Remco Evenepoel en confiance à l'approche du Mondial: "Je suis de nouveau là"
Remco Evenepoel, d’abord très déçu, parvenait à voir le côté positif de sa deuxième place.
Publié le 13-09-2021 à 08h24 - Mis à jour le 13-09-2021 à 08h25
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Il a baissé la tête et frappé son guidon. De rage. Alors que les spectateurs italiens étaient dans le même état de transe que Sonny Colbrelli, le quatrième champion d’Europe italien d’affilée (!), il était tout à sa déception. Il faut dire qu’il était sans doute le plus fort. Dans la foulée d’une course parfaitement menée par ses équipiers, dont Campenaerts surpuissant et un Hermans excellent, Remco Evenepoel était sorti, comme il l’avait prévu, quand la route s’était élevée. Cela lui avait permis d’écarter pour de bon des gros clients, comme Tadej Pogacar. Seuls Benoît Cosnefroy et, surtout, Sonny Colbrelli furent capables de prendre sa roue. Et si le Français finit par exploser sous le rythme infernal imprimé par le Brabançon, le Transalpin lui colla aux basques jusqu’au bout.
"Je savais qu'il souffrait dans la montée, qu'il était à la limite, mais il s'est accroché", dira notre compatriote, qui eut quelques gestes de frustration en constatant que son adversaire ne prit aucun relais. Mais ce dernier en était incapable. "Il a fait la course qu'il devait, il mérite son succès", reconnaîtra, après coup, Evenepoel. "En arrivant à deux, je n'avais aucune chance. Je n'ai pas encore de sprint, mais ça viendra. Je vais travailler cela."
À dire vrai, Evenepoel n’a pas du tout à rougir de son résultat. Au contraire. Il a confirmé que la forme de ces dernières semaines est toujours bien là. Il repart de cet Euro avec deux médailles dans les valises, dont le bronze du chrono, portant le nombre total de breloques belges à cinq, après sa médaille de bronze au chrono, l’or de Segaert et l’argent d’Uijtdebroeks lors du contre-la-montre juniors et le titre de Nys en espoirs.
"Ces résultats me gonflent de confiance. Ils prouvent que je suis de nouveau là. C'est le plus important."Tous les signaux sont, donc, au vert à six jours du contre-la-montre des Mondiaux et à deux semaines de la course en ligne. "Van Aert a pu voir que je suis en pleine forme pour l'aider", lance le prodige de Deceuninck-Quick Step. "J'ai eu ma chance ici et je l'ai presque saisie. Maintenant, je suis prêt à me mettre à plat ventre pour Wout."
Sven Vanthourenhout ne dira pas autre chose. Le sélectionneur belge se réjouit de voir une équipe aussi compétitive. "Dylan Teuns a souffert de la chaleur, ce que je ne m'explique pas. Mais, dans l'ensemble, tout le monde est au niveau attendu au sein de la sélection pour les Mondiaux. À commencer par Victor Campenaerts. Il a fait une course bestiale. Il se surprend lui-même en devenant un tout autre coureur. Je pense qu'il était dans les cinq plus forts du jour."
Un bras d’honneur de frustration
Dans le chef de Remco, son grand numéro dans le Trentin a également montré qu'il était déjà prêt pour le Tour de Lombardie. S'il refuse de se fixer des objectifs trop élevés, il pourrait tenir un rôle en évidence lors de la Classique des feuilles mortes. "Cela fait du bien d'être de retour. J'aurais voulu gagner, mais, dans la vie, on ne peut pas toujours avoir ce que l'on veut."
Cette phrase sage ne l’a pas empêché d’avoir un geste déplacé à l’encontre d’un spectateur à qui il adressa un bras d’honneur, alors qu’il récupérait, assis par terre. Il devra apprendre à se contenir et à ne pas manifester sa mauvaise humeur d’une telle façon s’il veut se défaire d’une réputation naissante de sale gamin.
Colbrelli : "J’avais une énorme pression"
Les championnats d’Europe réussissent bien aux Italiens. Après Matteo Trentin, Elia Viviani et Giacomo Nizzolo, Sonny Colbrelli a prolongé le règne transalpin en battant Remco Evenepoel au sprint.
"C’est incroyable, une victoire fantastique. Je n’avais pas de très bonnes sensations en début de course mais ça a été mieux par la suite. Je suis d’autant plus heureux que j’avais une énorme pression sur les épaules"
, dit celui qui devient un client pour les championnats du monde.
"Dans la dernière montée, Remco mettait un rythme d’enfer et je souffrais. Mais je savais que si je basculais avec lui, ça irait."
Cosnefroy : "Remco m’a tué
Benoît Cosnefroy fait un très beau troisième. Le Français a décroché le meilleur résultat possible, selon ses dires. Il a été impressionné par Remco Evenepoel. Et pour cause :
"Quand il a accéléré, au train, dans la montée, j’étais à bloc. Et j’ai été incapable de le suivre. J’étais complètement épuisé. Remco m’a tué. J’ai rarement vu un truc pareil. Quelle puissance ! J’ai mis du temps à m’en remettre. Heureusement, j’ai fini par retrouver mon souffle et à aller chercher cette troisième place."
Philippe Gilbert : "Ma chaîne s’est bloquée"
Philippe Gilbert gardera un mauvais souvenir de cet Euro. Après une heure de course à peine, il a été victime d’un ennui mécanique.
"Ma chaîne s’est bloquée. J’ai perdu un temps fou à essayer de la remettre. C’est vraiment râlant"
, dit-il à l’arrivée, avant de prendre la direction de Monaco, afin d’oublier cette déconvenue.
"À ce moment-là, le peloton roulait à bloc. Et comme ça avait déjà attaqué, il m’était impossible de revenir."
Du coup, il a quitté la course avant son terme. Frustré. Non sans résumer la course de Remco Evenepoel : "Il a été impressionnant et sans doute le plus fort. Mais Sonny Colbrelli est également dans une forme éblouissante. L'Italien mérite son titre parce qu'il a fait une course intelligente."