L'habitat pour tous, un droit ?

Le "droit à l'habitat pour tous", c'est ce que Luttes Solidarités Travail, mouvement de lutte et d'éducation permanente, ne cesse de réclamer et qu'il a rappelé en présence de nombreux militants en cette journée mondiale du refus de la misère. En remettant en question les politiques du logement de la Région wallonne.

Chantal Godard

Le "droit à l'habitat pour tous", c'est ce que Luttes Solidarités Travail, mouvement de lutte et d'éducation permanente, ne cesse de réclamer et qu'il a rappelé en présence de nombreux militants en cette journée mondiale du refus de la misère. En remettant en question les politiques du logement de la Région wallonne.

"La dernière version du code du logement n'assure plus une régulation du marché du logement par les pouvoirs publics. Le logement est de plus en plus inaccessible pour les plus pauvres", clame Luc Lefebvre. Ce responsable de LST critique la politique d'accompagnement et de stigmatisation telle qu'exercée par les services sociaux vis-à-vis de cette population en mal de logement décent, ou sans logement, avec une fâcheuse tendance des pouvoirs publics à ouvrir les logements sociaux aux tranches de revenus plus élevées, "ce qui manifeste du glissement de plus en récurrent de leur rôle de régulation".

Plusieurs témoignages ont corroboré ce constat. Les paradoxes sont maintes fois soulignés. L'habitat en camping est souvent préféré par les personnes précarisées qui s'y sentent au calme, au vert et avec un loyer proportionnel à leur budget. Là aussi les témoignages d'expulsion fleurissent, sans proposition de relogement.

Certains se sont vus obligés de vendre à bas prix leur maison suite à un accident et/ou d'une perte de revenus. D'autres ont parlé de leur passage dans un abri de nuit et de leur hantise de se retrouver à la rue.Ont été mises en exergue les logiques antinomiques d'institutions telles que le Service d'Aide à la Jeunesse d'une part et le CPAS de l'autre. Philippe Versaille (avocat actif dans LST) a parlé du "paradoxe du frigo" qui lors de la visite de l'assistant social du CPAS doit être vide pour obtenir une aide sociale et qui doit être plein lors de la visite du délégué du Service d'Aide à la Jeunesse pour éviter un placement des enfants.

Présent dans l'assemblée, le représentant du ministre a parlé des avancées posées par la RW : "des subventions vont être allouées pour inciter les propriétaires à remettre en état leurs logements et les donner en gestion aux AIS".

Une exemption du précompte immobilier est accordée depuis 2006 aux propriétaires pour les inciter à mettre en gestion leurs biens immobiliers. "C'est une arme que détiennent les AIS pour négocier à la baisse les loyers avec les propriétaires !" Certaines pistes n'ont pas encore d'effet, comme la chasse aux logements vides au dessus des commerces car "une réserve coûte moins cher au propriétaire que la mise en location d'un appartement qui provoque la hausse du revenu cadastral" : dit encore le représentant du ministre.

Sans parler du problème de la division des maisons unifamiliales en multiples kots pour faire du rapport ce qui empêche l'accès des familles à un logement en ville. Une levier supplémentaire est rappelé par le représentant du ministre : la baisse du taux de TVA à 6 pc pour inciter les communes à construire des logements sociaux. Communes qui dans les semaines et mois à venir seront appelées par la RW à définir leur programme d'investissement en matière de logement.

© La Libre Belgique 2006

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