L'étonnante pause carrière de Tom Dumoulin: "J’ai besoin de temps pour moi"
Jumbo-Visma Tom Dumoulin a surpris en annonçant mettre sa carrière en pause, à 30 ans.
Publié le 23-01-2021 à 19h46 - Mis à jour le 23-01-2021 à 19h47
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La nouvelle a surpris, ce samedi après-midi. Avec l’annonce de la mise en pause de la carrière de Tom Dumoulin. En accord avec son équipe Jumbo-Visma, le Néerlandais ne va plus courir. Jusqu’à nouvel ordre. Pour l’instant, il est impossible de savoir si l’ancien vainqueur du Giro reviendra dans les pelotons dans deux mois, dans un an ou… jamais. Un peu comme l’ancien sprinter Marcel Kittel, qui avait, lui, décidé de rompre son contrat avec Katusha, en 2019. Et qui n’est jamais revenu depuis.
Dans une longue vidéo, Tom Dumoulin a justifié son choix. Pris lors… du stage de préparation de son équipe. "Il y a un petit temps, des mois, peut-être un an, que je ne sais plus comment trouver ma voie en tant que Tom Dumoulin le cycliste", explique-t-il. "Notamment par rapport à la pression sur mes épaules, avec ce qu’on attend de moi, un peu partout. J’ai toujours voulu que tout le monde soit satisfait de moi. Le public, les coéquipiers, mon équipe, mes sponsors, ma femme, ma famille… Mais je me suis un peu oublié. Dans tout ça, moi, qu’est-ce que je veux ? Est-ce que je veux toujours être coureur ? Qu’est-ce que je veux en tant qu’homme ? Je me suis souvent posé la question ces derniers temps. Sans avoir le temps d’y répondre. Car la vie d’un coureur pro, c’est un peu comme un train qui ne s’arrête pas. Car il y a les courses, la préparation et puis, directement, un autre objectif à préparer."
Il avait d’ailleurs préparé la nouvelle saison avec soin, il était parti avec ses coéquipiers de Jumbo-Visma en Espagne, pour être affûté pour la nouvelle saison. "Et j’avais effectué, avant, deux stages personnels, un en décembre, un en janvier", ajoute encore Tom Dumoulin. "J’aime toujours le vélo. Et je me disais que l’envie en découlerait. Mais tous ces doutes et ces questions restaient. Je pense que j’ai besoin de temps pour moi."
Pour se retrouver. "Je vais prendre du recul", ajoute ce fils de biologiste, qui avait envisagé suivre des études de médecine. "Réfléchir, me promener avec le chien. Et trouver ce que je veux, en tant qu’homme, et ce que je ferai du vélo. Peut-être que je reviendrai dans deux mois, en étant bien frais mentalement."
Âgé de 30 ans, le rouleur néerlandais avait débuté chez les pros en 2012, chez Argos-Shimano, avant de rester huit ans dans cette structure qui changera de nom pour devenir, d’abord, Giant-Shimano, puis le Team Sunweb. C’est dans cette formation qu’il a obtenu ses meilleurs résultats. Avec sa victoire au Tour d’Italie 2017, son titre de champion du monde du contre-la-montre cette même année, mais aussi la victoire finale au BinckBank Tour. En 2018, le Néerlandais s’est aussi classé deuxième du Tour d’Italie, battu par Chris Froome, et deuxième également du Tour de France, devancé par Geraint Thomas. En 2016, aux Jeux Olympiques, il avait décroché la médaille d’argent. Il compte neuf succès d’étape sur les Grands Tours : quatre au Giro, trois au Tour de France et deux à la Vuelta.
Mais, depuis 2019, il a enchaîné les coups durs et n’a plus retrouvé le chemin de la victoire. Avec une blessure complexe au genou, conséquence d’une chute sur le Giro. Arrivé chez Jumbo-Visma en 2020, il a subi, comme tout le monde, la crise du coronavirus, avant de souffrir d’une blessure à la selle sur le Tour de France, sur lequel il a aidé Roglic.
"Soulagé d’avoir pris cette décision"
Pour expliquer ce choix de mettre sa carrière en pause, Tom Dumoulin a aussi évoqué la pression. "Depuis que j’ai signé des résultats, je suis devenu Tom Dumoulin, le grand coureur néerlandais", détaille-t-il. "Pour lequel il y avait beaucoup d’attentes. Et je me suis rendu compte que toutes ces attentes étaient plus difficiles à porter que ce je pensais. Je me rends compte aussi que je suis vraiment soulagé d’avoir pris cette décision. Et je suis très heureux d’être soutenu dans mon choix par l’équipe, qui a fait preuve de compréhension." Pour le directeur sportif, Merijn Zeeman, l’équipe Jumbo-Visma va "perdre un très bon coureur, mais l’homme prime sur l’athlète", a-t-il expliqué.
L'avis de notre expert: "Les coureurs ne sont pas des machines"
Le sport de haut niveau est très exigeant. Physiquement, mais aussi mentalement. Il faut du talent, c’est indéniable, pour figurer parmi les meilleurs mondiaux. Il faut des capacités physiques hors normes pour, en cyclisme, parvenir à décrocher des victoires, comme celles de Tom Dumoulin, ou des places d’honneur, comme avec la deuxième place du Néerlandais sur le Tour de France 2018. Mais il faut également un caractère bien trempé, un mental d’acier pour continuer à évoluer au plus haut niveau, pour s’y maintenir, rebondir après les coups du sort, les déceptions ou encore parvenir à supporter la pression, sur le long terme. Si la décision de Tom Dumoulin a surpris et étonné, elle rappelle aussi que les coureurs ne sont pas des machines.