Le cinéma Eldorado ne fêtera pas ses 100 ans à Namur
La toute dernière séance est prévue ce mardi à 16 heures. Les fidèles sont abasourdis.
Publié le 20-12-2016 à 10h08 - Mis à jour le 20-12-2016 à 10h43
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La toute dernière séance est prévue ce mardi à 16 heures. Les fidèles sont abasourdis.
Le cinéma Eldorado aurait fêté son centième anniversaire en 2018. C’est en 1918 que cette salle de spectacle a ouvert ses portes. Dans un premier temps, c’était pour du cabaret ou du théâtre. L’Eldorado est devenu un cinéma après la Seconde Guerre mondiale.
Dans les belles années, il a attiré jusqu’à 400 000 spectateurs par an. Puis la famille Vanschel, propriétaire de l’Eldorado, a construit le complexe Acinapolis à Jambes. Ce qui a évidemment vidé les salles du centre-ville d’une partie de leur clientèle. Les dernières années, le cinéma ne vendait plus que 150 000 tickets annuellement. Au lieu de célébrer leur centenaire en grande pompe, les 6 salles situées en plein centre-ville de Namur, rue de Fer, fermeront officiellement leurs portes ce mardi après la séance de 16 heures. "On attend un monde fou, confie l’une des employées. D’autant que les étudiants ont fini leurs examens."
On n’aura pas beaucoup de commentaires de la part du personnel, sans doute aussi abasourdi par la nouvelle que le public. C’est une vingtaine de personnes qui se retrouveront au chômage. Les propriétaires, qui possèdent aussi l’Acinapolis de Jambes, tiennent à "remercier de tout cœur les nombreuses générations de cinéphiles ayant fréquenté fidèlement le cinéma".
Le principal argument évoqué par les propriétaires est le manque de rentabilité de ces dernières années. A l’été 2014, Isabelle Vanschel, propriétaire du cinéma, avait déjà évoqué des difficultés d’ordre financier. La Ville de Namur a également été pointée du doigt par cette fermeture. "La faute à qui ? Peut-être une forte concurrence encouragée par la Ville de Namur qui a récemment injecté près de 8 millions d’euros dans le projet de rénovation du Caméo. De son côté, l’Eldorado n’a bénéficié d’aucune aide", souligne la famille Vanschel.
Concurrence déloyale ?
Les détracteurs du Caméo dénoncent que le cinéma d’art et essai n’a pas tenu ses promesses, empiétant sur le terrain de l’Eldorado. "Ils programment du cinéma commercial et personne à la Province ou à la Ville n’a mis le holà ! Ils annonçaient une programmation de qualité, de films d’arts et d’essais, de cinéma belge, de documentaires, courts et moyens métrages", enrage le propriétaire du cinéma de Tamines. A l’affiche, il y a ‘Sully’ de Clint Eastwood, ‘Vaiana’, le dernier Disney, ‘Premier contact’, un blockbuster, et "Les animaux fantastiques", le spin off d’Harry Potter ainsi que le nouveau ‘Star Wars’… Ce n’est pas ce que j’appelle de l’art et de l’essai." Ils ajoutent que les tickets sont moins chers au Caméo, sponsorisé par la communauté Wallonie-Bruxelles et qu’il s’agit d’une concurrence déloyale…
Les autres pointent du doigt le projet de commerces et de logements d’un promoteur immobilier bruxellois. Un projet qui a reçu l’aval de la Ville de Namur et de la Région wallonne. Ce ne seraient pas de si mauvaises affaires que ça, mais une occasion en or de revendre le bâtiment qu’aurait saisie la famille Vanschel. Une offre impossible à décliner qui l’aurait décidée à céder le bâtiment dans lequel des travaux auraient été nécessaires. Toujours est-il que les Namurois sont en deuil ce mardi.