Gilbert : "Je n’ai jamais douté de la victoire de Froome"
Une semaine après son abandon sur le Tour, le Wallon a digéré sa déception et songe déjà à la deuxième partie de saison.
Publié le 25-07-2017 à 06h51 - Mis à jour le 25-07-2017 à 14h18
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Une semaine après son abandon sur le Tour, le Wallon a digéré sa déception et songe déjà à la deuxième partie de saison. Le ton et le verbe ont retrouvé la bonne humeur et le dynamisme qui habitent traditionnellement Philippe Gilbert. Une semaine après avoir été contraint de quitter le Tour de France par la faute d’un virus gastrique, le Wallon a digéré sa déception et s’est tourné vers la seconde partie de sa saison.
Philippe, une semaine après avoir été contraint de quitter la Grande Boucle, comment allez-vous ?
"Bien, je vous remercie. J’ai récupéré. Comme la plupart des gens qui sont frappés par ce type de maladie, cela n’a duré que trois jours avant que je ne retrouve la pleine santé. Ce n’était rien de bien grave et je ne suis d’ailleurs pas le seul à avoir été frappé par ce mal dans le peloton du Tour."
Patrick Lefevere vous disait très affecté au moment de quitter le groupe…
"Oui, car on était en train de vivre quelque chose de fantastique avec l’équipe. Une ambiance assez unique s’y était installée, renforcée par les succès de Marcel (NdlR : Kittel). Mes propos vont peut-être paraître un peu extrêmes, mais j’aurais sans doute préféré quitter cette Grande Boucle sur une chute. Le côté frustrant de cette maladie est que je savais pertinemment qu’elle n’était l’affaire que de quelques heures. Le lundi, lors de la deuxième journée de repos, j’étais d’ailleurs plutôt optimiste, car je me sentais mieux. Le profil de l’étape du mardi n’étant pas trop corsé, j’avais pensé que l’aventure pourrait continuer. Mais les symptômes ont réapparu durant la nuit…"
Au moment de quitter le Tour vous aviez émis deux souhaits : voir Marcel Kittel ramener le maillot vert à Paris et Dan Martin monter sur le podium final. Aucun ne s’est réalisé…
"Malheureusement, en effet. Je n’ai vu la chute de Marcel à la télévision que dimanche. Je ne pensais pas que celle-ci avait été aussi spectaculaire. Elle apporte une nouvelle fois la preuve que, sur le Tour, tout peut s’arrêter en une seconde. Dan a, lui, payé au prix fort les séquelles de la gamelle dans laquelle l’avait entraîné Richie Porte. Il souffrait terriblement du dos. La douleur se faisait un peu plus supportable lorsqu’il était en selle. Mais une fois descendu de machine, il marchait vraiment comme un vieillard… Chapeau à lui d’être allé chercher une sixième place finale dans ce contexte. Il fallait un gros mental."
Vous avez évoqué l’ambiance très particulière qui anime cette équipe. A-t-elle été déterminante dans votre choix de prolonger pour deux ans au sein de la formation de Patrick Lefevere ?
"Oui, totalement. Plus qu’ailleurs on y vit pour la victoire. Sur le Tour, une forme de relâchement inconscient aurait peut-être pu s’installer au gré des succès de Kittel (NdlR : 5 victoires au sprint), mais ce ne fut jamais le cas. Lors du briefing matinal, l’attention et la motivation sont restées intactes. Comme si nous partions à la conquête du premier bouquet. Il n’y a pas de place pour la routine dans cette équipe, la faim est toujours présente. Tom Steels, notre directeur sportif, est un gars hypermodeste qui ne cherchera jamais à tirer la couverture à lui, mais je vous assure qu’il abat un fantastique boulot. C’est important de se sentir bien dans ce qui s’apparente à une deuxième famille. On vit près de 220 jours ensemble et le temps peut apparaître très long si l’on n’y est pas épanoui…"
Sur un plan plus personnel, quel bilan tirez-vous de votre Tour ?
"Deux opportunités s’offraient à moi et je n’ai pas pu les saisir. Je ne peux donc pas me montrer satisfait. À Longwy, j’étais un peu déshydraté au moment de négocier le final. Cela ne m’arrive vraiment pas souvent, mais j’étais au bord des crampes. J’ai bu de nombreux bidons, mais il aurait sans doute fallu que j’en consomme encore plus. Il n’était pas simple de se ravitailler ce jour-là, mais je reconnais avoir commis une erreur. À Rodez, un malentendu avec l’équipe a fait que je me suis retrouvé mal placé à trois kilomètres du but. J’ai viré dans la roue de Naesen, car je n’avais pas d’autres choix. Si j’avais freiné, je me serais retrouvé en quinzième position et aurais perdu une grande partie de ma vitesse. C’est dommage, car lorsque j’analyse mon effort, je pense que j’avais les jambes pour gagner. Mais sur une arrivée de ce type, tout est toujours question de timing."
Greg Van Avermaet regrette que les organisateurs ne réservent pas plus d’occasions aux coureurs de classique et aux puncheurs. Partagez-vous son analyse ?
"Oui, je le rejoins sur ce point. Un profil pour les spécialistes de course d’un jour ne passe pas nécessairement par une arrivée en bosse. Si vous proposez un tracé sinueux agrémenté de plusieurs bosses de troisième et quatrième catégories, cela peut aussi livrer un vrai spectacle."
Avez-vous suivi la fin du Tour à la télévision ?
"Non, je n’ai regardé que les deux derniers tours de l’étape des Champs-Élysées. C’était une manière pour moi de tourner la page. Et puis je dois dire que le suspense n’était plus vraiment présent au sortir de la seconde journée de repos. Je n’ai jamais douté que Froome remporterait son quatrième Tour. Lorsque j’ai vu qu’il se contentait de suivre en montagne, j’ai su qu’il savait disposer d’une marge suffisante dans la perspective du chrono. Il a attaqué ses rivaux à l’une ou l’autre reprise de manière à démontrer qu’il n’avait pas peur d’eux. Mais je crois que s’il avait voulu creuser de plus grands écarts dans les Alpes, il en aurait été capable."
La France a pourtant cru jusqu’au bout que Bardet serait capable de renverser le Britannique…
"Oui, car les médias ont joué un énorme rôle en ce sens. Comme en politique, ils ont un impact considérable sur l’opinion du grand public. Si Froome a été hué lors de certaines étapes, c’est parce qu’une campagne négative a été menée à son encontre. J’ai trouvé les questions de certains journalistes en télévision assez agressives. On a cherché à le déstabiliser psychologiquement et je juge cela dommage…"
Le Britannique a remporté sa toute première course de l’année en montant sur la plus haute marche du podium des Champs-Élysées. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
"Froome joue toute sa saison sur le Tour de France. S’il terminait deuxième à Paris après avoir remporté Paris-Nice et le Tour de Romandie, les médias qualifieraient son année de ratée. Dès lors…"
La Clasica San Sebastian se profile déjà ce samedi. Votre abandon sur le Tour est-il de nature à avoir perturbé votre préparation ?
"J’y manquerai sans doute de repères. Je ne suis resté que trois jours sans monter sur mon vélo, mais j’étais sans force lors de ma reprise. J’ai recommencé par deux heures à une allure très tranquille afin de remettre la machine en marche. Je commence à retrouver de meilleures sensations. La deuxième partie de saison est pleine de beaux rendez-vous avec BinckBank Tour, le Grand Prix de Plouay puis le Mondial. De beaux objectifs…"