Museeuw préface un Paris-Roubaix qui s'annonce pluvieux: "Les cyclocrossmen auront un avantage énorme"

Dont une qui a failli ruiner sa carrière, avec sa fracture de la rotule subie à cause d’une gamelle sur les pavés glissants de la Tranchée de Wallers-Arenberg, en 1998. Il se réjouit de voir revenir au calendrier l’Enfer du Nord, ce dimanche. Et préface le duel annoncé entre Wout Van Aert et Mathieu van der Poel.

1.Le contexte automnal

"Ce Paris-Roubaix va être très spécial. Avec cette date particulière, en automne. Et plus dans son environnement du printemps, au milieu des classiques. Quand Paris-Roubaix arrive en avril, une semaine après le Tour des Flandres, tout le monde est en forme, c’est le cœur des grandes courses d’un jour. C’est totalement différent ici. Nous sommes en fin de saison. Pour de nombreux coureurs, ce sera d’ailleurs leur dernière course de la saison, car ils n’iront pas au Tour de Lombardie. Mentalement, c’est aussi une approche différente. Et puis, il y a le facteur de la météo. Il ne fait pas encore très froid, mais il y aura la pluie, la boue. La mousse, aussi, sur les pavés, avec une plus grande humidité. Cela va les rendre plus glissants que d’habitude."

2.Avantage énorme aux cyclocrossmen

"Dans ce contexte, tous ceux qui ont un passé de cyclocross vont avoir un avantage énorme au niveau du pilotage sur les pavés humides, mouillés, glissants. Wout Van Aert et Mathieu van der Poel sont dans ce cas. Ils savent et ils sentent à quelle vitesse ils peuvent aborder une courbe, un virage ou les pavés. Mais attention, même les as techniques peuvent chuter…"

3.Van Aert et VDP en forme mais pas à 100 %

"Pour leur dernière course sur route de la saison, ils voudront saisir cette opportunité. Ils ont tous les deux derrière eux une saison réussie. Mais Paris-Roubaix a un attrait spécial pour eux, avec leur goût pour les pavés. Ils sont très motivés. Ils sont dans leur troisième pic de forme de la saison, qui a été longue pour eux deux. Le troisième pic de forme est généralement le moins bon. Van Aert était d’ailleurs moins bien au dernier Championnat du Monde. Mathieu van der Poel revient aussi de ses problèmes de dos. Ils sont donc en forme, mais pas à 100 % je pense. Ils restent favoris, mais il n’y a pas qu’eux. Ils ont beaucoup donné sur tous les fronts. Je pense qu’ils devront à l’avenir couper quelque chose dans leur programme qui comprend la route avec un pic pour les classiques, un autre pour le Tour de France et encore un autre pour la fin de saison. Et il faut ajouter leur pic pour le cyclocross ou le VTT pour Mathieu. Ils sont jeunes, mais je ne sais pas s’ils sauront tenir comme ça encore de nombreuses années."

4.La découverte de van der Poel

"Mathieu van der Poel va découvrir cette course. Mais je ne pense pas que ce sera forcément un désavantage pour lui. Il a reconnu le parcours, il a l’habitude des pavés, il est fort techniquement et physiquement. Il aime ce type d’épreuve. Et il est capable d’y faire quelque chose. Même sans expérience, il peut gagner. Il a un bon bloc Alpecin-Fenix autour de lui, avec des Vermeersch ou Vergaerde. Son équipe me semble mieux armée pour les classiques que celle de Wout, qui cherche d’ailleurs à se renforcer pour ce terrain l’an prochain avec les arrivées de Laporte et van der Sande."

5.Ce ne sont pas les seuls favoris

"Wout et Mathieu sont des favoris. Mais je pense qu’ils ne sont pas assez affutés pour qu’ils puissent lâcher tout le monde quand ils attaquent, comme au Tour des Flandres. Il y aura d’autres clients qui iront rivaliser avec eux. Comme Florian Sénéchal, en grande forme, il est dans l’euphorie d’avoir aidé Alaphilippe à gagner le Championnat du Monde et il adore cette course. Il sera dans le solide bloc des Deceuninck-Quick Step avec les Lampaert, Asgreen, Stybar… Attention aussi à Mads Pedersen, mais aussi à Sep Vanmarcke, qui m’a l’air encore bien frais à cette période de l’année alors que de nombreux autres sont émoussés. Je pense donc que cela va être un Paris-Roubaix plus ouvert que d’habitude."