale… Mi-mars, l’avis de marché pour l’étude de son remplacement était publié. Mais aujourd’hui, certains observateurs s’étonnent dans le milieu : pourquoi n’organise-t-on pas un concours d’architecture ? Cette question, c’est Laurent Ney, ingénieur et architecte connu en région liégeoise pour avoir "dessiné" le déjà célèbre double pont de Tilff (qui sera inauguré en juin prochain), qui la pose. Pour le spécialiste en effet, la procédure lancée mènera inévitablement à un projet qui manque d’ambition…
"Quel a été mon étonnement de voir que les critères d’attribution de ce marché sont pour 49 % le prix et pour 51 % la qualité de la méthode. Le mot architecture n’est même pas mentionné ! Contrairement aux démarches que l’on peut retrouver partout en Europe, c’est ici une procédure inadaptée qui a été mise en place et qui ne donne aucune garantie sur la qualité de l’auteur de projet choisi et encore moins sur la qualité architecturale de la future passerelle. Je trouve que ceci est totalement inacceptable", explique Laurent Ney, insistant sur le caractère emblématique de cette passerelle.
Prématuré
Au cabinet du ministre Philippe Henry, on ne comprend pas la critique, qui serait simplement prématurée dit-on. En outre, "ce critère d’architecture est déjà intégré dans le volet qualité de la méthode", nous assure-t-on. "Dans les capacités techniques et professionnelles demandées, on trouve des ingénieurs civils en construction et un architecte avec 15 ans minimum d’expérience dans la construction d’ouvrages d’art. Ceux-ci doivent au moins avoir déjà reçu un prix ou une distinction octroyée pour sa qualité d’auteur de projets pour la conception d’un ouvrage d’art".
Mais pour Laurent Ney, l’argument ne tient pas. Car c’est maintenant que le concours d’architecte prend tout son sens dit-il encore… "Clairement, on fait les choses à l’envers et l’auteur de projet n’aura plus les coudées franches pour prendre des décisions. J e ne comprends pas la frilosité du SPW. Avec cette manière de faire, on condamne toute créativité".
Monsieur Pont de Tilff
On se doute qu’une certaine passion anime l’observateur avisé qu’est Laurent Ney, lui qui œuvre dans le domaine depuis de longues années déjà. Laurent Ney en effet, c’est aussi celui qu’on appelle désormais en région liégeoise Monsieur Pont de Tilff. Car c’est à lui et à son équipe qu’on doit la conception de ce pont qui, après de nombreuses années de débats tendus sur son remplacement (à l’identique et/ou au même endroit), a sorti de son chapeau une solution permettant de ne pas couper le village en deux tout en by-passant le chemin de fer. Solution qui est en cours de finalisation et dont on peut déjà apprécier la silhouette, enjambant l’Ourthe de manière élégante ; plus qu’un pont, il est déjà une attraction touristique.
Mais Laurent Ney c’est aussi le fondateur de Ney&Partners donc, ce bureau d’architecture et d’ingénierie qui occupe aujourd’hui 110 personnes, dont le bureau principal est basé à Bruxelles et qui a aussi posé ses valises à Namur, Luxembourg, Bordeaux, Tokyo, Delft et Hanoï. L’entreprise a acquis une renommée internationale en tant que concepteurs de ponts et passerelles, d’infrastructures sportives, de gares ferroviaires et de tramway et, plus généralement, de tout ce qui concerne le développement urbain.