Ce Belge compte ouvrir un parc d’attractions... en France : "On m’a pris pour un fou en Belgique"

En Belgique, on l’a pris pour un fou. Son projet, on n’en a pas voulu. La France s’est montrée intéressée. Aujourd’hui, le parc Melofolia (pour mélodie et folie) prend forme. Même si la route est sinueuse. "On a eu des détracteurs, mais ce sont des personnes avec qui on sait discuter. On répond à leurs interrogations, leurs craintes."

Ces dernières années, Didier Hodiamont est resté "discret" sur son projet. "On avance , mais c’est beaucoup plus long que prévu, confie-t-il. On a visité le site pour la première fois en 2014, en espérant une ouverture pour 2021. Aujourd’hui, c’est repoussé à 2026." En cause, d’après lui, l’administration française et ses exigences d’un point de vue environnemental et archéologique (des fouilles préventives doivent être réalisées sur le site).

12 000 pages, 240 plans

Le projet avance toutefois. Le 15 décembre dernier, une demande de permis a été introduite pour l’aménagement du site (les plans sont terminés) et pour l’obtention d’un permis environnemental. L’endroit ? Le domaine de Chauffaille, à Coussac-Bonneval, au Pays de Saint-Yrieix en Limousin. Il se trouve en zone naturelle.

Dans ce cadre, une troisième enquête publique va être lancée, d’ici juin. "On espère obtenir les autorisations pour la fin de cette année", souffle Didier Hodiamont qui précise que le dossier déposé compte 12 000 pages et 240 plans. Deux autres enquêtes publiques avaient été menées précédemment. Pour la partie aménageable du parc (il a obtenu que 37 hectares sur les 141 que compte le domaine soient repris comme zone de loisirs constructible, une centaine d’hectares étant boisés) et pour l’accès au domaine, afin qu’il devienne privé (il appartient jusqu’ici à une Communauté de communes locales). Il est question d’un rachat de la propriété à cette dernière. "On a signé un acte de promesse d’achat en 2015, qui a été prorogé deux fois. L’achat sera définitif lorsque nous aurons toutes les autorisations." Pour porter le projet, Didier Hodiamont se rend dans le Limousin une semaine sur deux (il habite Bouge désormais). Il collabore avec des assistants à maîtrise d’ouvrage (AMO) pour la construction des infrastructures, pour la conception du parc, mais aussi pour le volet financier.

"Le projet de ma vie"

Le budget global avoisine les 42 millions d'euros. "On a créé une société en France, Dreamgest. On augmente le capital régulièrement. On montera bientôt à 2 millions €, ce qui permet de couvrir le développement du projet."

Pour le reste, il se dit soutenu par des actionnaires belges et des investisseurs et acteurs économiques locaux. 15 millions seront assumés sur fonds propres, précise-t-il encore. Le reste sera financé via divers emprunts.

D’après lui, une fois les permis obtenus, le financement va suivre. "Je ne suis pas inquiet à ce niveau", avance-t-il, ajoutant avoir mis "tout ce qu’il pouvait" dans l’aventure. Il insiste sur le fait qu’il est politiquement épaulé, tant par la municipalité que par la Communauté de communes.

À 67 ans, la motivation de Didier Hodiamont reste intacte. Il a toujours l’énergie. "J’ai rencontré plus de 5000 personnes depuis le début du projet. On m’a souvent pris pour un fou. Mais ça m’est égal. J’ai été éduqué comme ça: quand on commence quelque chose, on termine." Et de préciser: "C’est le projet de ma vie."

"Ce ne sera pas Walibi, on jouera plus sur les émotions"

Concrètement, Didier Hodiamont veut créer un parc "où régnerait l’harmonie entre les êtres, la nature et la musique". Des instruments géants seraient construits: accordéon, violon, avec une salle de spectacle dans le sous-sol, piano avec, en son sein, quatre attractions, ou encore palais des percussions. "Ce ne sera pas Walibi. Ce sera plutôt un parc des vibrations et des émotions musicales, un voyage au cœur des instruments, avec le rythme comme fil rouge." Il imagine également un potager musical. Car, d’après lui, il existe dans la nature des plantes qui émettent des bruits et des sons. "Le parc servira à sensibiliser les gens au respect de la nature." Une brasserie et 14 chambres sont par ailleurs imaginées dans le château. Une fois le parc concrétisé, Didier Hodiamont songe à remonter un spectacle, pour en faire la promotion. Il serait présenté dans 30 lieux différents. La première se ferait… à Anhée. C’est en tout cas le souhait du doux rêveur. "C’est symbolique de démarrer en bord de Meuse. Et d’avancer jusqu’en France, dans le Limousin, où ce sera l’apothéose."

Legoland, il l’avale de travers

Le "cinéma autour du projet Legoland à Gosselies et ses 200 millions € me fait grimper au mur", lâche Didier Hodiamont lorsqu’on aborde la Belgique." On m’a pris pour un fou alors que je reste persuadé de la pertinence du projet."Et de lâcher: "Il serait temps que les autorités s’intéressent à des projets qui se font ici, par des gens d’ici." Il garde en tête l’idée d’ouvrir un parc en Belgique, plus tard, autour du thème du saxophone." Je ne dis pas que Gosselies serait le lieu de rêve pour nous. Je trouve en tout cas que mon projet mérite un peu plus d’attention que ce qu’il a eu."