Van Aert plus ambitieux que jamais: "Je veux devenir champion du monde et je l’assume !"
Pour son retour à la compétition, Wout van Aert s’est imposé sur la 1re étape du Tour de Grande-Bretagne. Une manière d’affirmer un peu plus ses ambitions pour le Mondial.
Publié le 06-09-2021 à 10h37
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Dans un pays où la classe et l’élégance relèvent de l’art de vivre, Wout van Aert a signé un retour à la compétition que le très nombreux public présent sur la montée finale de Bodmin aura apprécié. Un peu plus de cinq semaines après avoir conclu sa campagne olympique par une sixième place sur le chrono de Tokyo, le champion de Belgique s’est imposé au sprint dimanche sur la première étape du Tour de Grande-Bretagne dont il a pris la tête du classement général.
"La journée a été plutôt assez tranquille et contrôlée mais le final bien plus intense, commentait le coureur de chez Jumbo-Visma. Il était important d'aborder le dernier kilomètre musclé en bonne position pour pouvoir ensuite avoir le juste timing au moment de produire son effort. Je me suis calé dans la roue d'Alaphilippe avant de le déborder au bon moment."
Un succès qui sonne comme l'affirmation un peu plus claire de l'ambition de l'Anversois pour le rendez-vous qu'il est venu préparer de l'autre côté de la Manche. "Ces huit jours de course sont importants pour aller chercher les quelques petits pourcents qui doivent m'amener au top pour la semaine arc-en-ciel. Je m'élancerai lundi avec le maillot de leader du général sur les épaules et ne le laisserai pas filer volontairement mais nous verrons où j'en suis au classement après le chrono par équipes de mardi et l'étape reine de mercredi… Je savais que j'avais bien travaillé ces dernières semaines mais lever les bras, c'est toujours appréciable pour la confiance."
En prélude à son succès dans les Cornouailles, le médaillé d’argent de Tokyo avait pris le temps de se confier dans un entretien empli de sincérité.
Wout, comment vous êtes-vous préparé pour les deux derniers grands objectifs de votre saison sur route : le Mondial et Roubaix ?
"Je suis, une nouvelle fois, parti en stage en altitude, mais à Livigno cette fois, durant trois semaines, pour préparer ce que j’aurais présenté en début d’année comme la partie la plus importante de ma saison. Ce mode de préparation est pratiquement devenu la norme à l’aube des grands rendez-vous. Chaque coureur réagit différemment à ce contexte mais les effets de l’altitude fonctionnent très bien chez moi, j’ai déjà pu l’expérimenter à plusieurs occasions par le passé. Nous n’avons donc pas cherché à modifier une recette qui a fait ses preuves (rires)."
Vous étiez cette fois accompagné de votre épouse et de votre fils Georges. Une manière de rendre l’utile plus agréable ?
"Oui, le contexte était un peu plus décontracté. Je bénéficiais également du support de mon soigneur ainsi que de celui de mon entraîneur, c’était donc parfait. À ce moment de l’année, avoir mon fils et ma femme à mes côtés, cela fait une différence importante, j’avais besoin de passer plus de trois jours à leurs côtés."
Vous ne cessez d’enchaîner les objectifs cette saison entre Tirreno, les classiques, le Tour de France, les Jeux olympiques et désormais les Championnats du monde puis Paris-Roubaix. Vous sentez-vous mentalement prêt pour ces nouvelles échéances ?
"Oui totalement, je n'ai jamais eu besoin de me forcer à chercher ma motivation. C'est vrai que les dates importantes se succèdent mais nous avons bien élaboré mon calendrier avec le staff en y intégrant des périodes de repos et de reconstruction importantes. Entre les Jeux et ma reprise de la compétition en amont du Mondial, l'objectif était par exemple de pouvoir bénéficier d'un maximum de temps. C'est pour cela que notre choix s'est porté sur ce Tour de Grande-Bretagne plutôt que sur celui du Benelux qui commençait une semaine plus tôt. Je suis revenu de Livigno le samedi 28 août. Cela m'a laissé le temps de me poser quelques jours à la maison et de ne pas avoir le sentiment de vider ma valise pour la boucler à nouveau dès le lendemain (rires)… Cela m'a aussi permis d'effectuer une reconnaissance de Paris-Roubaix et d'y réaliser des derniers essais de matériel. La théorie veut que les effets d'un stage en altitude se fassent ressentir pendant six semaines. Je serai donc, logiquement, dans le bon timing pour le Mondial et l'Enfer du Nord (rires)… Je ne l'ai jamais caché, je veux devenir champion du monde et je l'assume. J'ai donc voulu faire les choses au mieux pour aborder cette échéance. Si je m'impose à Louvain je pourrai participer deux fois à Paris-Roubaix avec le maillot arc-en-ciel sur les épaules ! (NdlR : en raison de la reprogrammation de cette édition 2021)."
Vous avez innové cette année à Livigno puisque vous avez dormi durant une semaine à 3 000 mètres d’altitude. L’idée émane-t-elle de vous ou de votre entraîneur ?
