Pourquoi il ne fallait pas s'attendre à une grande bagarre entre favoris sur cette 6e étape
Une nouvelle fois aucun favori n'a tenté sur un parcours pourtant propice.
Publié le 03-09-2020 à 18h42 - Mis à jour le 04-09-2020 à 09h34
Les étapes se suivent et se ressemblent de plus en plus sur la route du Tour. Les favoris restent sur leurs positions. Depuis le départ à Nice, seul Julian Alaphilippe et Adam Yates lors de la 2e étape ont essayé de créer des écarts avec leurs concurrents. Et encore, les deux hommes ne se proclament pas comme des candidats au podium à Paris. Après la deuxième étape à Nice et l'arrivée au sommet à Orcières-Merlette, cette 6e étape offrait aux favoris une nouvelle possibilité de s'illustrer. Notamment sur les pentes du très difficile Col de la Lusette.
L'ascension du Massif Central était inédite sur la Grande Boucle et Thierry Gouvenou, grand architecte du parcours du Tour, attendait une grande bagarre dans cette difficulté de 11,7 kilomètres à 7,3% : "Le Col de la Lusette est une fantastique découverte qu’un ami propriétaire d’une maison de campagne dans la région m’avait glissée à l’oreille", rigolait le bras de droit de Christian Prud'homme à la veille de cette 6e étape, dans nos colonnes, "Cette ascension est exactement ce que nous recherchons actuellement, elle présente un revêtement granuleux qui rend mal, des pentes irrégulières et flirtant par endroits avec les 15 %. C’est idéal pour faire exploser la course, isoler, du moins partiellement, certains favoris. Durant tout ce Tour de France, les prétendants au classement général final seront très souvent maintenus sous tension, physique comme mentale. Cela devrait user les têtes comme les organismes avant une dernière semaine très difficile dans laquelle on pourrait assister à de sérieuses défaillances. Ce Tour a, je crois, été construit pour les audacieux."
Si ce Tour a été construit pour les audacieux, ils se font encore attendre. Excepté Fabio Aru, déjà pointé à plus de 3'30" d'Adam Yates au classement général, aucun coureur n'a tenté sa chance.
Tout le monde était bien content de suivre le tempo imposé par la formation Ineos tout au long de l'ascension. Pourtant, le rythme ne devait pas être effréné dans le peloton puisque 29 coureurs ont franchi la ligne en même temps et sutout que le vainqueur de l'étape a continué de grappiller du temps sur ses poursuivants tout au long de l'étape.
"Le Tour est encore long"
Si personne n'a tenté sa chance, c'est sans doute parce qu'au sommet du Col de la Lusette, il restait encore 13 kilomètres à parcourir sur des faux plats montants avant d'arriver au sommet du Mont Aigoual. Face à l'armada Ineos ou Jumbo-Visma, cela aurait été très difficile voire impossible pour un favori, qui en aurait eu l'envie, de creuser des écarts.
Mais la principale raison est ici, et c'est probablement ce que la plupart des directeurs sportifs et des coureurs diront: "Le Tour est encore long." Cette phrase qu'on a si souvent entendue ces dernières années sur le Tour de France n'aura jamais été aussi exacte. Nous ne sommes en effet qu'à la sixième étape, il en reste donc 15 à parcourir avant d'arriver sur les Champs Élysées. Et dans ces 15 étapes restantes surgiront la plupart des grandes difficultés.
Ce week-end, les coureurs entreront dans le premier des deux grands massifs montagneux de ce Tour, les Pyrénées, et ne rejoindront les Alpes qu'à la fin de la deuxième semaine. Si les organisateurs du Tour ont tracé des étapes difficiles en première semaine, les coureurs n'étaient pas non plus en haute montagne.
Mais en attendant, avec encore un contre-la-montre, le dernier jour, certains doivent impérativement prendre du temps à des coureurs comme Primoz Roglic ou Tom Dumoulin. S'il n'est pas encore trop tard pour le faire, quatre cols de première catégorie ont déjà été franchis : le Col de la Colmiane, le Col de Turini, la montée vers Orcières-Merlette et ce jeudi le Col de la Lusette. Et comme le dit l'expression, il ne faut pas remettre à plus tard ce que l'on peut faire aujourd'hui... Visiblement, en cyclisme, ce n'est pas tout à fait le cas.