À bout de souffle en cette fin de saison, Wout Van Aert doit-il mieux cibler ses objectifs à l'avenir ?

Désigné comme favori de l'Enfer du Nord avec Mathieu van der Poel et les coureurs de l'équipe Deceuninck-Quick Step (Lampaert, Asgreen, Stybar et Sénéchal), le champion de Belgique a semblé subir les événements dès la Trouée d'Arenberg.

Trop loin à l'entrée de ce premier secteur pavé cinq étoiles de la course, le Belge a pris une cassure et a dû fournir un gros effort pour rentrer. S'il est parvenu à revenir une première fois sur le groupe de Mathieu van der Poel et Sonny Colbrelli, ce ne fut que de courte durée. Mal placé au moment de l'attaque du Néerlandais à 70 kilomètres de l'arrivée dans le secteur 15 de Tilloy à Sars-et-Rosières, il n'a pas pu faire l'effort et n'a jamais semblé en mesure d'inverser la tendance même si l'écart n'a jamais dépassé 1'20" par rapport au groupe du coureur d'Alpecin-Fenix.

Finalement septième sur la ligne, Van Aert n'a pas eu la force de sprinter pour une place d'honneur dans le vélodrome. Le constat est simple : le leader de la Jumbo-Visma n'a plus de jus après une longue saison qui avait déjà commencé dans les labourés l'hiver dernier. Après une courte pause mais surtout un de ces nombreux stages en altitude dont il est friand pour préparer ses objectifs, Van Aert a repris sur les Strade Bianche début mars et il n'a quasiment plus arrêté jusqu'à l'Enfer du Nord, à l'exception d'une pause forcée en mai en raison d'une appendicite et d'un second moment de repos après les JO.

L'année 2021 du champion de Belgique a été prodigieuse. Avec des victoires sur Gand-Wevelgem et l'Amstel Gold Race au printemps, trois étapes du Tour de France et une médaille olympique en été et une médaille mondiale sur le contre-la-montre en automne.

Une fin de saison amère

Mais les gros objectifs de sa fin de saison n'étant pas atteints (le Mondial et Roubaix), cela va laisser un petit goût amer au coureur de l'équipe Jumbo-Visma. Pourtant, ce dernier semblait au-dessus du lot il y a quelques semaines à peine sur le Tour de Grande-Bretagne qu'il a enlevé avec quatre victoires d'étapes. L'épreuve britannique devait servir d'ultime préparation à Van Aert en vue de ses deux grands objectifs de fin de saison.

Mais cette envie de tout gagner qui le caractérise lui a peut-être joué des tours. Là où un Julian Alaphilippe s'est préparé discrètement en choisissant ses étapes et en calculant ses efforts en fonction du championnat du monde à venir, le Belge a roulé les huit étapes à fond. Si une victoire au classement général du Tour de Grande-Bretagne est toujours bonne à prendre, elle n'est en rien comparable à un sacre mondial ou dans l'Enfer du Nord.

Le raccourci est sans doute un peu rapide entre les efforts (trop nombreux) fournis sur le Tour de Grande-Bretagne et ses jambes plutôt moyennes au Mondial et à Roubaix. Mais le fait est que le Belge était dans une bien meilleure condition sur l'épreuve qui était censée l'amener au top de sa forme.

Ce constat peut également être fait au printemps : Van Aert a fait énormément d'efforts sur Tirreno-Adriatico, qu'il a terminé en seconde position, enlevant deux étapes. Mais lors des classiques et plus particulièrement du Tour des Flandres, l'Anversois a également accusé le coup.

Van Aert va désormais recharger les batteries et prendre des vacances bien méritées après une année folle qui a confirmé son ascension vers les sommets. Le regard tourné vers 2022, le Belge doit désormais mieux cibler ses objectifs plutôt que de courir après tous les prix s'il veut pouvoir remporter les deux courses de son coeur: le Tour des Flandres et Paris-Roubaix.