"Je n’avais effectivement encore jamais passé un séjour aussi haut ! L’initiative vient de moi mais j’en ai évidemment parlé à mon entraîneur et au staff de l’équipe. Les effets de cet environnement seraient plus importants une fois cette barrière atteinte. Comme toutes les premières fois, il s’agit d’un test mais il faut bien faire celui-ci à un moment. Certains diront peut-être que ce n’est pas le moment de faire des essais, mais entre la saison de cross, les classiques etc il n’y a pas de créneau parfait pour une telle expérimentation (rires). On verra donc ce que cela donnera. Je sais que Ganna a déjà effectué des stages de ce type mais sur des périodes plus courtes. Je ne pense pas que cela fonctionne aussi bien avec tous les coureurs mais jusqu’ici mes sensations sont très bonnes."
Jasper Stuyven, qui est l’une des autres certitudes du sélectionneur pour le Mondial, vous a accompagné lors d’une partie de votre stage. Sa présence avait-elle pour objectif de renforcer la cohésion dans l’équipe belge en vue du rendez-vous arc-en-ciel ?
"Non, les choses sont plus simples que cela (sourire). Jasper est tout simplement un coureur avec qui je m’entends super bien. Nous avons d’ailleurs déjà effectué plusieurs stages en altitude ensemble au préalable. J’ai aussi partagé des entraînements avec Benoot, Campenaerts ou Bakelants en Italie. C’est plus sympa de ne pas toujours rouler seul. J’ai une très bonne relation avec plusieurs coureurs qui pourraient appartenir à la sélection, c’est vrai, mais ce qui est le plus important c’est que la cohésion soit globale et totale sur le prochain Mondial."
Pourrait-il, selon vous, encore y avoir une surprise dans la sélection que révélera Sven Vanthourenhout ce lundi ?
"Je vous assure que je ne connais pas à 100 % les choix du coach national. Je dialogue souvent avec Sven, je sais avec quelle idée il souhaite construire son équipe mais c’est bel et bien lui qui pose les choix. Sur le Tour du Benelux, plusieurs potentiels sélectionnables se sont par exemple mis en évidence. Ce qui est certain, c’est que je ne voudrais pas être dans la peau du sélectionneur… Il y a pas loin de vingt coureurs qui pourraient prétendre à intégrer la sélection pour le Mondial et il y aura forcément des déçus."
Sven Vanthourenhout a très vite affirmé que vous seriez le seul leader sur la course en ligne du prochain Mondial. Ce statut vous plaît-il ou considérez-vous que cela installe une pression supplémentaire sur vos épaules ?
"Je suis enchanté de la confiance que le sélectionneur m’accorde. Les choses sont d’ores et déjà claires pour tout le monde sur le plan tactique et cela m’apparaît important. Cela ne veut pas dire pour autant que les sept autres coureurs qui intégreront la sélection se mettront à plat ventre pour moi du premier au dernier kilomètre. Jasper (Stuyven) par exemple, s’il est à son meilleur niveau et encore présent dans la finale, possède aussi une belle chance de s’imposer."
La grande question aujourd’hui est de savoir si Remco Evenepoel doit intégrer ou non la sélection pour la course en ligne du Mondial. Quel est votre avis sur la question ?
"Si le but est de partir avec un seul leader, ce serait peut-être un peu bizarre de demander à un coureur comme Remco de faire l’équipier… C’est plus difficile de lui demander cela à lui qu’à un autre coureur plus habitué à ce rôle. Mais il est évident qu’avec ce qu’il a démontré sur ses dernières courses, il a prouvé avoir retrouvé un très haut niveau !"
Avez-vous été impressionné par ce qu’il a réalisé sur la course des raisins par exemple ?
"Oui et non. Tout le monde connaît ses capacités mais on ne s’attendait peut-être pas à ce qu’il retrouve ses jambes aussi vite après Tokyo."
Est-il important pour vous de pouvoir compter sur le soutien d’un équipier avec qui vous travaillez toute l’année comme Nathan Van Hooydonck lors du Mondial ?
"Nathan pourrait clairement être précieux, surtout avec la Vuelta dans les jambes. J’ai une grande confiance en lui, il sait comment me placer dans un peloton. Si la constitution de l’équipe n’appartenait qu’à moi, c’est donc un coureur que je sélectionnerais, oui."
Vous aviez soufflé lors du Tour de France envisager de faire l’impasse sur le chrono arc-en-ciel pour vous concentrer pleinement sur la course en ligne. Cette option a-t-elle longtemps habité votre esprit ?
"Les choses auraient été différentes si le chrono avait eu lieu le mercredi, comme autrefois, mais avec une semaine entre les deux épreuves, cela laisse le temps de bien récupérer. Ce n’est toutefois pas un secret d’avouer que je suis essentiellement focalisé sur la course en ligne. Je me suis d’ailleurs entraîné dans ce but lors de mon stage à Livigno en travaillant mon explosivité. Le chrono est très plat et ne correspond pas tout à fait à mes qualités, il faut donc que je sois réaliste par rapport à mes ambitions. Sur la course en ligne je dispose en revanche de différentes options, durcir la course sur la boucle d’Overijse et dans la finale ou miser sur mon sprint. Cela constitue un sérieux atout…"