Prieuré d’Amay : un incendie volontaire ? "Difficile de croire que ça pourrait être un court-circuit"
La question est sur toutes les lèvres. S’agit-il d’un incendie volontaire ? Une enquête judiciaire pourrait être ouverte ce lundi.
Publié le 27-02-2023 à 09h34
Devant le Prieuré en feu, les autorités communales et une cinquantaine de citoyens ont assisté, impuissants, à la scène. L’incident a suscité de vives réactions, notamment liées à la polémique du projet sur le futur du site. "C’est bien triste. C’est un monument de notre commune, s’attriste une voisine. Je suis venue voir ce qui se passait lorsque j’ai vu les flammes. C’est un déploiement important. Personnellement, ça me fait une pointe au cœur de le voir ainsi en feu." Un avis contrebalancé par un autre riverain davantage animé par la colère. "Si on s’était préoccupé plus tôt de ce bâtiment, on n’en serait pas là. C’est un bâtiment qui existe depuis 1902 et on l’a laissé à l’abandon pendant 10 ans. C’est bien la preuve qu’on ne pouvait laisser un tel chancre au milieu des habitations." Mais quant à la nature de l’incendie, les autorités policières (qui ont visiblement entamé une enquête de voisinage) n’ont toujours aucune information à communiquer. "On reste ouvert à toutes les options. Nous ferons le point demain et nous verrons s’il y a lieu de lancer une enquête judiciaire ou non, explique le commissaire Michel Dubois. Cela dépendra des premiers avis rendus par les pompiers."
Quelles sont les pistes qui pourraient être explorées ? Ce n’est un secret pour personne, le site était régulièrement occupé par des "squatteurs". "Il y a des éléments clairs et objectifs qui permettent de dire que le bâtiment était régulièrement occupé par des personnes qui n’avaient pas à y être. Il y a déjà eu des incidents par le passé mais jamais de cette ampleur, rappelle Michel Dubois. L’électricité était normalement coupée donc c’est difficile de croire que ça pourrait être un court-circuit. L’enquête déterminera dans tous les cas ce qui s’est passé."
Horizon avait pour projet de construire 51 logements et une maison médicale sur le site du Prieuré…
C’est un projet qui a fait couler beaucoup d’encre. Et soulevé une contestation populaire. Alors, aujourd’hui, évidemment, on se demande ce qu’il va en devenir, de ce programme immobilier porté par Horizon Groupe, qui envisageait de détruire les bâtiments du Prieuré pour construire sur le site 51 logements ainsi qu’une maison médicale.
Fin 2021, la Commune d’Amay avait d’ailleurs délivré un permis en ce sens au groupe liégeois. Mais un collectif de citoyens (pour partie membres des "Amis des pierres", défenseurs du patrimoine local) avait introduit un recours en annulation au Conseil d’État. Un auditeur avait alors rendu un rapport, qui avait amené la Commune à revoir sa position et à retirer le permis accordé. Selon ce rapport, le projet au Prieuré s’écartait en effet trop du schéma de développement communal au niveau de la densité et du guide communal d’urbanisme (sur l’emprise de construction, le gabarit des volumes principaux, les matériaux de parement et de toitures, le nombre de stationnements…)
Le 5 septembre 2022, Horizon Groupe proposait alors un projet modifié tenant compte de toutes ces remarques. Et dans sa nouvelle demande de permis, aussi une demande de modification de voirie à la rue des Larrons, que le promoteur imaginait bien à sens unique et avec un trottoir. Avant finalement de revenir quelques semaines plus tard sur cette idée et de proposer une rue toujours à double sens mais élargie. "Avec le recul, ce sens unique dans la descente est en effet une mauvaise idée, confiait à l’époque Julien Dutrieux, responsable du développement immobilier pour Horizon Groupe. En cas de gel, ce serait hyper-dangereux et les habitants des rues du haut du Prieuré auraient été fort pénalisés."
Depuis cette dernière volte-face, le dossier suivait son cours. Avec par contre la volonté partagée, de tous les côtés, d’avancer pour mettre rapidement un terme au chancre qu’était devenu le site, fort prisé des squatteurs et des passionnés d’urbex (exploration urbaine). Mais voilà. Le bâtiment maintenant ravagé, on imagine que les cartes pourraient être complètement rebattues.