Remco, le bronze qui vaut de l’or
La médaille de bronze décrochée par Evenepoel au chrono confirme son retour au tout premier plan.
Publié le 10-09-2021 à 09h01
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Il fallait entendre le vacarme que faisaient ses supporters quand il a embrassé Oumi, sa compagne ! Patrick, son papa, avait, lui, les yeux rougis de bonheur. Depuis que son fiston avait franchi la ligne d’arrivée, il n’avait pas cherché à masquer ses émotions. Arrivés quelques heures plus tôt en car de Schepdaal, les trente inconditionnels de Remco Evenepoel fêtaient sa troisième place du jour comme s’il avait gagné.
Mais c'est vrai que cette médaille de bronze avait le goût de l'or pour le jeune Brabançon. "C'est le meilleur résultat que je pouvais obtenir, répétera-t-il. Devant moi, j'ai deux monstres de l'exercice, deux gars qui sont beaucoup plus grands que moi. Sur un tel parcours, leur gabarit constituait un avantage."
Stefan Küng, le Suisse, dans la forme de sa vie, et Filippo Ganna, le champion du monde italien, étaient, en effet, injouables. "Ils m'ont mis 15 et 7 secondes. Sur aussi peu de kilomètres (22,4), c'est beaucoup", dira l'ancien champion d'Europe et vice-champion du monde de la discipline (2019).
C’est beaucoup, certes, mais Evenepoel a passé avec mention ce test grandeur nature. À l’exception de Wout van Aert, Primoz Roglic et Rohan Dennis, tous les cadors étaient là. Et ils ont pu constater que le format de poche de la Deceuninck - Quick Step est bien redevenu le coureur pétillant et confiant qu’il était avant sa chute d’août 2020.
Tout autre qu’aux Jeux
"Il est tout autre qu'aux Jeux, note Sven Vanthourenhout, qui conduisait déjà la délégation belge à Tokyo. Tout a changé. Pas seulement son niveau en course." Ce constat, l'intéressé le confirme sans problème : "Cela n'a plus rien à voir. Je suis mieux à tous points de vue : mental, physique…"
Tendu et sur ses gardes au Japon, il s'affiche souriant et pleinement détendu depuis le début de la semaine. Il fallait le voir, joueur, lors de la conférence de presse d'après-course. Il avait l'air minuscule à côté des géants Küng et Ganna. Pourtant, il prenait une place énorme par ses saillies verbales. "Ce n'est pas de ma faute si je ne suis pas aussi grand qu'eux, lança-t-il d'ailleurs à une assemblée transalpine sous le charme. Faut le dire à mes parents ! Ce sont eux qui m'ont fait si petit."
Il s’autoproclame favori pour dimanche
Sa taille constituera moins un handicap pour la course en ligne. Cette médaille de bronze l'incite même à voir grand. À peine descendu du podium, il n'hésita pas à s'autoproclamer favori pour dimanche. "Je vais pouvoir aborder cette course avec un bon sentiment. Maintenant, j'ai le droit d'y croire. On va donner le maximum avec l'équipe pour faire quelque chose de très bien. On peut rêver d'un podium et même du maillot (NdlR : de champion d'Europe). Le parcours me plaît beaucoup plus que celui du chrono."
Dimanche, il pourra, en outre, compter sur une équipe totalement à son service avec Philippe Gilbert en capitaine de route. "J'ai des raisons d'y croire", martèle-t-il.
Un bon signe à dix jours du chrono mondial
La cote d'Evenepoel a aussi grimpé à dix jours du contre-la-montre des Mondiaux, le 19 septembre prochain. "C'est sûr que je me dois d'avoir confiance en moi. Il y a un an, j'étais dans un ravin et, là, je me retrouve à lutter avec les meilleurs spécialistes du peloton. C'est très prometteur. Et je ferai vraiment tout pour répondre présent ce jour-là. La pression sur mes épaules, comme sur celles de Wout, sera immense, je le sais, mais je me sens prêt à y faire face. Nous retrouver à deux sur le podium, devant notre public, serait exceptionnel. C'est vrai que je tenais un discours similaire avant les Jeux olympiques mais, à ce moment-là, je n'en étais pas convaincu, je doutais beaucoup. Aujourd'hui, c'est beaucoup moins le cas. Cela fait quelques semaines que j'ai retrouvé davantage de puissance, que j'ai plus de force dans les jambes. Je ferai tout pour maintenir cette bonne forme jusqu'à dimanche, puis le suivant et encore celui d'après."
Remco Evenepoel ne nourrit aucune frustration de ne pas avoir gagné. Ça aussi, c’est nouveau. Au contraire : cette médaille de bronze lui a ouvert l’appétit et il veut continuer à engloutir tout ce qu’il peut à l’Euro, aux Mondiaux et au Tour de Lombardie. Hier, il parlait avec envie de la classique des feuilles mortes. Tout un symbole.