Un hibou grand-duc s’installe à Liège et dératise le parc du Jardin botanique !
Le plus grand rapace nocturne d’Europe a élu domicile au cœur de ce quartier liégeois… et il semble y trouver son compte.
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Publié le 16-05-2023 à 08h57 - Mis à jour le 16-05-2023 à 09h28
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Il n’y a sans doute pas de hasard car il n’aurait pas pu mieux tomber, tant pour se nourrir que pour être “observé” par des spécialistes. Mi-avril, un hibou grand-duc, soit le plus grand rapace nocturne d’Europe, a été repéré au cœur de Liège, sur les hautes cimes des arbres du parc du jardin botanique. Depuis, il effectue ici un travail que jalouseraient les meilleurs services de dératisation du pays puisqu’il se nourrit exclusivement… des rats présents dans le parc. Et ce, en abondance. Non, cette arrivée providentielle n’a pas été commandée par le service “propreté” de la Ville mais elle semble se dérouler dans de très bonnes conditions. C’est du mois ce que nous “racontent” les nombreuses pelotes de réjection observées par les spécialistes venus prêter main-forte aux autorités et aux pompiers liégeois. Deux tentatives n’ont, pour l’heure, pas permis de mettre la main sur ce rapace qui se serait échappé. Il vivait en effet en captivité.
Des lacets aux pattes
Selon toutes vraisemblances, le hibou qui s’est “posé” dans le parc liégeois mi-avril, est un animal qui vivait donc en captivité. “Celui-ci a en effet des lacets aux pattes”, nous précise-t-on à l’échevinat du Bien-être animal ; échevinat qui n’avait pas été directement contacté, tout simplement car l’animal semble bien se porter à merveille. Un hibou grand-duc en plein centre-ville, cela reste toutefois inhabituel, d’aucuns en conviennent.
”Ce sont des collègues à moi qui l’ont remarqué”, nous explique Antoine Derouaux, ornithologue chez Natagora, qui travaille au sein de l’équipe liégeoise, logée dans les bâtiments du jardin botanique. Pouvant atteindre 1,80 m d’envergure, l’animal a rapidement été identifié par les spécialistes et, vu les lacets fixés à ses pattes, les services des pompiers ont été appelés afin de capturer l’animal, ne serait-ce que pour voir si ce dernier avait besoin de soins…
”J’ai été contacté par l’association pour réaliser l’opération”, poursuit Olivier Maeckelberghe, spécialiste animalier qui s’occupe souvent des rapaces. “Mais quand j’y suis allé aux alentours du 20 avril, j’ai vite vu qu’il allait bien. Il ne voulait pas de l’appât, car il n’avait tout simplement plus faim. Et j’ai observé de nombreuses pelotes de réjection dans lesquelles on retrouve des mâchoires de rats”. Depuis plusieurs semaines déjà, le hibou grand-duc vide le parc du Jardin botanique de ces nuisibles.
”Une deuxième intervention a été réalisée avec les pompiers mais lorsque la nacelle s’est approchée, il est parti, c’est un animal assez timide qui n’aime pas être dérangé”.
Le rapace semble donc avoir la belle vie au parc du jardin botanique. “Il a ici de nombreux rongeurs à sa disposition”.

150 couples en Wallonie
Comment toutefois a-t-il pu se retrouver dans une zone si urbanisée ? Antoine Derouaux ne s’en étonne pas, même si cette visite reste insolite. “Le hibou grand-duc était en effet très rare dans les années quatre-vingt en Belgique mais depuis sa réintroduction en Allemagne notamment et la diminution de l’utilisation de certains pesticides, on a vu sa population évoluer positivement. Depuis les années nonante, on le voit plus souvent dans des carrières et dans plusieurs villes en Flandre”. On a recensé aujourd’hui 150 couples en Wallonie. “En fait, c’est une espèce très opportuniste”, poursuit l’ornithologue… qui a donc trouvé ici tout ce dont elle avait besoin. Pour du long terme ? “C’est peu probable même si ce n’est pas exclu. Celui-ci vivait en captivité et il est seul”… Il devrait donc partir quand la situation le nécessitera doit-on comprendre ; à part s’il est rejoint ou si “elle” est rejointe (on ignore le sexe à ce stade), par un autre hibou afin de se reproduire.
Mais pas tant qu’il y aura des rats à dévorer voire d’autres espèces (lire ci-après) ; et les hauts arbres du quartier lui vont à merveille pour l’instant. Animal nocturne, il sait se faire discret, même en ville mais il est loin d’être invisible. N’hésitez pas à lever les yeux si vous passez dans le coin.
Il peut aussi se nourrir de renards… et de chats !
Observer un tel prédateur dans un centre-ville reste insolite et cette situation ouvre la porte à de nombreuses questions… dont celle relative à la sécurité de la faune locale, voire à celle des Liégeois. Les spécialistes interrogés sont catégoriques : le hibou grand-duc ne représente aucun danger pour l’homme. Pour d’autres animaux présents toutefois, c’est moins sûr.
”Il se nourrit actuellement de rats car c’est le plus facile mais il peut effectivement s’en prendre aux oies bernaches voire aux canards”, explique Antoine Derouaux. D’autres animaux présents en ville comme les lapins et les hérissons sont aussi des proies potentielles, poursuit l’ornithologue. Et selon ce dernier toujours, un prédateur comme le hibou grand-duc peut aussi s’en prendre aux renards voire aux chats, nombreux à rôder dans le parc la nuit. Opportuniste, le grand-duc l’est… ne dit-on pas que faute de grives, on mange des merles ?
