L’horizon arc-en-ciel de Wout Van Aert
Le champion de Belgique a laissé filer un maillot bleu de leader qu’il n’a pas cherché à défendre à tout prix.
Publié le 07-09-2021 à 08h26
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Le ciel de Sherford avait beau être d’un bleu immaculé parfaitement raccord avec la couleur de son maillot leader du Tour de Grande-Bretagne, et le thermomètre flirter avec les 25°C dès la fin de la matinée, l’horizon de Wout Van Aert semblait déjà s’habiller lundi matin d’un voile arc-en-ciel. Très impressionnant la veille sur les hauteurs de Bodmin, le champion de Belgique n’a toutefois pas encore le pouvoir d’un cyclone qui aurait mêlé la pluie à un soleil qui rougissait un peu plus les trognes des spectateurs du comté de Devon. C’est juste que la perspective des prochains championnats du monde s’est invitée d’un bout à l’autre de sa journée.
Ravi d’une sélection dans laquelle "Remco pourrait faire peur"
Une demi-heure avant que le coureur de chez Jumbo-Visma ne descende du bus de sa formation pour aller signer la feuille de départ, Sven Vanthourenhout officialisait le nom des huit coureurs qui épauleront l'Anversois le 26 septembre sur la course en ligne du Mondial, entre Anvers et Louvain. "Sven m'avait informé de ses choix avant de rendre ceux-ci publics, confessait Van Aert. Nous posséderons une équipe extrêmement solide avec huit coureurs très solides. Si j'avais été le seul décideur de la sélection, j'aurais peut-être posé l'un ou l'autre choix différent comme celui de reprendre peut-être Nathan Van Hooydonck (NdlR : son équipier chez Jumbo-Visma), mais le coach national a dû poser des décisions difficiles. Sven (Vanthourenhout) a été très clair et tout le monde connaît la tactique que nous souhaitons mettre en place : je serai le leader. J'avais d'ailleurs dit moi-même que les coureurs qui accepteraient leur sélection valideraient par conséquent ce choix."
S'il avait confié en amont de ce Tour de Grande-Bretagne qu'il voyait difficilement Remco Evenepoel endosser un rôle d'équipier, le Brabançon fait pourtant bien partie de la sélection pour la course en ligne. "Je crois que Remco aussi connaît le plan de Sven mais sa présence dans l'équipe pourrait être un atout. Il a démontré qu'il était extrêmement fort ces dernières semaines et il pourrait faire peur à certaines autres nations. Le scénario tactique du Mondial pourrait être très contrôlé et il pourrait nous être nécessaire d'animer celui-ci à l'une ou l'autre reprise. Mais si je suis présent dans la finale, les choses sont limpides : c'est ma carte que nous jouerons."
En dépit du profond respect qu'il nourrit pour Philippe Gilbert et de la bonne relation qu'il entretient avec l'ancien champion du monde, l'Anversois ne s'étonnait pas vraiment de l'absence du Liégeois dans la sélection. "Phil, c'est un très grand nom du cyclisme belge qui a constitué une certitude pour de très nombreux Mondiaux, jugeait le médaillé d'argent de Tokyo. M ais aujourd'hui, il y a tout simplement des coureurs belges plus forts que lui. Je crois qu'il le comprendra d'ailleurs lui-même. Son expérience n'aurait-elle pas pu nous être précieuse ? Cet argument n'a visiblement pas été décisif dans le choix de Sven et je le comprends. Les coureurs de ma génération possèdent aussi un vécu solide."
Un maillot de leader qu’il n’a pas cherché à défendre
En prélude au départ d'un Tour de Grande-Bretagne qui constitue sa dernière épreuve avant les championnats du monde, Wout Van Aert avait tenu un discours clair : sa priorité est de se tester sur l'une ou l'autre étape. "Pour le général, on verra où j'en suis en milieu de semaine, mais cela ne constitue pas une priorité absolue. L'essentiel se situe plus loin dans le calendrier…"
Le scénario de la deuxième étape en a apporté une preuve incontestable puisque l’équipe Jumbo-Visma n’a jamais véritablement cherché à contrôler une échappée que l’Américain Carpenter a menée à bien et qui lui permit de déshabiller Van Aert de sa tunique de leader.
"Nous ne nous sommes pas mis à plat ventre pour reprendre les fuyards qui se sont révélés costauds, mais cela ne semblait pas être non plus une priorité pour de nombreuses autres équipes visiblement peu intéressées par la victoire d'étape, soufflait le triple vainqueur d'étape du dernier Tour de France, 22e à Exeter et désormais second du général à 22 secondes du coureur de l'équipe Rally. À la mi-course, nous avons pris plus souvent la tête du peloton afin de tenter de limiter l'écart sur le potentiel nouveau leader du classement général. Notre attitude est bien la preuve que le général n'est pas une absolue priorité. Nous verrons où j'en suis mercredi soir après une quatrième étape très difficile."
Un dernier chrono… par équipes avant le Mondial
Le contre-la-montre par équipes de 18,2 kilomètres tracé ce mardi au pays de Galles constituera pour Van Aert l'ultime occasion d'enfourcher son vélo de chrono en compétition avant la semaine arc-en-ciel. "C'est vrai, mais cet exercice que j'apprécie est tout de même très différent d'un contre-la-montre individuel. Les enseignements que je pourrai en tirer seront donc sans doute limités. Nous ne serons assurément pas les favoris ce mardi car nous avons dû procéder à deux changements avant le départ de l'épreuve et avons perdu Chris Harper en route (abandon lundi). À cinq ce sera donc un peu plus difficile encore…" Quentin Finné