Wout Van Aert: "Je ne veux pas être trop fort, trop tôt"
Wout Van Aert ne veut pas passer à côté de son objectif de Monument. Cela nécessite certaines adaptations.
Publié le 12-01-2022 à 09h15
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La grisaille et quelques gouttes de pluie se sont invitées sur la côte espagnole. Dans l’anonymat le plus complet, aussi car l’accès à l’hôtel de l’équipe relève du parcours du combattant, Jumbo-Visma prépare la saison à venir. Pour briller sur tous les terrains, la formation néerlandaise a notamment recruté Christophe Laporte, Tiesj Benoot et Tosh Van der Sande pour épauler Wout Van Aert sur les classiques. Avec une telle armada, qui n’a rien à envier à la machine Quick-Step Alpha Vinyl, le Campinois n’a pas vraiment le droit à l’erreur compte tenu de son statut sur les épreuves phares du calendrier.
Wout Van Aert, vous avez terminé votre saison de cyclo-cross tel un raz de marée. Avez-vous encore de l’énergie ?
"Il est clair que je n’ai pas beaucoup dormi dans la nuit de dimanche à lundi car je devais effectuer le déplacement vers l’Espagne. Mais je me sens prêt à tourner le bouton et me consacrer à mes objectifs sur route."
Quel bilan tirez-vous de la saison dans les labourés ?
"D’un point de vue sportif, il est excellent. Je ne pouvais pas faire mieux. Mais vous me connaissez, vous savez que je suis un compétiteur et je dois bien vous avouer que la rivalité avec Mathieu (van der Poel) m’a beaucoup manqué. Il y avait un manque d’adversité même si toutes ces épreuves valaient largement des entraînements pour la route. J’aurais bien aimé participer au Mondial mais c’est aux États-Unis et cela était utopique. L’année prochaine, ce sera à Hoogerheide, c’est plus proche de chez moi, donc nous verrons bien."
Votre saison sur le bitume débutera par le Circuit Het Nieuwsblad avant Paris-Nice. Certains s’étonnent de vous voir à la Course au soleil et non aux Strade Bianche…
"Je ne peux pas le cacher, j’apprécie particulièrement les Strade mais j’ai choisi Paris-Nice dans le but de préparer la suite de la saison. En fait, je ne veux pas être trop fort, trop vite. Car cela pourrait me jouer des tours pour la suite de la saison."
Pour un compétiteur comme vous, vous acceptez donc de ne pas jouer la gagne à Paris-Nice ? Est-ce vraiment possible ?
"Il le faut. C’est extrêmement complexe d’adopter une attitude attentiste et ne pas nécessairement jouer les premiers rôles mais la dernière saison m’a permis d’en apprendre davantage sur la gestion de mon programme. Je pense que c’est la meilleure chose à faire pour préparer les classiques."
La saison passée, vous n’avez pu remporter un Monument. Vous ne vous en cachez pas, c’est votre grand objectif ?
"Tout à fait. Je veux remporter moins de courses mais davantage de grandes épreuves. En 2021, j’ai remporté de belles courses, je ne dis pas le contraire mais il me manquait toujours un peu de force et de fraîcheur sur les plus belles courses du calendrier. Gagner un Monument est l’objectif de ma saison. Ne pas réussir cette mission constituerait évidemment une énorme déception pour le coureur affamé de succès que je suis."
Vous considériez être en méforme en fin de saison 2021 ?
"J’étais en forme mais mentalement, c’est difficile d’être aussi frais en fin de saison. Aux Mondiaux et à Paris-Roubaix, ma condition physique était excellente."
En 2021, vous manquiez aussi de support à vos côtés sur les classiques. Cette année, ce n’est plus le cas avec les arrivées de Laporte, Benoot et Van der Sande…
"La saison dernière, nous avons joué de malchance avec certaines blessures, notamment celle de Mike Teunissen. Les circonstances étaient plutôt défavorables. Cette saison, je ne peux me plaindre des coureurs recrutés par l’équipe. Je ne connaissais pas personnellement Christophe Laporte, au contraire de Tiesj Benoot et Tosh Van der Sande. J’ai pu rouler à plusieurs reprises avec Tiesj en sélection et cela fonctionne à merveille entre lui et moi. Il ne faut pas oublier qu’il a les qualités pour lui aussi remporter une classique flandrienne. Christophe aussi d’ailleurs. Il a déjà prouvé par le passé être redoutable durant le printemps (NdlR : le Français s’est notamment classé deuxième à ‘À travers la Flandre’ en 2021)."
Vu votre statut au sein de l’équipe, vous étiez en droit de demander du renfort !
"On a décidé ensemble, avec le staff, à vrai dire. Notre équipe devra assumer son rôle durant le printemps, c’est un fait. Mais cela ne nous fait pas peur. J’attends aussi beaucoup des autres coureurs de classiques, pas uniquement les renforts."
Une interrogation persistait concernant l’Amstel. Vous défendrez bien votre titre finalement…
"On a réfléchi mais il n’était pas question pour moi de ne pas y aller. L’Amstel se trouve entre le Tour des Flandres et Paris-Roubaix (NdlR : l’Enfer du Nord a été déplacé en raison de la présidentielle en France), mais il n’était pas envisageable de ne pas courir entre les deux épreuves. J’espère avoir un pic de forme de Milan-Sanremo à Roubaix."
Ces derniers temps, vous êtes au centre des discussions suite à votre divergence d’opinions avec Evenepoel. Selon Remco, on se rapproche d’une "réconciliation", vous confirmez ?
"Oui. Comme l’a dit Remco cette semaine, on va se voir pour mettre les choses au point. Ce ne sera pas pour tout de suite car nous avons tous les deux un programme chargé mais nous espérons pouvoir nous rencontrer dans quelque temps. Mais arrêtons d’épiloguer sur ce fait…"