Un impact surprenant de la réforme des rythmes scolaires: boulanger cherche étudiants désespérément
La réforme des rythmes scolaires prive des commerces de leurs jobistes. Comment pallier ce manque de bras ? Exemple à La Roche-en-Ardenne, à la boulangerie-pâtisserie Bourivain.
Publié le 07-02-2023 à 09h41 - Mis à jour le 07-02-2023 à 11h43
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"Une réforme, c’est de l’incertitude à tous les niveaux" lance, philosophe, Maryline Bourivain. Avec son époux, Michaël, elle est à la tête de la boulangerie-pâtisserie éponyme, située au cœur de La Roche-en-Ardenne. Cette réforme, c’est celle des rythmes scolaires. Depuis cette année, en effet, les congés des élèves du primaire et étudiants du secondaire ne "tombent" plus forcément en même temps en Flandre qu’en Fédération Wallonie-Bruxelles. Ce sera ainsi le cas pour les vacances de printemps, anciennement vacances de Pâques. Les Flamands n’iront pas à l’école du 3 au 16 avril, les Francophones, du 1er au 12 mai.
L’établissement travaille avec cinq étudiants
Cette période de Pâques est historiquement synonyme de bonne fréquentation touristique dans la cité rochoise. Dans les commerces, comme celui de Maryline et Michaël, on a recours à des jobistes. Et c’est là que cela coince. "D’un côté nous allons accueillir des touristes et nos étudiants, eux, seront à l’école. Lorsqu’ils seront en congés, tout comme, pour la première semaine de mai, les Hollandais, les jeunes Flamands, eux, suivront leurs cours" explique-t-on du côté de l’enseigne rochoise. Une situation qui n’arrange personne, étudiants jobistes en premier. L’établissement fonctionne, au cours de l’année, avec 5 étudiants qui se relayent en fonction de l’affluence. Et là aussi, c’est l’incertitude: "Nous sommes dans le flou pour cette année. Nous ne savons pas comment cela va se profiler. Nos étudiants souhaitent pouvoir travailler mais techniquement ils ne le pourront pas au moment de Pâques."
Un recours à des flexi-jobs ?
Novembre dernier et la Toussaint pourraient-ils être des indicateurs ? Toute la Belgique avait eu une semaine de congé commune, les Francophones prolongeant de 7 jours. "Ces congés ont été bons sur le plan commercial, sans pour autant être exceptionnels", constate encore Maryline Bourivain. Impossible cependant de se forger une religion pour la suite. Des solutions ? Elle en a bien certaines en tête: "Nous pourrions avoir recours à des flexi-jobs, faire travailler en heures supplémentaire notre personnel ou encore recourir à des étudiants flamands, par exemple ceux qui viennent avec leurs parents en seconde résidence." Mais là aussi, un autre souci est épinglé: celui de la durée du contrat pour les éventuels remplaçants: "Nous ne pourrons pas leur garantir un job sur le long terme. Par exemple, lors des grandes vacances, nos étudiants habituels seront, eux, de retour et ils ne sont pas responsables de ce changement de calendrier scolaire", ponctue-t-on en terre rochoise.
"Nous explorons plusieurs pistes"
À La Roche-en-Ardenne, Sophie Molhan est échevine en charge autant du commerce que du tourisme. Elle nous le concède, elle a été interpellée à plusieurs reprises sur ce problème par des commerçants de sa commune. Et elle sait que la marge de manœuvre est mince. "Nous explorons plusieurs pistes pour épauler nos commerçants, L’Agence de développement local travaille également sur ce problème" note la mandataire.
Du côté de cette ADL, on nous confirme que certaines démarches ont été entamées pour tenter de trouver des solutions: "Nous avons, via Infor-Jeunes, tenté d’entrer en contact avec un centre similaire en Flandre. Une information ciblée pourrait également être faite." On souligne par ailleurs que certains autres problèmes se font jour, comme celui, par exemple, d’un éventuel logement d’un étudiant du nord du pays. Possible dans certains cas. Pas dans tous.