Le château de Chokier bientôt mis en vente ?
La société familiale propriétaire n’aurait pas les moyens de sa restauration.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/e8ef4dcf-15bf-4891-89fc-f772eeddfc03.png)
Publié le 22-02-2023 à 06h00 - Mis à jour le 22-02-2023 à 17h24
Érigé sur un promontoire rocheux, surplombant la Meuse et le village homonyme, le château (classé) de Chokier était ravagé en mars 2017 par un violent incendie accidentel, réduisant en cendres une grande partie de celui-ci. Dans la foulée, des travaux d’urgence de sécurisation du bâtiment (incendie, stabilité…) étaient réalisés. Une toiture plate provisoire était également posée en 2020 sur la partie incendiée du château. “Le bâtiment étant classé, la procédure est fastidieuse”, nous confiait à l’époque la copropriétaire, enchaînant les réunions de patrimoine avec l’Awap. Mais depuis, plus rien.
”Il n’y a plus eu d’impulsion des propriétaires depuis 2020”, nous indique l’Awap. “Or, d’elle-même, la Région ne peut pas intervenir. C’est au propriétaire de faire les démarches pour obtenir les subsides nécessaires à la restauration et reconstruction du château”. La Région pourrait prendre des mesures d’urgence mais uniquement en cas de nécessité pour la sécurité publique. Pour éviter à l’avenir pareille situation d’abandon et dégradation de son patrimoine classé par du privé, le Code du patrimoine serait en cours de révision. Il s’agirait ainsi de permettre à la Région de reprendre la main sur un bien patrimonial après plusieurs années d’abandon par son propriétaire.
Inquiétudes
Le 14 février dernier, les membres de l’ASBL de défense du patrimoine Communauté Historia ont rencontré les autorités communales de Flémalle afin d’évoquer la situation du château.
”Les anciens salons touchés sont complètement à découvert. Les réparations urgentes au niveau de la toiture montrent aujourd’hui leurs limites, exposant le site aux intempéries et dégradations. La charpente provisoire est détériorée et les murs se gorgent d’eau. L’humidité se déplace dans la globalité du château et le patrimoine en pâtit”, s’inquiète Virgil Declercq, président de l’ASBL.
Par ailleurs, “le château subit des dégradations de visiteurs (tags, pillage, vitres cassées…). Les propriétaires n’assurent pas leurs obligations. Nous demandons en urgence la protection et sécurisation du bâtiment par sa fermeture totale (toiture et portes) et la pose de grillages pour limiter sa dégradation”, somme-t-il. “À l’avenir, il faudrait que la Région ait plus de pouvoir pour limiter les dégâts de son patrimoine bâti à partir d’un certain délai d’abandon”.
Vers une vente ?
Renseignements pris, une nouvelle réunion de patrimoine doit avoir lieu en mars prochain entre les propriétaires, le collège communal et l’Awap en vue d’une demande de permis d’Urbanisme, et ce “pour clôturer le site”, nous précise Emmanuel Boland, administrateur de la société familiale Seprim, propriétaire du château, qui rappelle que les premiers travaux de préservation par une couverture minimum du bâtiment avaient coûté à l'époque une centaine de milliers d’euros. “Et récemment, nous avons réalisé des travaux de sécurisation, avec détection anti intrusion”. Quant aux travaux de restauration, “ce n’est pas prévu à l’heure actuelle”. “Il est fort probable que la société vende le château”, révèle l’administrateur.
La société familiale ne pourrait en effet plus assumer seule la rénovation de son bâtiment. Celle-ci aurait bien touché l’argent de l’assurance suite au sinistre fin d’année, mais aurait subi une importante taxation sur la somme. “Si tel est le cas, nous encourageons les propriétaires vers une mise en vente rapidement afin de trouver un repreneur capable de restaurer cet édifice patrimonial en danger”, souligne la Communauté Historia.
De son côté la commune dit ne pas avoir les moyens pour le racheter, au vu des crises successives. “C’est un bien privé. En tant qu’autorité communale, on ne peut rien faire”, note l’échevine de l’Urbanisme Véronique Passani. “Les personnes qui vont le racheter pourront demander des subsides pour sa réhabilitation”, à hauteur de 66 % du côté de la Région, plus de 20 % de la province et 1 % de la commune. “C’est un patrimoine communal. Le moindre projet aura notre soutien”.