Danny Van Poppel n'avait pas réalisé sa victoire à Binche: "J’ai pensé : 'Pourquoi hurlent-ils autant pour une 3e place ?'"
Sans le savoir, Danny Van Poppel a offert à son équipe un de ses plus beaux succès.
Publié le 06-10-2021 à 08h21 - Mis à jour le 06-10-2021 à 08h22
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Dans l’histoire, longue d’une douzaine d’années de l’équipe Intermarché-Wanty Gobert Matériaux, il y a eu quelques succès ou moments importants qui sont passés dans les annales de la formation wallonne. Danny Van Poppel, victorieux pour la deuxième fois à Binche, ne le mesure sans doute pas totalement, mais sa victoire est de la trempe du triomphe d’Enrico Gasparotto à l’Amstel Gold Race, de celle de Loïc Vliegen au Tour de Wallonie ou de la victoire de Taco Van der Hoorn au Giro et du maillot rouge de leader de la Vuelta porté par Odd Eiking.
Plus importante d’un point de vue affectif encore, car le Néerlandais a offert aux dirigeants et sponsors de sa formation une émotion intense et il aura permis aux Binchois de vivre avec quelques mois de retard (ou d’avance) un moment fort digne du Carnaval, annulé l’hiver dernier.
Jamais encore, un coureur de l’équipe n’avait triomphé, sur les terres mêmes de la société Wanty et l’on comprend mieux pourquoi, une fois que le fils cadet de Jean-Paul eut franchi en vainqueur la ligne d’arrivée, une sorte de frénésie collective s’est emparée de la plus grande partie du public. Depuis le retour de la course au calendrier, en 2010, l’équipe de Jean-François Bourlart a toujours été présente. Elle évoluait alors au niveau continental (D3) et le premier des siens, James Vanlandschoot, avait fini 33e. Au fil des ans, les résultats ont progressé jusqu’au podium de Tom Devriendt, 3e en 2017.
"Je suis très heureux, pour moi, pour l'équipe, les sponsors et pour "Lulu" (NdlR : son équipier Ludwig De Winter)", a confié le Néerlandais. "Je me suis retrouvé tout seul un peu sans le savoir, en ayant accéléré dans la dernière côte. J'avais gagné un peu de la même manière en 2018. J'ai vu que j'avais creusé un bel écart et j'ai poursuivi mon effort, mais je pensais qu'il y avait encore deux coureurs échappés. J'ai pensé : 'Pourquoi les gens hurlent-ils autant pour une troisième place ?' Si j'avais su que je gagnais, j'aurais offert une plus belle photo de ma victoire (rires). Je sais que pour Intermarché-Wanty-Gobert, cette course est comme le Mondial."
Meilleur coureur de l’équipe belge cette saison, Danny Van Poppel a cumulé les places d’honneur (23 top 10, dont dix podiums) et s’offre un deuxième succès après l’Egmont Cycling Race.
"C'est un beau cadeau d'adieu à l'équipe et aux sponsors, pour qui la période du coronavirus n'a pas été évidente, c'est grâce à eux que j'ai pu retrouver l'envie de courir et de relancer ma carrière après des saisons difficiles, je ne l'oublie pas ", a-t-il terminé.
"Danny s’est battu pour nous jusqu’au bout"
Comme tous les membres et sponsors de l’équipe, Jean-François Bourlart, le manager d’Intermarché-Wanty Gobert Matériaux, n’a pu masquer sa joie après le succès de Danny Van Poppel.
"On avait déjà connu le podium et vu Timothy Dupont enlever la Coupe de Belgique, ici à Binche, mais là, passer la ligne seul et en vainqueur, c'est encore mieux", souriait le patron de la formation hennuyère. "C'est extraordinaire pour notre sponsor historique, Wanty, mais aussi pour Laurent Devin, le bourgmestre de Binche, qui est un amoureux du vélo. Danny était fort, il aurait pu attendre le sprint, mais, comme il restait des gars rapides dans le groupe, comme Cavendish, il est sorti au bon moment. C'est magnifique."
Pour l’équipe, qui a intégré le WorldTour cette année, le début de saison avait été compliqué, mais la deuxième partie a consacré la progression du groupe sportif wallon, désormais 16e formation du classement mondial.
"On finit très fort, nous avons fait une grande saison", poursuivit Bourlart. "Les débuts en WorldTour ont été compliqués, nous le savions, mais le Giro puis le Tour ont été les déclics."
L’an prochain, le coureur néerlandais ne portera plus le maillot de l’équipe belge, puisqu’il a signé un contrat avec Bora-Hansgrohe.
"Il s'en va, c'est dommage, c'est le coureur qui a le plus de points chez nous", poursuit le manager. "Mais c'est normal, dans sa carrière, un coureur a l'occasion de faire une ou deux fois un 'coup' financier. Je retiens que Danny a été super-professionnel, il s'est battu pour nous jusqu'au bout, une fois qu'il avait son contrat signé, il aurait pu lever le pied, ce fut tout le contraire. Il est resté motivé jusqu'ici, il savait que c'était important pour l'équipe, que nous étions 'à la maison' et il est venu gagner pour ses sponsors. Il fait une fin de saison extraordinaire, je retiendrais cela de lui. "
De Winter, le rondeau final
Déjà fêté au départ, Ludwig De Winter a été spécialement honoré après l'arrivée. L'enfant du pays a profité de "son" Binche-Chimay-Binche pour tirer sa révérence et mettre un terme à sa carrière. Il l'a fait avec le sourire et en tenant à terminer la course sous les ovations, bien méritées, du public local. Attendu sur la ligne par toute sa famille et ses amis binchois, Lulu a reçu un accueil que n'aurait pas dédaigné un empereur romain. "J'avais de bonnes sensations aujourd'hui", expliqua le coureur hennuyer. "Malheureusement, une crevaison a ruiné mes espoirs de bon résultat, mais je ne retiens que du positif de la journée avec cette magnifique victoire de Danny. Le public m'a donné des ailes, c'était formidable. "