Stuyven: "Un podium dimanche, et je m’offrirai une praline"
Publié le 30-03-2017 à 15h01 - Mis à jour le 30-03-2017 à 15h19
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Le Louvaniste a investi dans son autre passion d’enfant : le chocolat. Sa taille de guêpe sertie dans un tablier qui prend sur lui les allures d’une grand-voile, Jasper Stuyven s’applique au fourrage d’une plaquette de pralines. Le geste encore peu assuré, le coureur de l’équipe Trek-Segrafedo ne cherche pas de faux-semblant. "Je dois bien avouer que je ne maîtrise pas tout à fait la technique", sourit le Louvaniste.
Propriétaire depuis un peu plus d’un an d’un atelier de chocolat à son nom, le vainqueur de Kuurne-Bruxelles-Kuurne a surtout choisi d’y investir aux côtés de son oncle. "Après avoir possédé, durant de nombreuses années, une fabrique importante, il avait choisi de donner une autre orientation à sa carrière en proposant des activités aux particuliers autour du chocolat, détaille celui qui a aussi remporté une étape de la Vuelta en 2015. Mais l’amour de la production s’est très vite réveillé en lui et il m’a proposé de m’associer à son affaire."
À 24 ans à peine, voilà donc le jeune homme lancé dans ce qui ressemble bien plus à une passion qu’à un business. "Petit, je trouvais tous les prétextes pour aller officiellement aider mon oncle dans son atelier. Mais il s’agissait bien plus de manger et jouer que de travailler… Quand on est enfant, la fabrication du chocolat revêt une dimension magique. J’étais captivé par le processus."
Une magie qui opère encore près de vingt années plus tard. À quelques jours du Tour des Flandres, l’une des plus grandes promesses de notre cyclisme sur ce terrain observe avec la plus grande attention la confection des pralinés ou le démoulage des figurines.
"De la Saint-Nicolas jusqu’à Pâques, c’est la pleine période dans le secteur. Une sorte de saison des classiques du chocolat (rires). Durant l’hiver, je tente de venir donner un petit coup de main de temps à autre, mais lorsque les courses reprennent, j’alimente surtout notre page Facebook et notre compte Instagram . Des choses qui relèvent, pour mon oncle, d’un autre monde… (rires)"
Dans la succulente gamme maison, les ateliers Stuyven, plusieurs produits rappellent bien évidemment l’univers du vélo. "Mon oncle a imaginé des pralines à la forme de pavés. Nous réalisons aussi des mini-maillots de mon équipe Trek-Segrafredo"
Et bien que la tentation de la gourmandise fasse pratiquement partie de son quotidien, Jasper Stuyven assure rester très pro lorsqu’il franchit la porte de l’atelier installé à Betekom.
"Je tente de ne pas craquer, surtout en cette période de classique. J’adore le praliné au café que nous réalisons avec les produits Segafredo, l’un des sponsors de l’équipe, mais je tente d’éviter les graisses autant que faire se peut. Quand l’envie devient irrésistible, je m’offre alors un morceau de chocolat noir à 80 %. Mais si je venais à monter sur le podium du Tour des Flandres dimanche, je m’offrirais alors assurément une praline !" (rires)
En savoir plus
Les chocolats
de la famille Stuyven sont uniquement en vente dans le magasin de l’atelier situé 2 Aarschotsesteenweg à Betekom. Plus d’infos sur www.stuyven.be
L'école de la vie aux Etats-Unis
Le Louvaniste a franchi l’Atlantique à 19 ans à peine. Une expérience très positive.
Champion du monde juniors en 2009 à Moscou, devant un certain Arnaud Démare, Jasper Stuyven a très vite fait naître les plus hautes attentes en Flandre autour de sa personne.
"Cela en était même pesant, juge ainsi celui qui suit un bachelor en sales management en marge de sa carrière cycliste. On attendait de moi que je gagne chaque semaine ou presque…"
Pour échapper à un environnement trop souvent étouffant, le Louvaniste décide de mettre le cap vers les États-Unis alors que toutes les équipes de formation belges se l’arrachent.
