Remco Evenepoel débute sa saison avec ambition mais sans pression: "Je ne paniquerai pas si je ne gagne pas"
C’est l’heure de la rentrée pour un Remco Evenepoel très serein et toujours ambitieux.
Publié le 01-02-2022 à 22h55
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Certains ont déjà repris le collier. Ils ont pris leurs places sur les bancs de l’école. Pour Remco Evenepoel, la sonnerie va retentir ce mercredi sur le coup de 13 h. Il s’est préparé comme un bon élève studieux, jurant avoir laissé de côté les sautes d’humeur qui lui ont valu quelques voyages dans le bureau du proviseur. Cette fois, le jeune Brabançon, 22 ans depuis le 25 janvier, a mis sa plus belle tenue. Il a rempli son cartable de bonnes intentions. Il a, surtout, pu suivre le même programme que ses petits camarades. Et ça, c’est une immense nouvelle quand on se souvient quelle était sa situation il y a 12 mois.
Certes, il aurait aimé retrouver ses copains de jeu fin janvier au Tour de San Juan, mais la pandémie en a décidé autrement. Et la course argentine ayant été annulée, il s'est rabattu sur le Tour de Valence pour "voir où il en est", comme nous a glissé Patrick Lefevere, son protecteur chez Quick-Step Alpha Vinyl.
Remco, qu’avez-vous fait ces dernières semaines ?
"J’ai effectué la préparation que je voulais. Après un peu de repos, j’ai pu travailler tout l’hiver avec l’équipe. Et ça, pour moi, c’est nouveau. L’an dernier, à la même époque, je me contentais d’exercices en piscine. Pouvoir enchaîner les sorties et les stages avec les gars, c’est beaucoup plus sympa que s’entraîner tout seul. On a essayé ça cette année et j’en suis très content. Là, on vient d’Algarve, où j’ai effectué un travail spécifique pendant une semaine."
À quelle course vous attendez-vous à Valence ?
"Ce sera une course très relevée, je pense. Il y a aura des difficultés dès le premier jour. Et j’ai l’impression qu’il y aura du niveau. Certains gars viennent de Majorque, comme les Movistar. Ils sont en forme. En tout cas, je me réjouis d’en découdre. J’ai hâte."
En quoi est-ce important de reprendre la compétition après de longues semaines d’entraînement ? Vous devez être impatient…
"À un moment donné, tu commences à être nerveux. Tu sens que tu es prêt à passer aux choses sérieuses. Je suis heureux d’être à Valence. Il fait beau, ça va être bien pour la course."
Avec quelles ambitions abordez-vous votre première course de l’année ?
"Je suis bien. Donc, si j’en ai l’occasion, j’essaierai quelque chose. Surtout lors des première et troisième étapes. J’aimerais pouvoir me mêler à la lutte pour le classement général. Cela dit, je ne paniquerai pas si je ne gagne pas. Je suis plus focalisé sur le Tour d’Algarve. Ici, c’est ma course de rentrée."
Vous parlez de l’étape de ce mercredi et de celle de vendredi. Vous les avez reconnues ?
"La première, non. Mais elle s’achève par une montée difficile (NdlR : 4,6 km à 6,9 % de moyenne) où on peut faire des écarts. Celle de vendredi, nous l’avons faite, mais pas jusqu’au bout parce qu’il y avait des barrières. Ce sera quelque chose de très spécial."
On parle là d’une ascension de 5,4 km à 10,2 % de moyenne, avec un passage à 18 % et une portion de 1,7 km sur des chemins empierrés.
"Oui, ce sera encore un terrain propice au mountainbike ! Ce sera spectaculaire et ça ne me fait pas peur."
En quoi est-ce important pour vous de gagner très tôt dans la saison ?
"Ça met toujours en confiance. Mais il est plus important d’avoir des bonnes sensations. C’est avant tout ce que je viens chercher ici. N’oubliez pas que Mattia Cattaneo est aussi capable de jouer le classement général !"
