Cette statue de saint Domitien, au musée de Huy, raconte comment il a sauvé la ville
Au Musée communal de Huy, on ne peut passer à côté de cette belle pièce: une statue de saint Domitien (1850), le protecteur de Huy qui a terrassé le dragon pollueur de la source.
- Publié le 10-09-2023 à 10h43
Dans les dédales du musée communal de Huy, on pourrait passer à côté d’elle, sans même la remarquer. Cette statuette de plâtre d’une trentaine de centimètres de haut est pourtant une pièce maîtresse du musée hutois.
Évêque de Tongres
Elle représente saint Domitien, évêque de Tongres-Maastricht, un personnage bien connu en bord de Meuse. Mort en 558 ou en 560 selon les écrits, le théologien était originaire de Huy. Selon la légende, il aurait débarrassé la ville de Huy d’un dragon qui infectait l’eau d’une fontaine. Le dragon venait s’y baigner et il en coûtait la vie à tous ceux qui en buvaient l’eau. "Le saint s’est mis à prier devant le dragon, la terre s’est alors ouverte et a avalé le dragon", explique Frédéric de Barsy, conservateur du musée avec Bernadette Latinne. Une fois l’animal disparu sous terre, le prélat frappa le sol à l’aide de son bâton pastoral et une eau limpide surgit. On dit même que la source fut ensuite miraculeuse, guérissant des fièvres et des maladies. "Cette histoire symbolise la victoire du christianisme (le saint), sur le paganisme (le dragon)", résume Bernadette Latinne. Saint Domitien est ainsi le premier patron de la ville de Huy, son protecteur. D’ailleurs, la collégiale de Huy, en plus d’être consacrée à la Vierge Marie, est aussi dédiée à saint Domitien, depuis 1933.
La statue du musée, datée de 1850, a été réalisée en plâtre peint par Auguste Geedts, issu d’une famille de sculpteurs installée à Huy. Cette famille d’artistes a réalisé une importante production d’œuvres au XIXe siècle dont cette statue qui a probablement été produite en plusieurs exemplaires.
Ici, le saint est représenté en Évêque de Tongres, avec sa mitre et sa croix. "Une de ses mains a malheureusement disparu." On y voit, sous ses pieds, le dragon vaincu. "Il a la langue pendante, pour montrer qu’il rend l’âme, avec un côté naïf, détaillent les deux conservateurs. Il est écrasé par le pied gauche du saint, la gauche symbolisant le mal." Le dragon, avec ses écailles, ses ailes, ses pattes griffues, ses dents pointues et sa crête dorsale, était souvent considéré comme le mal. Au Moyen Âge, il représentait même le mal absolu…
Aussi sur le Bassinia ou à la collégiale de Huy
On retrouve de nombreuses évocations de saint Domitien sur le territoire de la ville de Huy, comme un nom de rue (rue Saint-Domitien), une statuette en bronze le représentant sur la fontaine du Bassinia ou encore la châsse de saint Domitien, une œuvre d’orfèvrerie mosane rassemblant quelques reliques du saint évêque de Tongres, au Trésor de la collégiale de Huy.