"J’ai choisi de rejoindre l’équipe Bontrager d’Axel Merckx en 2012 car je souhaitais privilégier mon développement personnel à une collection de succès chez les espoirs. Franchir l’Atlantique à 19 ans, cela constitue forcément une grande aventure, mais je n’en conserve que d’excellents souvenirs. Nous bougions sans cesse dans le pays et j’ai pu me plonger dans une tout autre culture. Boulder, Park City, Austin : quel privilège de pouvoir découvrir de tels endroits à cet âge-là ! Bien au-delà du cyclisme, cette expérience a constitué pour moi une véritable école de la vie."
Un apprentissage dans lequel Axel Merckx aura joué un rôle clé.
"Je ne suis pas certain que j’aurais eu le cran de mettre le cap vers l’Amérique s’il n’avait pas été là pour me guider. Il a considérablement facilité mon intégration mais m’a aussi pris sous son aile. C’est un excellent formateur. Il suffit, pour s’en convaincre, de dresser la liste des jeunes talents qu’il a fait éclore (NdlR : Dombrowski, Boswell, Craddock, De Buyst, Geoghegan, etc.). Il a joué un rôle déterminant dans mon épanouissement personnel et sportif. Il a aussi dû composer très tôt avec la pression inhérente à son nom de famille et sait comment gérer cet aspect du métier. De cette aventure américaine, je conserve encore aujourd’hui des amitiés très solides. Antoine Duchesne (Can/Direct Énergie) vient par exemple régulièrement dormir à la maison entre deux courses en Belgique."
"Roubaix me convient mieux que le Ronde"
En dépit de ses résultats à l’E3 et Wevelgem, Stuyven ne panique pas.
Si Jasper Stuyven s’élancera dimanche à l’assaut de son quatrième Tour des Flandres, déjà, le Louvaniste jouira pour la toute première fois d’une réelle liberté. La retraite de son ancien leader Fabian Cancellara l’a, en effet, installé dans le costume de coleader de l’équipe Trek-Segafredo.
"Au départ du Tour des Flandres et de Paris-Roubaix, mon nouvel équipier John Degenkolb et moi jouirons du même statut", détaille ainsi le vainqueur de Kuurne-Bruxelles-Kuurne 2016. "Je sais toutefois qu’il dispose d’une meilleure pointe de vitesse que moi et n’hésiterai pas à me mettre à son service dans la finale si les circonstances de course font de cette tactique la plus profitable à l’équipe."
Très en vue lors de l’ouverture de la saison belge, Stuyven a quelque peu déçu lors du GP de l’E3 et de Gand-Wevelgem. "J’avoue qu’un soupçon d’inquiétude m’a envahi le week-end dernier, mais je tente de ne pas trop gamberger. Ce type d’attitude ne fait pas avancer. Je sais avoir solidement œuvré pour parvenir au sommet de ma condition et ai d’ailleurs battu plusieurs records la semaine dernière lors de mes entraînements. Il n’y a donc pas lieu de paniquer. À Harelbeke (NdlR : abandon), j’ai tout simplement vécu une journée sans."
Né à près de cent kilomètres des Ardennes flamandes, Stuyven ne cultive pas pour le Ronde la même fascination que certains de ses collègues flandriens.
"C’est évidemment l’une des plus belles courses de la saison mais elle ne surpasse pas, par exemple, Paris-Roubaix à mes yeux. Peut-être mon sentiment est-il quelque peu biaisé par l’impression d’être davantage taillé, aujourd’hui du moins, pour l’Enfer du Nord que pour le Ronde. Je suis convaincu de pouvoir jouer un rôle en vue de dimanche, mais les pavés du Nord conviennent sans doute un peu mieux encore à mes qualités. Mon explosivité ne constitue pas mon plus grand point fort et je sais qu’il me sera très difficile de répondre à une grosse attaque de Van Avermaet ou de Sagan sur les pentes de la dernière ascension du Paterberg. Le Vieux Quaremont me correspond mieux."