Comment Liège veut devenir neutre en carbone d’ici 2050 !
Environnement Le bourgmestre et l’échevin de la Transition écologique présentent le nouveau Plan Climat.
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Publié le 08-06-2021 à 18h05 - Mis à jour le 08-06-2021 à 21h33
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Dans l’ombre, depuis un peu plus d’un an maintenant, des experts œuvrent à concevoir la ville du futur : celle où la qualité de l’air est optimale, où les îlots de chaleur sont inexistants, une ville qui laisse une place majeure à la mobilité douce et où la consommation d’énergie est raisonnée. Cette ville, c’est Liège… en 2050. Depuis plusieurs mois en effet, un groupe d’experts (bureaux Icedd, Factor X et EcoRes) est engagé pour élaborer la colonne vertébrale du Plan Air Climat de la Ville de Liège. Un projet ambitieux dont l’objectif est, en partant d’un constat chiffré des émissions sur le territoire, de définir de façon précise et par secteur les actions à mener.
Pour faire quoi ? Précisément pour rencontrer ces engagements que Liège a fixé. Une sorte "to do" liste pour le moins audacieuse puisque, si la Cité ardente reconnaît être en retard (n’ayant jamais rentré de document du genre), ce plan lui permettra même de porter l’ambition plus haut que l’exige la convention des Maires à laquelle elle adhère, soit à une réduction de 55 % des gaz à effet de serre d’ici 2030 et, objectif suprême, à une neutralité carbone d’ici 2050 ! Rien que cela…
Ce mardi 8 juin en soirée, le précieux document devait être porté à la connaissance des élus communaux lors de la Commission générale, avant un passage devant le conseil communal, le 28 juin prochain. Willy Demeyer, bourgmestre de Liège et Gilles Foret, échevin de la Transition écologique, nous ont présenté les grandes lignes de ce plan qui devrait, en quelque sorte, révolutionner la vie en ville.
"Ce que nous voulons, c’est simplement continuer à bien vivre, ici", entame Willy Demeyer. Entendons ici, sous nos latitudes… En observant les indicateurs environnementaux, l’alerte rouge est en effet donnée et, pour éviter que la vie en zone urbaine ne devienne un enfer, demain, des actions sont à mener de manière imminente.
Le résidentiel
"Une mesure forte serait déjà, simplement, de mettre du double vitrage partout", explique-t-il. "Ce n’est pas sexy, mais cela aurait un impact considérable, comme tout ce qui touche au logement d’ailleurs". Le bourgmestre de Liège sait qu’il dit juste puisque, selon l’étude menée par les experts, près de 80 % des émissions à Liège sont liées aux bâtiments existants et plus de 50 % à leur chauffage. Précisément, 39 % sont dues au résidentiel et 38 % au non-résidentiel, le reste étant partagé par le transport (21 %) et une petite partie par les bâtiments communaux (2 %). En agissant sur son unique patrimoine, comme avec la Cité administrative bientôt zéro carbone, Liège ne réglera rien ; elle doit inciter. "Mais je suis persuadé que cela fonctionnera car l’idée de développement durable est aujourd’hui intégrée dans la gestion de la ville", insiste le mayeur.
Agir sur le résidentiel est donc une piste, mais pas la seule. Comme l’indique Gilles Foret, "50 actions ont aujourd’hui été identifiées, dont 30 sont prévalidées et ces 30 actions représentent 75 % du chemin [NDLR : vers une neutralité carbone]". Ce document est donc majeur insiste l’échevin qui compte en faire une référence pour que Liège soit, aussi, pionnière en la matière.
Dans le résidentiel, on retiendra ainsi des actions comme "la rénovation des immeubles à appartements en copropriétés", explique l’échevin. Mais aussi des primes à l’audit des logements précaires, des groupements d’achat accompagnés de travaux de rénovation énergétique.
Mobilité et industrie
Autre secteur majeur d’action, le transport. Ici, on connaît déjà les investissements annoncés pour le tram, les parkings relais ou pour la mobilité cyclable, mais il y a aussi ces mesures connexes comme l’indemnité vélo pour les employés communaux, la promotion de la livraison à vélo, du covoiturage pour les activités tertiaires, "y compris les écoles", insiste l’échevin. Sans parler de la mobilité piétonne qui sera, demain, privilégiée aussi. "Rien que le tram, ce sera 50 ha d’espace public réhabilité". La voiture ne sera plus (du tout) reine.
Et puis il y a les secteurs du tertiaire et de l’industrie où des actions comme où la rénovation énergétique est avancée comme piste privilégiée. Sans oublier le patrimoine et les services. Ici, la Ville a clairement la main avec la rénovation de sites particuliers dont les piscines, le renouvellement du parc automobile, la promotion de la mobilité alternative pour les agents ou encore le plan de remplacement de l’éclairage public.
Le chemin est, on l’a compris, long et parsemé d’embûches et Liège devra ici trouver de multiples sources de financement. "Mais ce qui compte, c’est de préparer nos dossiers", insiste Willy Demeyer, "quand on voit qu’une ville comme Paris y arrive, pourquoi pas Liège ?"
Des idées déjà validées et d'autres... qu'il faudra faire digérer aux Liégeois !
Une cinquantaine d’actions sont donc avancées pour faire de Liège une cité neutre en carbone… mais seulement 30 sont prévalidées. Quid du reste ? Clairement, certaines actions, si elles s’annoncent utiles pour “l’air” de Liège, risquent de ne pas passer le cap de la validation, dans le secteur du transport notamment. Ici, une recommandation vise notamment à réduire l’espace dévolu à la voiture (dont les parkings en surface) en ville, de l’ordre de 5 % par an, de manière à rendre ces espaces aux modes doux. Une autre avance la mise en place d’une zone 30 km/h dans l’intégralité du territoire… idée qui semble séduire l’échevin et le bourgmestre. Qui cependant pour veiller aux grains ? Et quid sur les routes régionales ? L’idée divise. Autre mesure qu’on qualifiera d’impopulaire : la réduction du trafic entrant par application d’un péage urbain. Le bourgmestre confirme ne pas y adhérer…
Parmi d’autres actions qui sont encore à encommissionner, citons, dans le secteur industriel et tertiaire, le fait de faire basculer les plus gros émetteurs au chauffage bois, la rationalisation des usages énergétiques dans l’industrie. Au niveau du Patrimoine et des services, on parle d’une diminution du parc de voitures mais aussi de feux de signalisation et de l’éclairage patrimonial en Led.