Evenepoel : "Je me fais vomir à l’entraînement pour cela !"
Le Brabançon a travaillé spécifiquement son explosivité cet hiver.
Publié le 21-02-2020 à 09h34
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Le Brabançon a travaillé spécifiquement son explosivité cet hiver.
Le visage encore perlé de sueur plongé dans ses mains gantées, Remco Evenepoel tente de cacher les larmes qui coulent sur son visage.
Vainqueur de la deuxième étape du Tour d’Algarve jeudi au sommet de l’Alto de Faia et nouveau leader de l’épreuve portugaise, le coureur Deceuninck-Quick Step semble emporté dans un maesltröm d’émotions.
"Tout se mélange un peu dans ma tête , lâche le Brabançon. J’avais eu ma copine en ligne avant le départ de ce jeudi et lui avais lâché qu’elle serait inspirée de suivre le final de l’étape à la télévision… Je voulais faire un truc pour mes proches et ma famille qui me soutiennent tant dans ma carrière. Je suis souvent parti de la maison et mon degré d’exigence envers moi-même et mon entourage fait que les choses ne sont pas toujours simples à vivre pour eux. Je voulais donc leur offrir quelque chose en retour. Mais cette victoire, elle est d’abord et avant tout pour Nikolas Maes. Le coureur de chez Lotto-Soudal a vécu la perte tragique d’un enfant la semaine dernière (NdlR : quelques jours avant le terme). J’en ai longuement parlé avec mon équipier Iljo Keisse (les deux hommes s’entraînent souvent ensemble), qui est l’un de ses amis proches, il y a peu. Cela prouve qu’il y a des choses bien plus importantes dans la vie qu’une course de vélo…"
Une attention qui en dit long sur l’humanité de celui qui avait déjà dédié, en août, son titre de champion d’Europe au regretté Bjorg Lambrecht. "Je voulais décrocher les étoiles pour celles qui brillent le plus dans le ciel ", avait alors commenté le phénomène de Schepdaal.
Une étoile, Remco Evenepoel en est assurément une lui aussi. Car ce succès, le Brabançon l’a conquis face à l’un des plateaux les plus relevés de ce début de saison. Schachmann, Dan Martin, Rui Costa, Wellens, Nibali, Lopez ou Mollema : les autres noms présents dans le top 10 de cette deuxième étape en disent long sur la performance réalisée par Evenepoel. "Je pense pouvoir dire que je suis un gros travailleur" , sourit le coureur de 20 ans. "La semaine dernière, après mon retour d’Argentine, j’ai abattu une grosse charge de travail à l’entraînement autour de Calpe, mon camp de base espagnol jusqu’en mars. J’ai souffert sur mon vélo et c’est extrêmement gratifiant de voir que tout ce boulot paie. "
S’il a souvent pointé son explosivité comme le principal axe de travail sur lequel il lui faudrait travailler afin de poursuivre son développement, le vainqueur de la dernière Clasica San Sebastian a visiblement déjà bien œuvré. Le démarrage qu’il plaça à 500 mètres de la ligne d’arrivée pour se défaire de la quinzaine d’hommes composant alors encore le groupe de tête a en effet impressionné beaucoup de monde.
"C’est vrai que j’ai bossé cette thématique durant la trêve hivernale. Mon entraîneur me demande de réaliser des répétitions d’efforts extrêmement pénibles qui en sont venus à me faire vomir sur ma machine. Je sais par où je suis passé pour vivre des moments comme celui-ci."
S’il s’était efforcé de ne pas clamer ouvertement ses ambitions de victoire finale sur ce Tour d’Algarve, le nouveau maillot jaune de l’épreuve ne peut désormais plus se cacher. "En effet, je vais désormais avancer à visage découvert (rires) . Ce vendredi, toute l’équipe va travailler pour tenter de porter Fabio Jakobsen vers une seconde victoire d’étape. De mon côté, je tenterai de défendre mon maillot au mieux samedi sur la difficile arrivée de Malhao (NdlR : 3 km à 8 % de moyenne, déclivité maximale de 10,2 %) avant le chrono final de dimanche, qui m’a bien plu lors de la reconnaissance que j’ai effectuée mardi."
Si son leadership ne tient qu’à un fil puisque l’Allemand Schachmann est classé dans la même seconde (pas de bonifications), on imagine mal Evenepoel laissé filer sa troisième victoire dans une épreuve par étapes (après le Tour de Belgique 2019 et le Tour de San Juan cette année) d’ici dimanche soir.