Estimez-vous que ce Tour de Valence peut vous servir dans l’optique du Tour d’Espagne, votre grand objectif de l’année ?
"Oui. Cela va me permettre de me familiariser aux spécificités des courses espagnoles, les routes et les montées. Et puis, j’aime l’Espagne. Ce pays me réussit assez bien, non ? J’y ai déjà gagné deux courses (NdlR : la Clásica San Sebastián et le Tour de Burgos)."
Vous dites être devenu plus mature cet hiver. En quoi étiez-vous immature ?
"J’exprimais trop ma jeunesse dans des moments de grande nervosité. Je faisais des gestes, des mouvements de mauvaise humeur inutiles. Je tenais des propos qui n’étaient pas nécessaires. Ces derniers temps, j’en ai beaucoup parlé avec mes parents, ma copine, mes amis. Maintenant, j’essaie de rester plus calme et je pense y parvenir."
"Nadal est mon idole"
"Je n’ai pas pu suivre le match en direct parce que nous étions à l’entraînement. Heureusement, j’ai pu m’arranger pour en voir un large résumé dans la soirée. Ce qu’il a fait est tout bonnement incroyable."
Comme tout le monde, Remco Evenepoel est resté sans voix face à l’exploit de Rafael Nadal, vainqueur, dimanche, de l’Australian Open après avoir remonté un débours de deux sets.
"Il a encore mis en avant ses immenses qualités mentales et son expérience des grands rendez-vous. Franchement, je l’adore."
Et quand on lui demande où il situe l’Espagnol par rapport à Roger Federer et Novak Djokovic, les deux autres titans de la petite balle jaune, le jeune Brabançon répond sans hésiter :
"Pour moi, il est le meilleur tennisman du monde. J’en suis fan. Nadal est mon idole. Petit, j’avais un poster de lui dans ma chambre."
"Remco est le grand favori"
C’est l’effervescence aux Alqueries, petite localité au nord de Valence. C’est de là que s’élancera ce mercredi la 73e édition du Tour de Valence, événement sportif qui fait partie du patrimoine de cette Communauté autonome.
Angel Casero et son équipe sont en affaire depuis de nombreuses semaines. Comme chaque année. Sauf que, cette fois, l'épreuve dirigée par l'ancien vainqueur de la Vuelta (en 2001) peut s'enorgueillir d'un plateau royal. "L'annulation du Tour de San Juan, qui aurait dû débuter fin janvier, a constitué une aubaine pour nous, explique-t-il. N'ayant pu se rendre en Argentine, beaucoup de coureurs seront au départ de notre course. Je ne peux que m'en féliciter."
Parmi ces cyclistes, il y a donc Remco Evenepoel. Dont Casero ne dit que du bien. "Il suscite énormément d'attention. Sa présence a poussé de nombreux médias belges à solliciter une accréditation. C'est normal avec ce qu'il a réussi à son âge. C'est bien car cela met notre épreuve en lumière."
Une chance dont notre interlocuteur veut se servir pour plaider sa cause auprès de l'UCI. "À moyen terme, nous espérons intégrer le calendrier World Tour." Pour l'heure, le Tour de Valence est de catégorie 2.ProSeries.
Un chemin empierré
Si le parcours est, dans l’absolu, assez similaire aux éditions précédentes, il recèle une nouveauté lors de son étape reine, la troisième, vendredi.
Entre Alicante et Antenas del Maigmo, dont le sommet est situé à 1 176 mètres d'altitude. "Il s'agit d'un mur de 5 bornes à 10 % de moyenne, avec un passage à 18 %", détaille Casero. "Ça va être d'autant plus spectaculaire qu'une partie de chemin est empierrée. Je pense qu'il y aura du spectacle."
Si cette montée très raide demandera beaucoup d'explosivité, notre interlocuteur estime, néanmoins, que Remco Evenepoel a tout pour briller sur cette course. "Avec des étapes vallonnées et de la montagne, ce Tour a tout pour lui convenir. Je fais même de Remco le grand favori à la victoire finale."
Voilà qui est dit !